De l’urgence à se confiner intellectuellement aussi !

   

Depuis les premières alertes sur l’extrême dangerosité de cette pandémie, je respecte scrupuleusement les gestes de protection qui ne cessent depuis de m’être rappelés par toutes sortes d’autorités. Je me plie aussi, sans regimber, à l’interdiction qui m’est faite, sauf exceptions, très peu nombreuses d’ailleurs, de sortir de chez moi.

La nation française est assurément la moins faite pour recevoir des idées nouvelles […]

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Ce matin encore, deux heures passées en compagnie de Benjamin Constant à lire son journal intime – intime car il n’était pas destiné à la publication. Et à chacune de ses notations, observations et réflexions, où éclate son septicisme railleur, le même éblouissement.

28 mars, il est 8h 19 et vois ma première hirondelle…

House Martin (Delichon urbica)

 

28 mars, il est 8h 19, précisément. Sur ma terrasse ! Une tasse de café aux lèvres, je laisse mon regard aller au dessus de toits encore sombres ; et se perdre dans un ciel toujours aussi triste. L’animent des goélands au vol lourd ; ils tournoient lentement, pareils à des vautours. Plus bas, dans la rue, déserte, un homme seul, âgé, couvert d’une épaisse parka rouge, tire un léger chariot vert. Au loin, en remontant façades et faîtages, la Clape et son front bas, ondulé ; jusqu’à ce que, à la dérive sur les murs et les toits de la ville, j’aperçoive, enfin, évidents et sensibles, les espiègles battement d’ailes d’une hirondelle ; solitaire et joyeuse…

 

Un matin de confinement aux Halles de Narbonne.

Halles de Narbonne

 

J’ai croisé Carole, ce matin aux Halles. Je venais d’y entrer, elle en sortait. Masquée et gantée, elle allongeait ses pas, je retenais les miens. Ce sont ses gestes, ses cheveux et ses yeux qui m’ont permis de la reconnaître. Il m’a semblé voir ses lèvres prononcer mon prénom sous son voile de tissu vert plaqué sur le bas de son visage, aussi.

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