L’actualité selon Félix Fénéon ! A se tordre …

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Félix Fénéon (1861-1944) a créé en 1906 dans le journal Le Matin une rubrique intitulée Nouvelles en trois lignes qui fut vite célèbre. S’inspirant de faits-divers réels, il les réécrivait de manière à en faire ressortir la cruauté ou le comique, dans une mécanique implacable.

J’en reproduis ici quelques unes . A se tordre !

Une lettre de Serge Griggio et un texte de son ami Jean Claude Pirotte .

Une lettre de Serge Griggio et un texte de son ami Jean Claude Pirotte .

J’ai reçu hier cette lettre de Serge Griggio . Elle fait suite à mon petit texte dans lequel j’évoquais l’amitié qui le liait à Jean Claude Pirotte ... Je vous la livre, sans commentaires !

Michel !

J’ai cette image de lui à sa fenêtre , regardant le ciel avec un très beau sourire , comme si la poésie était au dessus de tout , des maladies, de la souffrance , du médiocre . Il nous a fait grandir , il nous a amené plus loin avec son talent , avec ses rêves .

J’ai eu la chance de le rencontrer en 2002 , je préparais une exposition consacrée aux sdf et à des portraits de résidents d’un foyer , et un clin d’œil au Caravage .

Il m’avait écrit un très beau texte pour mon catalogue . Le voici :

 » On entend le chant du peintre par la fenêtre entrouverte. Souvent c’est une mélodie noire où le rouge éclate et s’étreint.

On croit que des ombres qu’esquisse le Caravage écoutent au bas des marches. Ce sont aussi nos souvenirs trop familiers des heures fragiles et qu’une fileuse étrangement jeune tisse peut être a l’envers, ce sont aussi nos souvenirs qui écoutent.

Tout autour le crépuscule dérive et n’en finit pas de ralentir et d’allonger les gestes avant de lancer un trait qui fulgure.  » Jean Claude Pirotte , le 2 janvier de l’an II

Je l’avais invité au théâtre de Narbonne , il avait lu des lettres de Nicolas de Staël . Un très beau moment !

Amitiés a toi

Jean Claude Pirotte est mort ! Un dernier petit hommage …

 
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Je viens d’apprendre la mort de Jean Claude Pirotte. Et suis très triste ! Ce touche à tout de génie était un des rois de la prose de langue française. Un poète d’une grande sensibilité aussi . Il lui arrivait de rédiger ses textes sur le coin d’une table. Il les illustrait parfois d’un dessin qu’il adressait à certains de ses amis. Serge Griggio, un peintre narbonnais de grand talent avec qui j’entretiens une admiration commune pour Pirotte en possède quelques uns.

L’Épictète du soir ( très tard ! )

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Les fréquentations ne sont pas indifférentes. Si tu hantes souvent un vicieux, à moins que tu ne sois bien fortifié, il y a plus à craindre qu’il ne te corrompe, qu’il n’y a à espérer que tu le corrigeras. Puisqu’il y a donc tant de danger dans le commerce des ignorants, il ne faut en user qu’avec beaucoup de sagesse et de prudence.

Épictète , « Pensées et Entretiens. » iBooks. page 293

L’Épictète du soir !

Un médecin vient voir un malade, il lui dit : « Vous avez la fièvre, abstenez-vous pour aujourd’hui de toute nourriture, et ne buvez que de l’eau. » Le malade le croit, le remercie et le paie. Un philosophe dit à un ignorant : « Vos désirs sont déréglés, vos craintes sont basses et serviles, et vous n’avez que de fausses opinions. » Celui-ci s’en va tout en colère, et dit qu’on l’a insulté. D’où vient cette différence ? C’est que le malade sent son mal, et que l’ignorant ne sent pas le sien.

Extrait de: Épictète. « Pensées et Entretiens » iBooks.