Mila ne se plaint pourtant pas du protocole sanitaire à son école !…

       

Elle a pris l’habitude de me « faire un Messenger » pratiquement tous les soirs depuis que la Covid perturbe sa scolarité et ses activités sportives ou culturelles. Hier, c’était pour m’informer qu’elle avait été testée et qu’elle « était négative ». Sa mère et sa grande sœur, à l’inverse, « positives » resteront confinées. Contente malgré tout, elle s’impatientait de reprendre le chemin de son école. Faut dire que sa « maîtresse » est « gentille », qu’elle lui donne des cours et des devoirs à distance, en audio notamment ; mais qu’elle ne serait pas dans sa classe demain « parce qu’elle a une gastro » et non pour suivre l’appel à la grève des syndicats enseignants, me disait-elle. À l’en croire, les cours se passent plutôt bien et sans stress ; et le port du masque ne la gêne « pas plus que ça ». Ce qui la conduite naturellement à m’exposer le protocole en vigueur dans son école avec une clarté et une précision proprement stupéfiantes pour une petite fille de son âge (dans quelques jours 10 ans !). Moi qui n’avais rien compris à ce protocole tel qu’il m’avait été rapporté par les médias et expliqué par des professionnels de l’information, et qui trouvais bien fumeuses, pour ne pas dire très hypocrites, les raisons invoquées par les syndicats d’enseignants pour justifier leur mouvement de grève, l’innocence de Mila m’en livrait tous les secrets. Il faut savoir écouter les enfants ! Ils n’ont pas, comme les « grands », de préjugés « sociaux » sous lesquels se cachent souvent des intérêts corporatifs, politiques ou symboliques. J’en eus encore l’exemple au journal de 13 heures où des enseignants grévistes étaient interrogés, en direct, selon la technique joliment qualifiée de « micro-trottoir ». Eh bien, je dois dire que si je n’ai rien compris des difficultés qu’ils rencontraient dans la gestion de leur protocole sanitaire, j’ai bien saisi par contre, du moins je le crois, le sens politique réel de leur mobilisation. De ce dernier, évidemment, Mila ne peut rien en dire. Fort heureusement ! Le temps des illusions et des mensonges, celui des « grands », viendra hélas ! bien assez vite…

« Dans ce monde inventé par les hommes, seul le chien semble toujours à sa place. »

 
 
 
 
 
 
 
 
Rien ne vaut la lecture de trois, quatre pages du journal d’Éric Chevillard : « L’autofictif repousse du pied un blaireau mort (2019-2020) », pour égayer ma journée. Sous sa plume, le monde est renversé ; et son absurdité comico-tragique recouvre toutes les dimensions du réel… Jubilatoire !
 
« 28 septembre.
Il s’immobilisa, la tête renversée en arrière, la bouche grande ouverte. L’avaleur de sabres avait faim. L’épée de Damoclès finirait bien par tomber.
 
Il y a en effet une vie après la mort. Très active même, celle des nécrophores.
 
Ce plumage m’as-tu-vu, cet œil fixe et méchant, ce bec obtus, cette serre avide, le perroquet n’a pas besoin de répéter ses mots pour imiter l’homme à la perfection.
 
25 septembre
Toujours cette impression d’être suivi. Il accéléra le pas, s’élança brusquement dans le lacis des ruelles, bifurqua une fois, deux fois, s’engouffra dans une taverne dont il sortit par l’arrière-salle, zigzagua longtemps encore dans la ville. Le lendemain, l’office du tourisme lui retirait son habilitation de guide officiel et le licenciait sans préavis.
 
ELLE (perplexe). — Heu… Tu prétends avoir passé trois ans dans l’atelier d’un grand maître japonais de l’origami et que ton pliage représente un cygne ?!
MOI. — Mais oui, et même un cygne écrasé par un tracteur, déchiqueté par la charrue, puis à demi dévoré par le chien du fermier. »

Aphorismes, nouvelles (en quelques mots !)

       

Dans la salle des pas perdus du crématorium « Le Grand bleu », elle pleurait ce philosophe balnéaire, son ami – noyé ! : « il aura brûlé sa vie par le petit bout ».

Dans le style « genré » ! De madame Royal, qui n’est pas un aigle, doit-on dire que c’est une buse ?

Assis sur les marches du Palais du Travail, des Sports et des Arts, un clochard. Sur son tee-shirt : « École de commerce de Montpellier ».

Cette après-midi dans un salon de thé (on l’appellera : « Chez Angèle ») : « Mais ma chère Marie, ne vois-tu pas que ton petit Gabriel a le diable au corps ».
 
Ce matin aux Halles. Ma volaillère, un gros couteau à la main : « Je vous laisse la tête ? »
 

Rencontre et voyages sur la carte du temps…

       

« Estamos aquí ! » Ces mots venaient d’une petite fille assise sur le seuil de la « bijouterie Aivadian ». Sa voix était forte et son ton catégorique. Le doigt pointé sur un plan de la ville, qu’elle avait étalé sur ses genoux, elle s’adressait à ses jeunes parents qui l’attendaient de l’autre côté de l’étroite rue de l’Ancien Courrier.

« La grande bellazza », de Sorrentino. Un film éblouissant…

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
J’ai visionné hier soir le film de Sorrentino : « La grande bellazza » – « la grande beauté » : celle de Rome. Un film époustouflant de virtuosité technique et d’une grande exigence éthique. Jep Gamberdella, interprété par le magistral Toni Servillo, en vieux dandy tiré à quatre épingles, promène son ennui dans les fêtes aussi grandioses que vaines de la belle société romaine. Avec son léger sourire, mi ironique – mi tragique, Jep est un « cynique sentimental » comme l’explique le cinéaste ; il est en quête d’une beauté déjà passée, qui lui échappe sans cesse. Sorrentino dit de son personnage qu’il « navigue entre l’insolence et l’émotion. La beauté l’émeut, il la perçoit, mais il la sait incapable de durer, et la prescience de cette perte implacable lui fait monter les larmes aux yeux dans la séquence où il regarde les clichés de ce type qui s’est pris en photo chaque jour de son existence. ».
La première phrase du film est empruntée à Céline :  » Voyager, c’est bien utile, ça fait travailler l’imagination. Tout le reste n’est que déception et fatigues. Notre voyage à nous est entièrement imaginaire. Voilà sa force ».
Et la dernière : « sous le blabla se cache le silence et les sentiments. Que ce roman commence ».
Le film s’arrête. Le spectateur n’a plus qu’à fermer les yeux et son voyage peut enfin démarrer.

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