« Chez Michèle » n’est plus ; ne sont plus aussi un peu de Cox et de notre histoire commune…

       

C’est fini ! « Chez Michèle », n’est plus. Michèle Sanchez et Jean Louis Santacruz ont cédé leur kiosque. Il était temps pour eux de « prendre leur retraite ». Je le savais depuis quelques jours et n’en pensais ni ne disais rien. Un peu nostalgique toutefois.Et puis hier après midi, j’ai vu les serveurs de la « Rotonde », le café situé de l’autre côté du boulevard, prendre possession du lieu. Ils allaient et venaient, agités, tout de noir vêtu. On aurait dit les employés d’une société de pompes funèbres pressés d’en finir avec l’histoire commerciale d’une famille, et, avec elle, d’un emblème cher à la mienne et à d’autres, nombreuses, aussi.

Il est minuit… Le silence pèse sur la ville…

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
C’est une fin de jour sombre et froide.
Le matin, une petite pluie fine et délicate
lustrait trottoirs et chaussées.
      Quelqu’un revenait du marché…
Sur les toits, le cuivre des vieilles tuiles virait au brun foncé.
 
      L’air était glacé.
 
La porte en acier du parking s’est refermée derrière moi.
Son bruit d’un coup semblait couvrir toute la ville.
Nous rentrions de chez les enfants
où nous avons tiré les Rois !
La fève ne fut pas pour Mila.
      L’ambiance était chaude, paisible et gaie.
 
Cela faisait longtemps…
 
Par la baie, j’aperçois des étoiles. Comme voilées !
La tour de Saint Paul semble à portée de mains.
Une lumière jaune pâle en montre le sommet,
qu’entoure une dentelle de pierre.
 
Il est minuit.
 
C’est une fin de jour sombre et froide.
Le silence pèse sur la ville.
      Il est déjà aujourd’hui…

Au marché aux fleurs une dame vapotait…

Palais des Archevêques. Passage de l’Ancre. Narbonne.

Le jeudi matin, une petite partie de la place de l’Hôtel de ville est réservée au seul « marché aux fleurs » ; l’alimentaire et celui de plein vent sont un peu plus loin : sur les deux « rives » de la Robine. Si le ciel est tristement nuageux, l’air est toutefois agréable : ni chaud, ni froid. Une ambiance de septembre : un peu romantique.

Il n’existe plus de « plages désertes aux eaux turquoises… »

Lever du soleil aux Ayguades (Gruissan)

Chaque année, il me montre ses photos de plages exotiques « désertes caressées par des eaux turquoises. » De celles que l’on trouve dans les brochures remplies de bobards garnissant les présentoirs des agences de voyages — qui me laissent froid. Il est de ceux qui pourtant savent que les plages désertes n’existent plus qu’au bout du monde, et dans des milieux « hostiles ». Quant aux eaux turquoises, à moins de posséder un bateau ! De sorte que je me suis toujours demandé s’il ne partait pas dans ces îles à portée d’avion pour rentrer la tête truffée de clichés, sa valise à roulettes remplie des mêmes photos que celles illustrant cartes postales et dépliants touristiques. De son côté, il soutient que la plage des Ayguades, à Gruissan, qu’à mon tour je lui montre, ne peut pas être aussi belle que sur mes photos. Il ne veut pas l’admettre, mais, dans son esprit, elle ressemblera toujours à ce que les journaux et télés nous montrent des plages du continent : de la foule et du bruit. Ce matin pourtant, trois heures après avoir assisté à un splendide lever de soleil, seul, assis à même le sable presque blanc,  je me suis baigné longuement dans une eau transparente – elle était à une température parfaite — disons à mon goût : rafraîchissante ! Et à cette heure, sans être déserte, il y avait grandement de la place pour chacun ; et chacun pouvait admirer sous un ciel idéalement bleu, une mer calme et un paysage, alentour, merveilleux. Mais « les gens », me dit-il, d’un air pincé. Eh ben ! Ils proviennent de partout et n’étalent pas leurs suffisances sociales et financières. Ils sont vieux, gros, maigres — peu ! — , superbes, comme ailleurs. Mais tous heureux d’être au soleil, lui dis-je. Mon ami, n’en croit évidemment rien, fait la moue. Il a du mal à me comprendre. Mes photos, mes paroles sont vaines. Plus tard, nous étions au moment où le vent tombe et la Clape rougeoie, il me racontera sa course sur une plage « caressée par des eaux turquoises » : la pluie s’était mise soudainement à tomber. Je l’imaginais alors, de ma cabane, sa serviette sur la tête, chercher en tous sens un abri… J’ai toujours trouvé ridicule l’exotisme des marchands de voyages…

Entre ciel et mer, la pointe des Albères semblait guider mes pensées…

         

     

Hier après-midi, à Gruissan, deux heures de marche et de rêveries sur la même plage où, l’été, le repos agité des petits plaisirs balnéaires occupe l’essentiel de mon temps.

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