À La fin des années 1970, Tout va mal dans la vie de Paul Auster. Son mariage se déglingue ; l’argent manque, l’inspiration et la force d’écrire des fictions, aussi. Il s’installe dans une petite chambre à Manhattan au 6 Varick Street. C’est dans ce contexte dramatique que son fils Daniel fait ses premiers pas, et alors qu’il reprend espoir son oncle lui apprend la disparition de son père. Un père qu’il a très peu connu. Un « homme invisible », absent : « Pendant quinze ans il avait vécu seul. Obstinément, obscurément, comme si le monde ne pouvait l’affecter. Il n’avait pas l’air d’un homme occupant l’espace mais plutôt d’un bloc d’espace impénétrable ayant forme humaine » (p.14). Poussé par une certitude (« une obligation qui s’était imposée à moi dès l’instant où j’avais appris la nouvelle ») qu’il doit écrire sur ce père, qu’il a très peu connu, Paul Auster se lance dans la rédaction de « L’invention de la solitude ».
Le 10 janvier, je recevais un courriel de Martin Guillemot, le propriétaire de la librairie L’An Demain, située au 4 rue Cabirol à Narbonne, qui m’informait de sa fermeture pour un mois. La raison, un long temps voyage à Taiwan pour y retrouver sa fille – elle y vit avec son compagnon, étudie et travaille depuis deux ans. Réouverture donc le 19 février. Mais pour une courte durée, hélas ! (le local et le fonds de commerce sont déjà en vente.)
Devant ma tasse de café (bien chaud), comme ce matin (très tôt), lecture de quatre ou cinq nouvelles d’Annie Saumont. Trois, quatre pages chacune seulement, mais d’une grande densité. Pour les amateurs de ce genre littéraire, son style, son imaginaire et ses thèmes la rapprochent de Raymond Carver : le maître américain ! Rapide, incisive, rien ne lui échappe des peurs, des troubles et des angoisses de personnages aux identités floues, déboussolés, paumés, mal dans leur peau voire carrément tordus. Pas de mièvres bluettes romantiques : des histoires de vie dans lesquelles on parle aussi d’amour, de tendresse. Certaines de ses âmes grises, longtemps, occupent l’esprit ; qu’il m’arrive de croiser au fond d’un bistrot, un soir de « fête » ou tout simplement au coin d’une rue. Quand ce n’est pas devant mon miroir… Le titre de ce recueil *, posé sur ma table, est tiré d’une des dix huit brèves histoires, le composant : « koman sa sécri émé ? ». Très courte : deux pages. Son titre ? SMS ! Un petit bijou : drôle et cruel…
Sigean est une commune à une vingtaine de kilomètres au sud de Narbonne. Vers 1970, employée dans l’immobilier, Marie Lacaze habite une maison au bord de l’étang à l’écart du centre de Sigean, avec sa fille Julie. Noël, l’époux de Marie, est décédé cinq ans plus tôt ; leur aîné Simon est mort à l’âge de douze ans. Marie reste en contact avec Germaine Marty, la sœur de son mari, qui élève seule sa fille Gilberte, étudiante dans le social. Elle laisse une grande liberté à Julie, âgée de dix ans, qui aime flâner aux abords de l’étang. Le jeudi est encore le jour de repos des écoliers.
Cette année, Michel Py m’a gentiment adressé (comme il le fait régulièrement à chaque rentrée littéraire) le dernier roman de Philippe Jaenada, « La Serpe » (éditions Julliard), présenté en avant-première à Port Leucate le 20 août dernier, dans le cadre de la manifestation « Auteurs à la Plage » (1). Un choix judicieux : l’auteur figure en effet dans la sélection du prix Renaudot 2017, après l’avoir été dans celle du Goncourt. Un roman-enquête qui, d’emblée, à la vue de son épaisse taille (600 pages), m’a paru difficile d’accès ; jusqu’à ce que le « ton » de ses premières phrases finisse par me faire oublier très vite cette première (et fort paresseuse) impression.