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Choir?



C’est en lisant le bel article de Patrick Kéchichian, dans la Croix , consacré au dernier livre d’Eric Chevillard « Choir », que j’ai découvert le site de cet auteur. Tous les jours, il nous livre, au rythme de trois phrases, des notations d’une rigueur toute pascalienne. L’humour en plus. Non point pour nous distraire, mais pour, au contraire, exalter les us et coutumes, les rêves et cauchemards des habitants d’une île-monde qui se trouve partout et nulle part. Des petites fictions, souvent des aphorismes, qui nous donnent un sentiment de réalité que ne parvient pas à nous donner la prose dite réaliste.
 « On blâme la servilité du chien. Mais le roi ne sera pas même reconnu du sien s’il ne lui sert sa pâtée en personne. » lisais je, hier matin, après avoir survolé, les lèvres pincées, un nouvel article de la presse locale relatant «  l’inauguration », par le glorieux des glorieux régionaux, d’une de ses maisons régionales. Deux phrases qui nous jettent dans les eaux glauques du pouvoir et de la puissance hors desquelles nous ne pouvons malheureusement bondir. Sinon par la seule force de notre pensée et au risque d’y brûler nos propres raisons d’espérer… Ce qui n’est pas le plus inquiétant.

« On peut rire de tout, mais pas n’importe où ! »




Tous les matins ou presque, S. Guillon, sur une radio du service public,offense, et de quelle manière, tous les pouvoirs et principalement celui du Président de la République.Ses employeurs n’échappent pas non plus à ses griffes.C’est sa manière à lui de proclamer son inconditionnelle liberté tout en rêvant de se faire « panthéoniser », si les  » valets » de ce « régime oppresseur » avaient le bon goût de le virer. Cette violence là, assez hypocrite, est admise et fêtée tous les jours sur l’ensemble des réseaux dits sociaux ( Facebook, Twitter…), notamment. Mais dans la ville et la région où j’écris, de temps à autre, ce genre de chronique, comme celle qui me vient sous la main, dans l’espoir de faire sourire ou réfléchir en mettant en exergue certains traits de mes contemporains locaux, les « égratigner » semble relever de la « diffamation ». Bigre! C’est ainsi que, relevant chez une « personnalité » narbonnaise une « pensée », sinon unique, du moins commune à la ville et à certains organes de presse, cela m’a été dit.Comme me le faisait remarquer un de mes lecteurs:  » Aujourd’hui on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui  » . J’ajouterai :  » et pas n’importe où « . Au point d’en conclure, peut-être exagérément, qu’une certaine forme de bien-pensance entretenue quotidiennement par le silence et le « cirage de pompes »  des journaux locaux à l’égard des « pouvoirs en place » ( et quelque soit leurs couleurs, encore que…), instille, dans des esprits de ce fait peu ouverts à la « critique », un sentiment de persécution quasi réflexe à la moindre observation iconoclaste. Une forme d’esprit peu propice à une discussion  » publique « , fut elle  » enlevée  » ( et sous la seule condition de l’être sans
méchanceté. ) Ce qui me conforte dans l’idée de continuer à relever, chaque fois que l’occasion m’en sera donnée, ce genre de tartufferie provinciale.

Le Triangle d’Oc désormais légitimé.

Nous ne ferons pas de commentaires particuliers sur l’attribution par l’Europe d’une subvention de 5 millions d’euros aux deux agglomérations de Narbonne et de Béziers à la condition de mettre en œuvre un projet urbain intégré, d’élaborer une stratégie commune et de construire un dispositif de gouvernance et de pilotage à l’échelle du territoire concerné. Rappelons seulement que ce territoire, cette stratégie et ce dispositif de gouvernance expérimental et modeste existaient depuis 1999. Que, pendant la campagne des régionales qui a précédé l’accession de Georges Frêche au pouvoir, son futur vice président, Eric Andrieu, déclarait que ce territoire (le Triangle d’Oc) n’était pas «  pertinent ». Qu’en cours de mandat, il le redevenait sur le fondement d’analyses et de textes que j’avais en son temps produits, pour gagner un angle et devenir un « carré régional stratégique » ! Que cela prouve, encore une fois, qu’il y a des réalités que le « politique » ne peut ignorer au prétexte qu’elles auraient été diagnostiqué et prises en compte par le « parti d’en face », et qu’il n’y a rien d’offensant pour l’intelligence à l’admettre. Que les présidents de Région et de Communautés d’agglomérations passent au gré des alternances, mais que le fond des stratégies et des programmes établis avec leurs équipes techniques restent. Et que, de cet « écart » entre le « dit » et le « fait », résulte une opinion « citoyenne » qui ne fait plus confiance (près de 65% selon les derniers sondages) à la gauche comme à la droite pour résoudre les problèmes auxquels se trouve confronté notre pays. Cela dit, revenons à nos affaires régionales et réjouissons nous de cette reconnaissance tardive (et désormais bien établie dans les cerveaux politiques rouges et bleus) de ce Triangle d’Oc pour lequel j’ai, un temps, pas mal œuvré…

Des mémoires inutiles.



La Servitude volontaireOn tombe, au hasard de ses livres et de leurs pages, sur La Boétie et son célébrissime « Discours de la servitude volontaire » et l’on se dit que cet éblouissant « ancien » vaut tout ce qui se publie de prétendument moderne. A le lire et le méditer, que pèsent en effet les mémoires d’un de nos derniers Président de la République et celles de son dernier premier ministre ? Certes, elles figurent en tête du palmarès des meilleures ventes et leurs éditeurs s’en portent bien. Mais que nous enseignent elles qui nous informe sérieusement sur la marche du monde et ceux qui prétendent la gouverner ? Rien ! La seule chose dont nous soyons en revanche certain est qu’elles seront le prétexte à deux ou trois « Vivement dimanche » où nos mémorialistes viendront compléter la longue liste des saltimbanques de la scène et de la chanson venus y promotionner leur prose, en général écrite par d’autres. Aussi, et parce que l’actualité dans ma ville et ma région est à la romanité, je ne résiste pas à l’envie de conclure ce billet d’humeur sur la vacuité de ces textes politiques qui se veulent édifiants par cette observation faite à 18 ans par un jeune homme qui, aujourd’hui, en aurait 447 : « 
Les empereurs romains n’oubliaient surtout pas de prendre le titre de Tribun du peuple, parce que cet office était tenu pour saint et sacré ; établi pour la défense et la protection du peuple, il jouissait d’une haute faveur dans l’État. Ils s’assuraient par ce moyen que le peuple se fierait mieux à eux, comme s’il lui suffisait d’entendre ce nom, sans avoir besoin d’en sentir les effets. Mais ils ne font guère mieux ceux d’aujourd’hui qui, avant de commettre leurs crimes les plus graves, les font toujours précéder de quelques jolis discours sur le bien public et le soulagement des malheureux. On connaît la formule dont ils font si finement usage ; mais peut-on parler de finesse là où il y a tant d’impudence ? » On rêve à ce genre d’audace si finement brodée dans nos gazettes de province, et d’ailleurs !

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