Dans la nuit de ce jour, j’ai vu bleuir le ciel sur les toits de ma ville…

     

Edward Hopper, 1942 Huile sur toile 61,9 x 112,4 Chicago, Terra fondation for Amarican art

 

Dans la nuit de ce jour

j’ai vu bleuir le ciel

sur les toits de ma ville ;

des fils d’or et d’argent

briller sur un cyprès ;

les ailes d’un goéland

s’ouvrir à l’orient ;

une ombre s’élever

au bas d’une croisée ;

les premières perles

aux branches s’accrocher ;

le soleil s’imposer

au silence glacé ;

et le jour s’élancer

sans rimes ni raisons ;

comme naît une promesse :

au risque de l’oubli ;

du souvenir aussi…

Les mantecaos au goût plein et riche de ma tante Dolorès ne se font oublier…

 

Narbonne. 32, rue Rabelais.

 

C’est dans ces jours du mois de décembre que le souvenir de ma tante Dolorès s’insinue dans le vague de mes pensées et finit par imposer sa lumineuse présence. Je la revois préparer et confectionner ses mantecaos dans cette pièce étroite au plancher branlant qui servait de cuisine et de salle à tout faire : manger, laver les corps et le linge ; de chambre aussi à l’occasion quand s’installait chez elle un cousin venu du village de mon grand-père, Cox.

Yourcenar sur la nativité, Modiano sur l’écriture et la solitude, Buffon à propos du Martin triste etc.

 

Crèche provençale

     

Dans un entretien radiophonique et dans un langage très simple, Marguerite Yourcenar évoque la nativité de l’enfant Jésus et les Rois mages. Avec beaucoup de tact, de respect et d’élégance elle en montre toute la dimension symbolique et esthétique. Une source de sens qui déborde les seuls cadres du christianisme et qui irrigue profondément notre culture, notre tradition :

Scène de la vie narbonnaise : J’ai rencontré le videur de la boîte à livres du jardin de la Révolution…

   

Lundi dernier, je me suis arrêté comme je le fais habituellement lors de mes longues promenades urbaines, devant la boîte à livres du Jardin de la Révolution. Une bonne âme l’avait heureusement débarrassée des nombreuses brochures et des traités de droit qu’y déposent régulièrement les membres de diverses sectes évangélistes et, sans doute, un clerc de notaire zélé à présent bourgeoisement installé, pour la garnir, dans sa totalité, d’ouvrages de différents formats, en bons états, et, de plus, correctement rangés.