Dans Libération, une personnalité du monde politique, culturel ou des médias, est quotidiennement invitée à raconter son « mai 1968 ». Catherine Millet, son tour venu, en expose le sien dans l’édition d’hier. Témoignage capital (j’ironise !) où l’on apprend que la revendication des étudiants de Nanterre du droit à faire l’amour « dans une chambre propre après 22 heures », exprimée le 21 mars 1967, était à l’origine du mouvement social qui a fait trembler De Gaulle et la République.
Quelques jours avant, le 17 avril, Patrick Rotman, sur France 2, expliquait, lui, plus sérieusement, que ces événements s’étaient déroulés dans un contexte marqué par l’offensive communiste du Têt au Vietnam, le dramatique assassinat de Martin Luther King à Memphis et le suicide de Jan Palach dans Prague occupée par les chars soviétiques, notamment.
En mai 1968, Paris et ses étudiants sur des barricades, n’étaient pas en effet le centre d’un monde dont les convulsions avaient pour raison celle de jeunes gens exigeant de « pouvoir faire l’amour dans une chambre propre après 22 heures »…
Assis sur les gradins de la piscine du Palais du Travail, jeregardais ma petite fille faire des longueurs et des plongées sous la surveillance de son maître-nageur, en compagnie d’une jeune maman de ma connaissance qui surveillait la sienne, nouvelle venue dans ce bassin, inquiète et légèrement anxieuse. Nous bavardions de tout et de rien, quand « tout à trac », elle me demanda ce que je pensais du procédé Thor de l’usine de Malvési, m’informa de sa participation à toutes les manifestations, me fit part de sa peur, pour elle, son mari, son enfant et ses proches d’être les victimes d’un cancer ou de je ne sais plus quelle « grave maladie »… et de sa décision, parce que terriblement angoissée, de vendre sa maison de Narbonne située dans le couloir venteux de la « cheminée mortifère », objet de tous ses cauchemars, dont la construction a été récemment autorisée, après qu’elle eut étévalidée par des experts sollicités par le préfet sur d’éventuels risques sanitaires, notamment.
Le Monde n’est plus un journal de « référence ». Cela est désormais admis, même chez ceux qui comme moi, par nostalgie d’une époque où je me précipitais au kiosque du métro Solférino pour y acheter « sa première édition », persistent à le lire dans l’espoird’y trouver un reste de sérieux dans le traitement quotidien de l’information. Un désir rarement satisfait, qui, trop souvent, hélas, se retourne en une froide colère. Comme hier soir, après avoir lu, attiré par un « encadré » m’informant d’une « mobilisation sociale d’ampleur », un « papier » sur les grèves à la SNCF et Air France ; un développement des grèves dans ces secteurs qui, jusqu’ici, je le confesse, me semblait plutôt aller dans le sens contraire à celui souligné – souhaité ! – par le nouvelliste du Monde.
Les départements se partagent cette année 11,5 milliards d’euros de droits de mutation à titre onéreux (DMTO) [1] perçus en 2017. 1,7 milliard d’euros de plus que la somme versée aux départements en 2016… et de 4,3 milliards d’euros par rapport à 2013, qui avait été « catastrophique » pour l’immobilier [2]
Mais une manne qui bénéficie très « inégalement » aux départements. Après le versement de leur contribution au fonds national de péréquation des DMTO des départements mis en place en 2011, Paris et les Hauts-de-Seine, notamment, bénéficient encore de sommes importantes – respectivement 1 milliard et un peu moins de 600 millions d’euros. Les Alpes-Maritimes prennent la troisième place (avec près de 296 euros par habitant), puis suivent le Var (248 euros) et la Gironde (230 euros). Un écart encore plus considérable avec l’Aude, notamment, qui ne perçoit que 49 millions d’euros (135 euros par habitants.) Des distorsions qui posent d’autant plus de problèmes que les départements qui profitent le plus de la manne immobilière ne font pas nécessairement partie de ceux dont les charges d’aide sociale sont les plus fortes. De sorte que la mise au point d’un mécanisme plus solidaire [3] est proposée par sénateur Alain Richard, qui pilote la mission sur les finances locales. Cela dit, s’il est incontestable que les départements se portent mieux quand l’immobilier est en bonne santé, le contribuable, lui, ne peut pas en dire autant…
[1] A l’occasion de l’achat d’un logement ancien (maison ou appartement), des impôts calculés sur la base du prix de vente sont à payer. Ils sont désignés sous le terme de droits de mutation à titre onéreux (DMTO) et constituent une large partie des frais de notaire. Le prélèvement des DMTO est effectué par le notaire chargé d’officialiser la transaction, qui reverse ensuite la somme au département et à la commune où se situe le logement. Les DMTO varient selon les départements. Dans la plupart des cas, ils sont fixés au maximum légal, soit 5,81%. Ce prélèvement se décompose en trois parties :
– La part des DMTO reversée au département (entre 3,80 et 4,50%)
– La part des DMTO reversée à la commune (1,20% systématiquement)
– La part des DMTO perçue par les départements reversée à l’Etat (2,37% du montant perçu par le département systématiquement).
[2] Selon la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), 986.000 logements ont donc été vendus l’an dernier et les prix ont augmenté en moyenne de 4,2% par rapport à 2016.
[3] Le fonds de péréquation actuel des DMTO est doté cette année de 772 millions d’euros, soit 6,73% du montant de la taxe perçue par les départements. Jamais le fonds n’a atteint un tel niveau. C’est, au total, près d’un quart des départements (24) qui, cette année, contribuent à ce dispositif et les trois-quarts (76) qui en bénéficient.