L’ appel à la raison des marchés et des politiques aussi.

 

 

 

 

Toujours la même rengaine sur les ondes, la télé, les journaux : « Il n’y pas de crise de la dette publique en Europe, et s’il y a une crise c’est de la faute des marchés et des agences de notation. » Dernier raffinement, si on peut dire, entendu ce matin sur France Culture, celui d’un économiste (il est interdit de sourire) de l’O.F.C.E : «  Il n’y a qu’à (notez le YAQUA !) dire que l’Europe garantit l’ensemble des déficits de la zone Euro » En oubliant de préciser que cela suppose une réforme des traités et que les Allemands, de la CDU au SPD, y sont opposés. Du grand n’importe quoi !

Mais arrêtons-nous quelques instants sur ces marchés présentés comme la source de tous nos problèmes. Que représentent-ils en effet sinon des circuits de collecte du fruit du travail de millions de travailleurs qui comptent sur cette épargne pour améliorer leur retraite ou faire face aux difficultés de la vie. Voudrait-t-on nous dire qu’ils devraient accepter d’y renoncer, par la relance de l’inflation et des prélèvements confiscatoires sur leurs assurances vie, notamment, que nos dirigeants politiques irresponsables ne s’y prendraient pas autrement ?

Qui ne voit pourtant que cette crise de la dette est aussi une crise de notre démocratie. Une démocratie qui se moque comme d’une guigne de la gestion de nos finances publiques. Une démocratie et des citoyens toujours prêts à se jeter dans les bras de marchands de promesses qui depuis trop longtemps dressent des montagnes de dettes.

Mais ce temps est fini. Tant mieux ! Le moment est enfin venu de demander des comptes aux sortants comme aux candidats supposés différents. Nous avons besoin de responsables politiques modernes. De ceux qui osent dire la vérité des faits, de ceux pour qui la politique ne se résume pas au bluff permanent.

Si les marchés doivent être rappelés à la raison, les politiques aussi !

Petit hommage à Jean Claude Pirotte.


Deux pleines pages du supplément«Livres et Idées» de La Croix – du jeudi, vendredi 10 et 11 novembre 2011 – sont consacrées, si j’ose dire, à Jean Claude Pirotte. C’est Antoine Perraud qui les signe. Deux pages émouvantes où se mêlent admiration et empathie. Admiration du prosateur et du poète au chant si simple et si sincère. Empathie pour un homme qui n’en finit pas de guérir d’un terrible cancer.

Personne ne ment autant que l’homme indigné!

   
Nietzsche qui parfois voyait juste, avait mis en garde : « Personne ne ment autant que l’homme indigné » (Par delà le bien et le mal). Un homme qui, passé un certain âge, n’est plus seulement dans le mensonge, mais dans l’imposture. Quand on a 17 ans, on peut mentir par ignorance et idéalisme. A plus de 80, non ! Au premier, je lui reprocherais de ne pas l’être. Le second, vieux routier de la politique, me scandalise. Lui, sait ! Il sait pour qui il roule, mais ne le dit pas. Il sait que la rage, la vraie, c’est contre plus de trente ans de gabegie budgétaire qu’elle devrait s’exercer. Il sait aussi notre arrogance bien française à s’en prendre à l’Europe quand elle nous sermonnait sur nos dépenses publiques. Comme il sait à présent qu’elle seule peut nous sauver du désastre. Il sait encore qu’on ne peut reprocher à des prêteurs de se soucier d’être remboursé et de douter des capacités des Etats à y faire face. Il sait enfin que si ces « abominables marchés » s’invitent dans le débat présidentiel ce sont la gauche et la droite confondues qui en sont responsables. Comme il sait que nous n’avons plus d’échappatoire possible aujourd’hui : Moody’s vient de mettre la France sous surveillance et tout ce qui dorénavant sera dit et proposé par nos candidats sera évalué et sanctionné par cette agence de notation. Voilà ce que masque sous ses airs de vieil homme narcissique et satisfait un Stéphane Hessel et tant d’autres enchanteurs de rêves. Et qui m’indigne ! Au plus haut point.