Un petit hommage à Gérard Bobillier.

bobillierLe directeur et fondateur des Editions Verdier, à Lagrasse, Gérard Bobillier, est mort, lundi. Je ne le connaissais pas et sa disparition me rend pourtant très triste. Je ne le connaissais pas mais ma bibliothèque est pleine de ses livres. Quand Gil Jouanard et Anne Potié, des amis chers, dirigeaient le Centre Régional des Lettres de Montpellier, je me rendais régulièrement dans leurs locaux pour me plonger dans les cartons remplis des nouvelles éditions que leur adressait Gérard Bobillier. Que d’heures passées à feuilleter et  lire, seul, dans cette grande pièce à l’odeur prégnante de papier…Et que d’auteurs découverts en ces occasions : Bergougnioux, Michon, Delibes, Llamazares… Erri de Luca et son « Une fois, un jour » que je ne quitte plus depuis et qui après quelques années de prison est devenu maçon pour gagner sa vie. Un maçon qui, tout au long de ses années de vie d’ouvrier, feuilletait « les Saintes Ecritures et leur hébreu ancien une heure avant de partir au travail. » (Première heure. Rivages poche page 7) «  en homme qui ne croit pas », sans être pour autant athée… Pour y constater que le métier de maçon y était même un titre honorifique, comme le prouve le prophète Isaïe lorsqu’il écrit à propos d’un homme juste : « Et je t’appellerai maçon de brèche, celui qui répare les chemins pour vivre. (Is 58,2) » (Page 18). Gérard Bobillier était lui aussi du métier, si je puis dire. Il lui en a fallu en effet du courage et de l’obstination pour construire, au cœur des Corbières, loin des bavardages mondains et médiatiques, une «  maison » qui «  refusait obstinément – et quoi qu’il lui en coûtât – la pénombre de la Caverne et le jeu des apparences trompeuses… pour s’approcher de la lumière des idées »

La mort du Département? Chiche!


 J’imagine que ce que je lis dans la presse locale , après chaque réunion de l’Assemblée Départementale de l’Aude (un compte rendu tout juste paraphrasé du dossier de presse remis par le service communication de ladite aux journalistes de corvée) ne doit pas être très différent en Corse et dans la Haute Vienne. En gros : « l’Etat ne fait et ne finance plus rien, il nous transfère des compétences sans les compenser ; et si on augmente les impôts ce n’est pas de notre faute mais de la sienne (CQFD) » Un grand classique de la politique politicienne : on s’attribue le positif et on s’exonère de ce qui fâche en l’attribuant à l’Autre, le malfaisant, l’ignoble, bref l’Etat, ce monstre froid et sans âme. Sauf que l’Etat n’est pour rien dans l’intervention des Départements, comme des Régions d’ailleurs, dans des domaines qui ne relèvent pas de leurs compétences règlementaires (la liste serait trop fastidieuse à établir …) comme il ne les oblige pas à augmenter de manière inconséquente les dotations qui leur alloue  en compensation de ses transferts. Ne parlons même pas des augmentations d’effectifs directs et indirects inversement proportionnelles aux diminutions de ceux de l’Etat.
Un des mérites de la crise des finances publiques et de mettre en évidence ces réalités longtemps occultés par l’idéologie de la «  bonne gouvernance démocratique de proximité ». La fin du mille-feuille administratif français devrait donc figurer à l’ordre du jour de tout gouvernement, l’actuel comme les futurs notre pays vivant en la matière largement au dessus de ses moyens.  Une situation qui fait dire à Marcel Raynaud, président du conseil général de l’Aude et sénateur de surcroît, que si les réformes gouvernementales concernant la fiscalité et les collectivités territoriales sont mises en application, la  » disparition du Département  » est assurée. Eh bien tant mieux et le plus vite sera encore le mieux !

Chronique de Narbonne: lecture de Max Rouquette.

 

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C’est Jean Tuffou qui m’a remis en mémoire ce texte de Max Rouquette, que l’on trouvera dans les  » roseaux de Midas « . Un ensemble  » d’écrits au quotidien « , entre 1945 et 1999, traduit de l’occitan par l’auteur et publié par l’ami Max Chaleil aux   » Editions de Paris  » ( 2000 ).

La première phrase, page 51 datée du 6 juin 1978, m’avait alors à proprement parler saisi :  » J’avais besoin – je le croyais – d’éclaircissements. Je croyais nécessaire de reproduire la vérité telle qu’elle est. » Et la dernière, encore aujourd’hui, ne cesse de m’habiter :  » Car écrire ce n’est pas copier le monde, mais le refaire, l’inventer dans l’air de la liberté, les lambeaux de vérité n’étant que le bois de ce grand feu, un bois qui se meurt en cendre. » Beaucoup considère Max Rouquette comme le plus grand écrivain d’expression occitane. Sans doute ! Mais c’est aussi et surtout un de nos plus grands écrivains; un maître de la prose poétique:  » Arbres dans la forêt. Droits et tendus vers le ciel. Silencieux, ils s’écoutent. Ils écoutent la voix des autres.Cette écoute engendre un silence terrible. Pour que l’on puisse entendre le rouge-gorge.  » ( page 108, à la date du 7 avril 1981)

Indispensable, vous dis-je!

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