Un ami m’a demandé ce qu’en ce moment je lisais. C’est la question des questions sur les réseaux sociaux ! Je veux dire aujourd’hui et pour des semaines encore. Confinement oblige. Bien qu’on puisse se divertir autrement. Je n’ai pas de préjugés, s’agissant de passer le temps. À chacun sa manière. À cet ami, je lui ai donc répondu : « Rien de la production éditoriale récente ! » Je voudrais que l’on me croit. Et que l’on n’y voit aucune pédanterie. C’est ainsi.
Il est 15h30, cet homme seul, grand, qui marche à pas lents, le haut de son corps comme aimanté par le sol et ses bras sur son dos tenus par ses mains jointes, que j’aperçois de ma fenêtre sur ce large trottoir ensoleillé, est mon voisin.
« M » et « J » habitent à l’année dans un mobil-home situé à une dizaine de mètres de la plage des Ayguades. Ils y vivent depuis trois ans ; sans rien regretter de leur maison, de leurs voisins et amis de leur ancienne petite cité ariégeoise. À les entendre, n’en restent dans leur mémoire que de vagues souvenirs qu’enveloppent une sorte de brume.
Jeudi, 17h20. C’est l’heure à laquelle Mila et moi longeons le boulevard qui nous sépare du Palais du Travail. Comme tous les jeudis, nous nous rendons à son studio de danse. D’habitude, seuls des collégiens en grappes occupent les escaliers et le parvis de ce bâtiment public de style « moderne » : ils attendent leurs bus.
Le 27 de ce mois. Il écrit sur sa page Facebook : « départ pour les Seychelles », et reçoit des brouettées de « J’aime ». Sitôt arrivé, il nous montre ses photos, qui suscitent une flopée de commentaires et des nuages de « coeurs rouges ».