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Qui langue a, à Rome va.

 

La langue lui démangeait d’avoir du la tourner tant de fois dans sa bouche.Il la tenait si bien aussi qu’un bœuf semblait s’y être posé. L’avalant pour ne pas la perdre dans un monde où ses coups assassinent, la gardant aussi pour ne point la mordre. Oeil hardi et langue dorée, de la tirer, il s’est enfin décidé. Dorée et bien pendue, et non plus dans sa poche, pour dire à son Mentor qu’il ne le fut jamais.Qui langue a, à Rome va…

Une éducation politique.

 

 

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Mes pages :

 

Un jour, j’ai compris que la lecture de Stendhal ( je pense à « Lucien Leuwen » ) et de Flaubert ( notamment cette « éducation sentimentale » ) étaient plus éclairantes que l’essentiel de l’édition sociologique contemporaine, le style en plus… Cette courte page en témoigne…

  

Flaubert : l’Education sentimentale

  

« C’était une succursale intime de la rue de Poitiers. Il y rencontra le grand M. A., l’illustre B., le profond C., l’éloquent Z., l’immense Y., les vieux ténors du centre gauche, les paladins de la droite, les burgraves du juste− milieu, les éternels bonshommes de la comédie. Il fut stupéfait par leur exécrable langage, leurs petitesses, leurs rancunes, leur mauvaise foi, −− tous ces gens qui avaient voté la Constitution s’évertuant à la démolir ; −− et ils s’agitaient beaucoup, lançaient des manifestes, des pamphlets, des biographies ; celle de Fumichon par Hussonnet fut un chef−d’oeuvre. Nonancourt s’occupait de la propagande dans les campagnes, M. de Grémonville travaillait le clergé, Martinon ralliait de jeunes bourgeois. Chacun, selon ses moyens, s’employa, jusqu’à Cisy lui−même. Pensant maintenant aux choses sérieuses, tout le long de la journée, il faisait des courses en cabriolet, pour le parti.

 

M. Dambreuse, tel qu’un baromètre, en exprimait constamment la dernière variation. On ne parlait pas de  Lamartine sans qu’il citât ce mot d’un homme du peuple :  » Assez de lyre !  » Cavaignac n’était plus, à ses yeux, qu’un traître. Le Président, qu’il avait admiré pendant trois mois, commençait à déchoir dans son estime (ne lui trouvant pas  » l’énergie nécessaire  » ) ; et, comme il lui fallait toujours un sauveur, sa reconnaissance, depuis l’affaire du Conservatoire, appartenait à Changarnier :  » Dieu merci, Changarnier. Espérons que Changarnier… Oh ! rien à craindre tant que Changarnier… « 

 

On exaltait avant tout M. Thiers pour son volume contre le Socialisme, où il s’était montré aussi penseur qu’écrivain. »

La mauvaise foi.

 

« Mind the gap ! » Combien manque-t-il dans les caisses des 27 pays de l’Union européenne pour assurer une pension décente à des salariés qui vont prendre leur retraite entre 2011 et 2051 ? 1.900 milliards d’euros ! 243 pour la France, soit 17 % du PIB de l’année 2010. 380 milliards d’euros (l’équivalent de 26 % du PIB 2010) pour les britanniques, et 470 pour les Allemands (24 % du PIB 201. Le Français a donc tout intérêt à épargner 8 000 euros par an pour compléter sa retraite future. Le Britannique 12.300 euros et l’Allemand 11 600 euros par an… Question : que faire ? Noyée dans un océan de déficits, la France n’a pas d’autre choix que de rechercher, sur un sujet qui engage l’unité de son corps social, le consensus de tous ses représentants.Mais, comme toujours, et conformément à son génie historique, à l’inverse de nos voisins européens, c’est dans l’hystérisation du collectif national que ses élites ont décidé de plonger dans le cynisme espoir d’en tirer quelques dividendes électoraux, en 2012. Et avec toute la mauvaise foi propre à ces acteurs du théâtre politique toujours habiles à susciter la peur et la compassion pour assurer leurs recettes. Surjouant leur rôle de marchands d’illusions, faisant semblant d’être ce qu’ils sont, incarnant leur personnage jusqu’à en devenir esclave et ne plus pouvoir en sortir. A la manière d’un garçon de café prisonnier de sa posture…

Edward Hopper et l’éloge du rien.

Les toiles d’Hopper m’ont toujours fasciné. Et les commentaires érudits sur son œuvre toujours déçus. Exclusion, mélancolie, aliénation reviennent sans cesse. Surtout sous la plume de critiques français, qui ne voient , chez Hopper, que le peintre d’une société américaine par essence plate, froide et opprimante. Comme si le silence, la tension, l’exclusion, voire la mélancolie qui enveloppent ses personnages étaient le propre d’un pays, d’une époque. Comme si George de la Tour, Goya, Munch… , en d’autres temps et d’autres espaces, n’avaient pas, eux aussi, tentés de cerner ce qui réside au plus profond de nos consciences : la solitude et l’attente. Ainsi de cette toile où le lieu de la scène, un bar vivement éclairé et sans murs, semble plonger, tel l’étrave d’un paquebot, dans l’océan de la nuit. Trois personnages y bavardent. Indifférents au quatrième, de dos, dont l’ombre ne laisse à la lumière que le bas d’un visage penché sur un verre que l’on devine à peine. Le mouvement de ses épaules marque la fatigue de l’attente. Le monde entier semble reposer sur lui. Mais que regarde-t-il ? Ce jour qui s’éteint, emporté ?  La pensée et le monde, vides en cette heure ? La solitude est en nous comme une lame, nous dit Christian Bobin, dans son « éloge du rien », profondément enfoncée dans les chairs. On ne peut nous l’enlever sans nous tuer aussitôt. L’amour ne la révoque pas, il la parfait. Et qui nous dit de cet homme, qu’en cet instant où plus rien n’est à attendre sinon l’inattendue, dans sa nuit, au loin, qu’il n’est pas au plus près de la saisir. Comme une prière le vent, comme une âme son être. Le génie d’Edward Hopper est dans cette faculté qu’il a de transformer la banalité des formes et des situations en représentations d’un univers métaphysique d’une profondeur inouïe. Le glacé de ses toiles en lumineuses rêveries. Le rien de la vie en tout de l’être… Inutile de dire qu’on l’aime… 

 

Sans honte et sans fierté.

 

 

 

 

Comme Koz, j’ai du mal avec la honte. « Notamment avec la honte d’être français, trop rapidement brandie. Et trop souvent avancée par des gens qui ne se déclarent en revanche jamais « fiers d’être français ».Ou qui le faisant se posent en juges universels d’une République idéalement française adressant quotidiennement des « bulles » acides à la planète entière. Et qui s’étonnent, que d’Algérie, d’Iran, de Lybie, des Amériques et du Luxembourg, en ces temps hystériques, leur soient renvoyés l’image écornée de leurs prétentieuses insolences. Ce qui ne manque pas d’audace de la part de certains d’entre ceux qui pratiquent la torture et d’hypocrisie de tous ceux qui « cassent » du Rom en silence. Dans le silence de capitales européenne bien contentes de se refaire une santé morale sur le dos de la France. Une France qui, pour son bien et le nôtre, devrait s’abaisser à un peu moins d’arrogance pour s’élever à un peu plus de dignité. Sans honte et sans fierté.Enfin !