Chronique de Narbonne et d’ailleurs. Ce mystérieux retour des martinets!

      Martinet-noir--Louis-Eloyve  

Un rituel : mes premières tasses de café à observer le ciel. Mardi, j’ai vu les premières hirondelles voler au-dessus des toits de la Ville. Un couple niche désormais sous la génoise. À  heures fixes,  elles passent en criant devant mes fenêtres. Deux traits blancs et noirs! Aujourd’hui, ce sont les martinets qui viennent d’arriver; il était 8 heures, ce matin. Pas très nombreux encore! Mais, dans deux ou trois jours, ils zèbreront le ciel  de leurs invraisemblables arabesques. L’an dernier, ils étaient déjà-là le lundi de Pâques! Que signifie ce retard? 

Pour mes amis, une petite carte postale de Rosas…

11 heures ce matin ! Beau temps assuré ; quelques minutes d’hésitation ; et puis l’envie soudaine de dépaysement à moins de deux heures de route ; de pan con tomatas et de jambon ibérique ; de petits poissons fris ; d’une vraie sangria… Direction Rosas ! Ma dernière virée dans cette cité datait d’au moins 15 ans. Une entrée de ville moderne et soignée, un front de mer sobre et élégant – très long aussi : parfait pour la promenade ! Agréablement surpris. Arrivée donc à 12h15, et, comme à mon habitude, une balade sans destination afin de « sentir » la ville. Quelques paroles banales avec un marchand de journaux – de Rosas, au moins trois générations, tient-il à me préciser… – Et ma question : « Donnez-moi le nom du meilleur restaurant de poissons, et tapas ». La Sirena, à trois pas ! Et de me préciser : « Ne vous fiez pas à son apparence ! »

Le papillon de Virginia Woolf!

imgres Une page de lecture, ce matin, prise chez brigetoun.
La même énergie qui inspirait les corbeaux, les laboureurs, les chevaux, et même, semblait-il, les maigres collines aux flancs nus, faisait voleter le papillon d’un côté à l’autre du carré de la fenêtre. On ne pouvait s’empêcher de le regarder. On était saisi, en effet, d’un étrange sentiment de pitié pour lui. Le plaisir semblait ce matin là s’offrir sous des formes si vastes et si variées que le fait de n’avoir de la vie qu’une part de papillon, surtout d’un papillon diurne, semblait un destin amer, et pathétique l’entrain avec lequel il jouissait pleinement de ses maigres opportunités. Il vola vigoureusement à un coin de son compartiment, puis après avoir attendu là une seconde, vola à l’autre. Que lui restait-il d’autre que de voler à un troisième angle, puis à un quatrième ? C’était tout ce qu’il pouvait faire, en dépit de la taille des collines, de la largeur du ciel, de la fumée lointaine des maisons et de la voix romantique, grondant de temps à autre, d’un paquebot au large. Il fit tout ce qu’il pouvait faire. A le regarder, il semblait qu’une fibre, très mince mais très pure, de l’immense énergie du monde avait été glissée dans son corps frêle et minuscule. A chaque fois qu’il traversait le carreau, je me figurais qu’un fil de lumière vitale devenait visible. Il n’était rien, ou presque, d’autre que de la vie. Pourtant, à cause de sa si petite taille et de sa forme si simple, incarnant l’énergie qui s’engouffrait à travers la fenêtre ouverte et faisait son chemin à travers les nombreux couloirs, étroits et complexes, de mon propre cerveau et de ceux d’autres êtres humains, il y avait en lui quelque chose de pathétique mais aussi de merveilleux. C’était comme si quelqu’un avait pris un minuscule grain de vie pure, et l’équipant aussi légèrement que possible de duvet et de plumes, l’avait fait danser et zigzaguer pour mettre sous nos yeux la nature véritable de la vie. Sous cet angle, il devenait d’une incroyable étrangeté. On a tendance à tout oublier de la vie à force de la voir cabossée, boursouflée, rembourrée et encombrée au point qu’elle ne doit bouger qu’avec des airs de grande circonspection et de haute dignité…
Virginia Woolf : La mort du papillon, dans le recueil « Suis-je snob ? Et autres textes baths » Traduction Maxime Rovere. Rivages poche – Petite Bibliothèque Via Le papillon | brigetoun.

Des rapports – compliqués – de Hollande avec Jacques Delors et sa fille Martine Aubry

imagesOlivier Bot est un ami! Je l’ai connu quand il dirigeait la rédaction du Midi Libre à Narbonne. Un esprit brillant et une belle plume. Il exerce à présent son talent à la Tribune de Genève. Il y dispose d’un espace réservé à son blog où il nous offre en partage ses lectures sur la marche du monde.

En janvier de cette année 2014, il nous livrait une « critique » du livre de Cécile Amar, sous le titre « Hollande, la politique de gribouille ». Sans concession sur le style de sa consoeur, mauvais, il insistait, à juste titre,  ce sur quoi elle aurait du appuyer : les rapports intellectuels, politiques et affectifs « compliqués » de Hollande avec Jacques Delors et sa fille Martine Aubry.

Voici son texte, qui n’a pas perdu une virgule depuis qu’il a été mis en ligne.

« Jusqu’ici tout va mal: tout est dit dans le titre. Le début de quinquennat de François Hollande a été émaillé de ratés, d’affaires et de mauvaises nouvelles. Dans son livre, Cécile Amar revient sur ces épisodes, depuis le tweet de Valérie Trierweiler intervenant dans la législative où sa rivale Ségolène se présentait jusqu’à la piteuse gestion de l’affaire Léonarda. Il manquait encore le soap-opéra en scooter et la rupture avec Valérie. Mais cela fait-il un livre? Pas de révélations, quelques off sans grand intérêt. Pourtant, Cecile Amar tenait un bon sujet.

Car on apprend quelque chose d’important dans son livre: le tournant annoncé lors de la dernière conférence de presse du président français était au programme de la candidature avortée de Jacques Delors. Dans ses mémoires, ce dernier écrit: « il fallait dresser un cadre pour un assainissement rapide des finances publiques (Etat et Sécurité sociale) et stimuler la baisse négociée des charges sociales, et donc un allègement du coût du travail en contrepartie de la création d’emplois et du développement de la formation professionnelle ouverte aux chômeurs, aux jeunes sortant de l’école sans employabilité suffisante et aux travailleurs menacés par les mutations nécessaires de nos structures économiques. » Delors pensait que le PS n’accepterait jamais ce programme. C’est le déloriste Hollande qui le met en pratique aujourd’hui. Mais apprend-t-on aussi dans le livre de Cécile Amar, François Hollande qui partage avec Nicolas Sarkozy la certitude d’être le meilleur et de ne rien devoir à personne, n’a jamais payé sa dette à Delors qu’il ignore. Il l’a utilisé comme tremplin, sans jamais le remercier de l’avoir aidé à monter. Ce traitement inélégant tient-il de la haine recuite d’Hollande pour la fille, Martine Aubry?

La charge présidentielle isole. Hollande décide seul, se recroqueville à l’Elysée, écrit Cécile Amar. Et le grand mou pique de plus en plus de colère contre ministres et collaborateurs. Car l’image de Hollande ne correspond pas sur ce point à la réalité. Le mensonge de son ministre Cahuzac sur ses comptes en Suisse ne fera que le conforter dans l’idée qu’il ne peut faire confiance à personne. Seul. Il décide et s’énerve de ce que les autres font. Un président de la Ve encore plus monarchique qu’à l’habitude, se méfiant de sa cour. En revanche, le mi-chèvre mi-chou de ses décisions est largement illustré par le mauvais scénario du début de mandat. Léonarda, accueillie mais sans sa famille, et le prisonnier gracié à moitié, El Shennawy  étant les meilleurs exemples de cette politique de gribouille. Il n’est pas frontal, dit de lui son premier ministre Jean-Marc Ayrault. Fuyant?

Hollande est persuadé que le mariage pour tous de son quinquenat restera dans l’histoire. Il fait remarquer que partout, la crise a mis le peuple dans la rue en Europe. Sauf en France. De quoi se satisfaire? Il donne rendez-vous à la fin de son mandat pour son bilan, répète que la courbe du chômage va s’inverser mais repousse l’échéance.

Tout cela est dans le livre. Son auteur ne brille pas par son style. On aurait aimé que Raphaelle Bacquet ou Florence Aubenas s’emparent du sujet. C’eut été autre chose. Ce qui est drôle d’ailleurs, c’est que le passage le plus et le mieux écrit est signé…. François Hollande. Quand il écrivit sous le nom de Caton une partie du livre consacrée à Delors et Rocard. Extrait: Delors, c’est un être retenu à force d’être réservé, un faut doux, un gentil qui titille et peut devenir méchant. Il a l’orgueil de ceux qui n’ont pas toujours été reconnus à leur juste valeur. Il se réfugie dans les idées, les nuages d’où un Dieu quelconque viendrait le décrocher ». C’est autrement plus imagé et enlevé que le style de Cécile Amar. Ca va mieux en le disant, non?

Jean Germain, le politique, le déshonneur et la mort

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Jean Germain s’est donné la mort. Trois types de réactions: ceux qui, adeptes du « tous pourris », continuent à hurler à la mort devant un cadavre; les hypocrites, qui font semblant de s’affliger et se réjouissent lorsque la meute chasse leurs adversaires; les indifférents, qui s’indignent devant le silence de suicidés anonymes victimes d’autant de déshonneurs professionnels ou judiciaires…