À La fin des années 1970, Tout va mal dans la vie de Paul Auster. Son mariage se déglingue ; l’argent manque, l’inspiration et la force d’écrire des fictions, aussi. Il s’installe dans une petite chambre à Manhattan au 6 Varick Street. C’est dans ce contexte dramatique que son fils Daniel fait ses premiers pas, et alors qu’il reprend espoir son oncle lui apprend la disparition de son père. Un père qu’il a très peu connu. Un « homme invisible », absent : « Pendant quinze ans il avait vécu seul. Obstinément, obscurément, comme si le monde ne pouvait l’affecter. Il n’avait pas l’air d’un homme occupant l’espace mais plutôt d’un bloc d’espace impénétrable ayant forme humaine » (p.14). Poussé par une certitude (« une obligation qui s’était imposée à moi dès l’instant où j’avais appris la nouvelle ») qu’il doit écrire sur ce père, qu’il a très peu connu, Paul Auster se lance dans la rédaction de « L’invention de la solitude ».
Marie Demunter et Laurent Bonneau publient Bruxelles, un livre de photos et dessins dont le sujet est la capitale de la Belgique et de l’Europe.
On avait déjà vu Laurent Bonneau dans un précédent exercice urbain, Narbonne par Bonneau (Ed. Passé Simple, 2016) qui montrait une centaine de vues de sa ville réalisées avec une même contrainte de moyens, de format et de point de vue.
Le couple n’est pas à son coup d’essai pour ce qui est de la création à deux. Il publie depuis le printemps 2016 le discret périodique Récifs (7 opus aux Ed Lauma), combinant photographies de Marie et dessins de Laurent.
Bruxelles est une émanation de Récifs, mais à une autre échelle. On y retrouve le combo dessin/photo, pour un projet éditorial plus considérable. Comme il est impossible d’embrasser une ville d’un seul regard, Bruxelles est constitué de multiples vues et rencontres, rendant compte d’une capitale au tissu et aux ambiances complexes (quelle grande ville ne l’est pas ?). Comme toujours une grande rigueur formelle caractérise leur travail à la fois vif et contemplatif. Beaucoup d’images sont prises dans les brèches du bruyant tissu urbain, quand se transfigure le banal et se révèle une autre monumentalité, une autre théâtralité de la ville. Bruxelloise d’origine, Marie Demunter a sans doute orienté le travail du duo vers cette quête de l’intime urbain.
Un même regard sensible et en hauteur est porté sur les habitants qui sont comme inclus dans le livre, faisant sonner leurs paroles, voix et récits actuels où il est beaucoup question de multiculturalisme et de la mutation des villes.
L’évidente cohérence de vision du couple n’empêche pas sa dualité plastique : Marie Demunter qui excelle dans la capture des lumières et de leurs métamorphoses, quand Laurent Bonneau est plus du côté des couleurs et de la puissance des silhouettes.
Bruxelles, livre sensible et vivant est publié chez Des ronds dans l’O.
Le 10 janvier, je recevais un courriel de Martin Guillemot, le propriétaire de la librairie L’An Demain, située au 4 rue Cabirol à Narbonne, qui m’informait de sa fermeture pour un mois. La raison, un long temps voyage à Taiwan pour y retrouver sa fille – elle y vit avec son compagnon, étudie et travaille depuis deux ans. Réouverture donc le 19 février. Mais pour une courte durée, hélas ! (le local et le fonds de commerce sont déjà en vente.)
André Subirana est de ces amis que je croise tous les jours dans les rues de ma petite ville. Il aime ces flâneries urbaines où son oeil averti capte des images qui aux nôtres se dérobent. D’un vif et discret « clic », il les fixe parfois, toujours en noir et blanc, qu’à de trop rares occasions cependant il expose.
La découverte d’un important ensemble funéraire antique jouxtant le MuRéNa semble réveiller la passion des Narbonnais pour l’archéologie. L’archéologie rejoint vite la passion, crée du rêve et des illusions, mais pour ceux qui en ont fait un métier, elle est aussi et avant tout une science avec ses méthodes rigoureuses, ses heures ingrates et son aride littérature.
Parallèlement à l’archéologie qui ne se déclenche sans autorisation et ne s’exerce sans contrôle, il est possible de pratiquer une activité libre et contemplative des vestiges de l’histoire, une activité en plein essor mais qui a aussi son code d’exigence, je veux parler de l’exploration. Et notre bonne ville, si riche en tradition archéologique, compte parmi ses enfants un explorateur fameux et singulier en la personne de Patrice Strazzera.
Patrice explore depuis maintenant quelques décennies le fond des mers, attiré par les épaves qui le tapissent, et qui avec le temps sont devenus d’étranges fantômes peuplés de gorgones et de pescaille. Patrice et son équipe de passionnés ont une prédilection pour les épaves du siècle passé, et plus spécialement les machines de guerres, avions et bateaux touchés coulés.
De ces explorations, il ramène des photographies, dont certaines sont publiées dans Le Sommeil des Epaves (d’autres ont fait l’objet d’une donation au Ministère de la Culture). Photos en noir et blanc empreintes de gravité et de magie, qui révèlent l’âme des épaves dans leur épais climat sous-marin. Photos de machines mortes, devenues silencieuses mais indiscutablement vivantes dans leur nouveau milieu. Patrice est un plongeur-animiste.
Il ne pense pas être un artiste, mais attribue ses photos à la chance ou à l’ivresse des profondeurs. Allez faire un tour sur ses publications (son site est ici) et vous serez très vite convaincus du contraire.
Ainsi que le film écrit et réalisé en 2012 par Jérôme Espla :