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Le rire pour rester sérieux.





« Et si le handicap structurel
économique de l’Aude avait été une demi-chance pour que la crise se passe ici, un peu moins durement que dans des départements fortement industrialisés ? »  C’est le message que tenait à faire passer Madame le Préfet de l’Aude lors de sa dernière conférence de presse .
 Un peu comme si Dominique Strauss Khan, le patron du F.M.I, affirmait que le sous développement du Burkina Faso avait été une grande chance et que  la crise financière et la montée du chômage avaient moins affecté ses habitants que ceux des pays industrialisés ou en voie de développement.
Un détournement du sens des mots et des réalités comme on en trouve des centaines dans la bouillie médiatique qui nous est quotidiennement servie.
Il fut un temps où je m’en indignais.J’ai désormais pris le parti d’en rire.
Le seul instrument qui nous reste pour rester sérieux…

La voix de Léon Blum nous manque!




En  juillet 1931, Léon Blum (1) présidait la cérémonie de la distribution des prix au lycée de Narbonne. Narbonne dont il était le député.
Il y fit
cette déclaration d’amour : « J’aime Narbonne parce qu’elle m’a révélé un des plus beaux types de la nature et du caractère humain ; parce que votre lumière, digne de la Toscane ou de l’Ombrie, baigne à tous les points de l’horizon, des lignes âpres et nobles ; parce qu’ici, comme eût dit Stendhal, “ rien n’est plat ” : parce que le mélange heureux des sangs a produit chez vous une race ardente, fière, généreuse, capable de toutes les exaltations et de tous les dévouements. ».
On admirera le style, si loin de tous ceux qui lui succédèrent jusqu’à ce jour ! Un style qui définit une âme. Une âme dont la grandeur ne s’est jamais abaissée à justifier l’injustifiable que sont, en politique comme dans la vie, la vulgarité d’esprit et le mépris des hommes.
On devine aisément aussi ce qu’il aurait pensé, aujourd’hui, de l’attitude de ses propres amis politiques languedociens qui toujours et encore défendent un G.Frêche…
Sa voix manque pour leur faire entendre raison.
A Narbonne, plus qu’ailleurs…

(1) Léon Blum, battu par Jacques Duclos lors des législatives de 1928 à Paris, avait été élu député de Narbonne, lors d’une partielle en 1929.

Les limites du don?





Ce soir là, nous étions entre amis et la discussion tournait autour des limites du don. L’actualité en toile de fond. Qu’en retenir aujourd’hui, pour mieux en reparler à l’occasion?
Que nous vivons dans une économie de marché, dont le fonctionnement suppose l’échange et dans un système juridique, qui  exige la réciprocité.Et que ces deux domaines étroitement imbriqués finissent par structurer notre pensée au point d’envisager toute relation sur le seul mode de l’échange. Au point de considérer comme douteux, suspect ou hypocrite tout acte qui n’aurait pas de contreparties matérielles ou « symboliques ».

C’est ainsi, par exemple, que le « sourire de la boulangère ou de la crémière » ne peut être qu’intéressé par ses éventuelles retombées commerciales.
Bref, il n’est pas d’actes gratuits. Chaque don a nécessairement sa contrepartie. A la seule exception, peut-être, du  » juste  » qui, pour sauver la vie d’un inconnu donnerait la sienne.
Que ces propos visent tout ce qui relève du « pathos de la bonne conscience satisfaite », certes. Mais peut-on en déduire, conséquemment, qu’il serait inutile de chercher la gratuité dans le don et qu’il convient de le considérer, comme tout échange, qu’intéressé et forcément imparfait au plan moral ?
Soit! Admettons que tout don ait sa contrepartie. Mais pourquoi donc devrait-elle induire chez le « donateur » un sentiment d’incomplétude ou d’imperfection ? Ou que le peu de fierté ressenti dans le fait de donner de son temps, ou d’autres choses, soit vécu comme une déchéance morale ? Et qui ne voit, qu’à trop   » filer  » cette idée, on offre ainsi, paradoxalement, au cynisme propre à notre époque l’argument « moral » qui le justifie.

Alors, entre ne pas donner pour ne pas être « dupe » et donner dans l’espoir d’en tirer quelques « bénéfices », convenons tout simplement de suivre la sagesse de nos cœurs. Celle qui commande de nous conformer à notre nature profonde. Et qui nous invite à accepter tout aussi naturellement la seule joie de donner…

Les mots et leur contexte.



Que les derniers propos de Georges Frêche sur Laurent Fabius soient démagogiques et gras comme ceux qu’il distribue généreusement devant des auditoires serviles et conquis d’avance, sans doute. Je ne manque jamais de les rapporter ici. La grossièreté populiste pour gagner des parts de marché politique et la servilité intéressée qui en justifie l’usage m’insupportant au plus au point. Mais, aujourd’hui, peut-on, avec sa sortie sur la « tronche » de L. Fabius l’accuser, comme de nombreux dirigeants du PS le font explicitement, d’antisémitisme. Les inconditionnels de ce personnage, il en existe de nombreux en Languedoc Roussillon par crédulité, intérêt, fascination ou soumission psychologique, le nient et s’insurgent. Leur « idole » serait, à l’inverse, une pauvre victime innocente « objet d’une grossière manipulation orchestrée par d’odieux dirigeants socialistes »,  » parisiens  » de surcroît. Une exécution scandaleuse, nous disent-ils, avec, pour seul et dérisoire attendu, une « banale et inoffensive phrase » sur la tête d’un des leurs qui ne serait pas catholique (la tête !). Une ligne de défense maintenant bien rodée faisant valoir l’innocence quasi ontologique de leur « grand homme ». Mais qui a comme revers, si je puis dire, de mettre en relief ou sa bêtise (il ne se rend pas compte !) ou son mépris (tous des cons !). Sur le mépris, n’insistons pas, il le revendique fièrement. Quant à sa bêtise, se serait faire injure à son intelligence, qui est bien grande. Car ce monsieur, élevé chez les «  Mao », sait, lui, que les mots, les formules, les adages et autres « expressions populaires » ne sont pas neutres. Qu’ils prennent tout leur sens dans le contexte où  ils sont prononcés. « Une tronche pas très catholique » jetée à la face d’une Martine Aubry élevée chrétiennement, par exemple, n’aurait, à l’évidence, pas produit un tel tumulte. A l’inverse, la même « appréciation » portée par J.M Le Pen sur une personnalité musulmane ou juive aurait, n’en doutant pas, soulevée le cœur de l’ensemble des « consciences ». Même celle de Georges Frêche et de ses adorateurs ! Aussi, sans me prononcer sur le procès en « antisémitisme réel » que lui font les dirigeants du PS, force est de constater, qu’ en la circonstance, dans cette traque à l’électeur désormais lancée, ce qui ne peut lui être dit lui est ouvertement suggéré en jouant sur les situations, les personnages et les mots avec tout ce qu’ils peuvent charrier de fantasmes et de haines tapies dans les recoins de toutes les « communautés » politiques, ethniques ou religieuses. Tout en les arrosant de généreuses subventions…au point de les rendre complètement schizophrènes.A ce jeu là, notre « artiste » de la manipulation psychologique, est un maître. Et on l’aime, claironne-t-il. Une expression populaire, elle aussi, toujours proférée par les grands et petits autocrates…Qui s’aiment tant!