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L’effet papillon.

 

Un pasteur. Un fou, un seul, et un vent de panique secoue l’ensemble de la planète diplomatique. Des corans qu’il menace de brûler, et une tornade hystérique ébranle l’ensemble du monde islamique. Ailleurs dans le monde des bibles et des lieus de cultes de différentes confessions sont détruits, et personne ne s’en émeut. Un petit groupe de fanatiques américains aura donc suffit pour que l’asymétrie des relations inter-civilisationnelles et religieuses s’exprime dans toute sa violence. Et du piège dans lequel se trouvent enfermés ceux qui la refusent. Se taire et traiter par le mépris cet autodafé, c’était offrir aux islamistes de tous poils une occasion supplémentaire d’attiser la haine de l’occident. Et le condamner, comme cela a été fait, c’est conforter les extrémistes de tout bord dans leur pouvoir de nuisances. Décidément, l’onde de choc du 11 septembre 2001 n’en finit pas de produire ses effets destructeurs…

La politique fait rire.

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Il y a 6 ans on pouvait lire ceci, qui n’était pas qu’un bon mot de Michel Serres, en page 28 de cet ouvrage de Comte-Sponville :  » Il y a trente ans, lorsque je voulais intéresser mes étudiants, je leur parlais politique; lorsque je voulais les faire rire je leur parlais religion. Aujourd’hui, c’est l’inverse… » Depuis, Didier Porte et Stéphane Guillon en ont fait un marché…

La part manquante.

Combien de jours déjà sans écrire une seule ligne ? Six, sept ? Et le sentiment de n’en éprouver aucun qui ne vaille de s’en émouvoir. Sinon celui de ce soudain désir d’en taire l’expression. Aussi vaine et dérisoire que celle là même dont elle s’est fait l’objet. Cette espèce de soupe qui nous est à toute heure balancée sur nos têtes. Ce jus insipide et grossier, cette rumeur du monde où la bêtise satisfaite du plus grand nombre nourrit l’agressive arrogance de quelques uns. Et qu’un sourire retrouvé suffit à démentir…

Toutes les belles qualités sans affectation…

 

 

L’actualité et les rotomontades de celles et ceux qui président ou prétendent présider un jour aux destinés du pays, m’amène à leur conseiller de lire et méditer cette petite leçon du grand Baltasar Gracian:

 

« Un héros doit rassembler en lui, autant qu’il est possible, toutes les vertus,

toutes les perfections, toutes les belles qualités, mais il n’en doit affecter aucune.

L’affectation est positivement le contraste de la grandeur, parce qu’il y a toujours de la petitesse d’esprit dans celle-là, au lieu que, dans l’autre, il y a toujours de l’élévation, toute naturelle, ét toute simple qu’elle est. L’affectation est une sorte de louange muette qu’on se donne, mais que les gens d’esprit entendent comme si on leur faisait tout haut son propre panégyrique; et se louer soi-même, c’est le moyen de n’être guère loué des autres.

La vertu doit être en nous, et la louange doit venir d’autrui, lors même que le sujet en est le plus juste et le plus connu. Aussi c’est une punition assez ordinaire et bien méritée, que celui qui paraît fort content de soi jouisse seul de son contentement, sans que personne le lui dispute ou l’en félicite.

L’estime est un sentiment libre, et dont l’homme est si jaloux d’être toujours le maître que nul artifice, nulle autorité ne saurait l’obtenir de lui, lorsqu’il ne juge pas à propos de l’accorder. Mais il épargne d’ailleurs la faiblesse et la honte de la mendier son estime: sans qu’on y pense il ne manque pas plus de la donner libéralement au mérite, que de la refuser opiniâtrement à la vaine montre qu’on lui en ferait. C’est même assez de se relâcher un peu de sa modestie, et de marquer quelque estime de soi, pour que les autres retirent la leur, ou pour leur imposer silence sur les avantages les mieux fondés. Les gens de cour, esprits raffinés et censeurs impitoyables, portent les choses bien plus loin contre l’affectation.

Toute perfection qui se présente trop n’est, selon eux, que grimace; elle n’est que le fantôme et le masque d’une vertu feinte, qui leur donne la comédie. Jugement, à mon avis, trop rigoureux, surtout pour des hommes qui font presque toujours personnage, et qu’on ne voit guère dans un état naturel.

Quoi qu’il en soit, de tous les genres d’affectation qui sont en quelque manière infinis, celui que je crois le plus incurable, c’est d’affecter la sagesse: car le mal est dans le remède même, vu qu’il attaque la raison, qui devrait et qui pourrait seul le guérir, s’il était ailleurs. Mais puisque c’est une faiblesse dans l’esprit d’affecter les belles qualités, quelle folie, quelle extravagance n’est-ce point d’affecter des imperfections, des défauts, des vices que l’on n’a pas? Au reste, bien que l’affectation soit si commune, quelques-uns néanmoins en connaissent assez le faible et le ridicule pour s’appliquer à l’éviter; mais comme si ce défaut nous était naturel et inséparable de l’humanité, ils donnent d’ordinaire dans l’écueil qu’ils fuient, en affectant de n’affecter pas. Tibère affecta de n’être point dissimulé; et ses soins même à se cacher décelaient son génie et son caractère, tout politique qu’il était. De même que la dernière perfection de l’art est de le couvrir, aussi, le dernier degré de l’artifice est de le soustraire à nos yeux par un artifice encore plus fin et plus subtil. Et c’est ce qui ne pouvait guère arriver, dans une cour aussi soupçonneuse et aussi éclairée que celle de Tibère, dont la conduite était une leçon éternelle de dissimulation.

Reprenons. Un héros doit réunir en lui toutes les belles qualités mais sans en affecter aucune. Alors on est à double titre un héros; on l’est par le mérite le plus complet, et par l’estime générale des hommes; on l’est en effet, et l’on est universellement reconnu comme tel.

L’affectation au contraire, quelque légère qu’elle soit, mêle toujours un défaut au mérite, et ce mélange en produit un rabais dans l’idée des hommes. De plus, un grand homme eut-il jamais besoin d’un secours étranger à son mérite, pour s’attirer des égards qui lui sont dus? Je ne sais quel air de simplicité noble et d’oubli de sa grandeur avertit assez pour lui l’attention publique: avoir de la sorte les yeux fermés sur ce qu’il est, pour ainsi parler, c’est l’infaillible moyen de les ouvrir à tout le monde. J’appelle cette conduite une espèce de prodige dans l’état de l’héroïsme et de la grandeur; et s’il en est une autre qui convienne davantage, j’avoue qu’elle m’est inconnue. »

 

Extrait du  » Le Héros  » : éditions Champ libre ( épuisé ) . Voir aussi Wikio source Chapitre XVI

Les moulins de la République.

Après la sécurité de l’Elysée déjouée par un déséquilibré, c’est au tour du commissariat de Nanterre (Hauts-de-Seine) de voir sa protection remise en question… Hier, au petit matin, un homme, le visage dissimulé sous une cagoule, est parvenu à s’introduire dans l’enceinte policière de Nanterre et a mis  le feu au véhicule ciblé, qui avait servi à transporter de la résine de cannabis, avant de quitter les lieux sans être inquiété. Nous sommes pourtant en plan Vigipirate renforcé ! Il est donc à présent établi que l’on peut s’attaquer à tous les « sanctuaires de la République », ses bâtiments et ses représentants, sans grandes difficultés. Dans l’échelle des valeurs symboliques, de la mise à sac d’une école maternelle par des « gamins des quartiers nord de Marseille » à l’effraction des portes de l’Elysée par un « déséquilibré », en passant par le tabassage d’agents des forces de police par des « jeunes », cet été aura été particulièrement significatif de l’état réel de notre société. Plus aucune « barrière psychologique et morale », ne parlons même pas des « juridiques », n’interdit désormais le passage à l’acte dans l’atteinte à tout ce qui peut incarner l’autorité de l’Etat. Une dissolution des esprits sur un fond d’explications sociologisantes « déresponsabolisantes  ou « diabolisantes » qui nous amène tout droit dans la zone de tous les dangers politiques. Et qui ne peut plus se satisfaire d’une offre politique de l’opposition républicaine, sur cette question « sécuritaire »,  aussi nulle et gesticulatoire que celle exposée par l’ineffable Montebourg, entre autres, ce dimanche . Pour cela, il est évidemment nécessaire qu’elle fasse tomber ses préjugés idéologiques et ses obstacles psychologiques. En aura-t-elle la lucidité et le courage ? Ses seuls intérêts partisans ne peuvent plus lui servir d’alibis pour refuser le passage à l’acte. Dans ce domaine, plus précisément, il en va de celui de l’avenir de notre forme d’Etat républicain et de la « santé mentale » de ses citoyens. Attention à ne pas jouer sur les nerfs des français en 2012 ! Le diable est déjà là , tapi dans toutes les consciences…