L’impatiente ou la rose.

 

Martine Aubry, dans le JDD, fait observer à certains de ses amis ignorant l’art du jardinage « que la patience ne pousse pas dans tous les jardins. » Et qu’elle ne voyait aucune raison «  sauf l’impatience de l’un ou l’autre, de changer ce calendrier que des militants ont voté et que la grande majorité des dirigeants socialistes approuve ». On ne la contredira pas sur la patience qui, non seulement ne fleurit pas dans tous les jardins mais pousse aussi son zèle à ne fleurir dans aucun d’entre eux, pour relever que l’impatiente, elle, se plaît à l’ombre et s’épanouit de juin à septembre. Un calendrier en phase avec celui des primaires que défend Martine de sorte que cette impatiente là pourrait devenir le nouvel emblème des socialistes. Une fleur qui toutefois préfère l’ombre, ce qui n’est pas le cas de toutes les impatientes au PS…

 

Le joug de la transparence.

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La semaine passée aura donc été celle de WikiLeaks. Cette machine à « révélations » prétendument planétaires mais exclusivement américaines qui fait trembler les « puissants » de ce monde. La méthode est, il est vrai, novatrice. Elle fait les beaux jours d’une presse « sérieuse », qui légitime le vol de documents au nom  transparence. Le citoyen doit tout savoir, absolument tout, de ce qui se dit, se fait, se pense, se rêve, se trame partout où des puissances, des pouvoirs locaux, micro-locaux, d’États, ou d’entreprises prétendent agir au nom d’un « intérêt général ». Non pas en Chine, en Iran et dans les dictatures de toutes sortes ! Non, non! Trop compliqué et trop dangereux. Mais ici même, dans nos sociétés démocratiques présentées comme les seules responsables de tous les maux subis par l’humanité entière. De l’Histoire en direct en quelque sorte ! Où tout le monde devrait pouvoir écouter tout le monde, la méthode important peu. Au point qu’on se demande au nom de quels principes les journalistes eux-mêmes, qui légitiment et tirent profit de ces pratiques, devraient s’indigner d’être mis sur écoute ou de constater le vol de leurs ordinateurs et de leurs poubelles. Dans une société où les règles de responsabilité, de confidentialité et d’auto censure ne sont plus considérées comme devant réguler et modérer les rapports entre les hommes et les institutions, tout est en effet permis. Hier, un valet de chambre enregistrait les conversations de Madame Bettencourt.Tous les jours des PV d’auditions sont publiés dès la sortie de témoins du bureau d’un juge. Aujourd’hui, on balance des mémos diplomatiques… Demain, c’est le journaliste du  » Courrier des Corbières  » qui sera suivi par Google ; et après-demain on viendra fouiller dans mon courrier et celui du voisin. Sur Internet ou dans nos boîtes aux lettres. Enfin transparents! Et sous le joug permanent et inquisitorial de tous.

La société du divertissement.

 

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Depuis quelques semaines, on observe, sans vraiment s’y intéresser plus que de raison, la petite et vaine agitation politico-médiatique produite par l’annonce, aujourd’hui réalisée, d’un imminent remaniement ministériel. Trop tard, trop long, Borloo contre Fillon, Fillon contre Borloo… Bref, les commentaires ont plu et continueront à tomber encore pendant quelques temps. Inutiles et farfelus. Personne n’ayant voulu relever que Nicolas avait pourtant annoncé qu’il remanierait après la réforme des retraites. Ce qu’il a fait. Et qu’il continuerait sur la même voie. Ce qu’il vient de faire en renommant le premier ministre sortant. Tout, dans cette affaire, le fond comme la forme ressortit donc du non-évènement. Une sorte de vide politicien. Du rien néanmoins transformé par l’industrie médiatique, la vanité de quelques uns  et l’ennui de beaucoup en divertissement. Qui les occupe tous entiers et les dérobe à eux mêmes…

Chronique d’un déclin annoncé?

 

 

 

 

Dans un de ces derniers billets, A. Argoul brosse les « Atouts de la France ». Il s’appuie, pour ce faire, sur les chiffres et enquêtes établis par le rapport global sur la compétitivité 2010, édité par le Forum économique mondial de Genève. Loin de vouloir contester ces données et les leçons qu’il en tire, je voudrais, ici, les mettre brièvement en perspective. Pour cela j’utiliserai quelques éléments de prospective figurant dans un rapport de l’IFRI sur le « Commerce mondial au XXI siècle » coordonné par P.Colombani, qui détaille le scénario « Chronique d’un déclin annoncé ».

 

Selon ce scénario, qui repose sur la projection des tendances lourdes de la population active, de la productivité du travail, et de la production, le centre de gravité de l’économie mondiale se déplacerait vers l’aire Asie-Pacifique. L’Union Européenne passant de 23% de la production mondiale en 2000 à 12% en 2050 ! Soit une division par deux de notre puissance économique et commerciale en un demi-siècle ! l’Amérique maintenant sa place .En conséquence, L’Union pèserait de moins en moins sur le cours de la mondialisation et une « une lente mais inexorable  sortie de l’Histoire » serait envisageable. Les raisons? Une démographie et une productivité du travail défaillantes. Deux moteurs qui bénéficient d’abord aux Etats-Unis, qui parviennent à maintenir leur hégémonie, même si la Chine rattrape à grands pas son retard de productivité et l’Europe en engrange d’importants par son élargissement à l’Est.

 

A partir de ce scénario de référence deux variantes plus positives sont envisagées pour l’Europe. Mais qui, toutes les deux, passent par la création d’une vaste zone comprenant la Russie et les pays du Sud de la Méditerranée. Seule solution imaginée pour résister. Et à la condition de jouer sur deux leviers fondamentaux.

 

La démographie, en premier lieu, qui requiert un « policy mix » d’un genre nouveau : politique de l’enfance et politique d’immigration. Une question de l’immigration d’ores et déjà sur l’agenda politique des Etats membres et du Conseil des ministres européen, mais sans qu’aucune politique d’immigration à la hauteur des enjeux n’ait été ,pour le moment, définie. Les auteurs de l’étude concluant que «  La régulation des flux migratoires et l’intégration des immigrés tant sur le plan économique que socioculturel constituera l’une des questions majeures du 21ème siècle. »

 

Quant au deuxième levier, l’innovation,il suppose, comme le premier, des investissements considérables. Et donc des arbitrages budgétaires douloureux «  alors que de nouvelles sources de dépenses vont se faire jour : les budgets des Etats membres devront endosser la charge financière résultant du vieillissement de la population européenne ; les transferts sociaux (retraite) et de santé devraient peser de plus en plus sur les finances publiques des Etats ; quant au budget européen, il devra financer l’élargissement et la remise à niveau des pays de l’Est. »

 

Ce qui nous ramène en France, en plein conflit idéologique et social sur le financement des retraites. Et qui nous permet, grâce à cet éclairage de long terme, de mesurer des enjeux dont la portée dépasse largement celui de savoir s’il convient de partir à 62 ou 65 ans.

 

En 2050, nos lycéens auront 55 ans.Et plutôt que de se laisser instrumentaliser par leurs aînés qui, à cette date, n’auront d’autres soucis que « la paix de leurs âmes », ils feraient mieux de réfléchir sérieusement à ces grandes tendances géopolitiques aux retombées économiques, sociales et politiques considérables pour leur avenir. Sauf à s’enivrer de slogans inspirés des anciens et s’enfoncer tête baissée dans une histoire qui se fera sans eux.Sur d’autres continents!

 

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