Il passe tous les jours devant ma cabane. Vers quinze heures. Trente ans peut-être. Blond. Le visage doux. Il dit « Bonjour » sans insister. Toujours avec la même jeune fille. Discrète. Ils se ressemblent. Il tire une petite remorque. Parasols, chaises, serviettes. Et tout ce qu’il faut pour pêcher. Sur la plage, ils s’installent un peu à l’écart. Ils se baignent. Moins que les autres. Lui, il prend un masque et un tuba. Il part loin, chercher des appâts. Elle l’attend. Puis lui caresse les cheveux. Il rêve. Quand la plage se vide, il plante ses cannes dans le sable. Lentement. Seul. Parfois il prend deux dorades. Trois, rarement plus. Ce soir-là, le ciel était rose, lavé de bleu. Benjamin ne bougeait presque pas. Ses gestes épousaient le murmure des vagues. Il respirait avec la mer. C’était le dernier souffle du jour.
Il y avait la mer, au loin. Et la chaleur d’un soir d’été à Narbonne-Plage.
Quelques jours plus tôt, un incendie dramatique avait léché les portes de la ville. Plus de 2 000 hectares partis en fumée. De la garrigue en cendres, des pins calcinés, un vent de panique. Des vies brisées. Et puis le retour au calme.
Le tréfonds vorace de notre espèce, ne déroge jamais à la règle. Une évidence qui vous saute au visage dès les premières lueurs du jour, pour peu que vous preniez la peine d’ouvrir l’œil.
Hier après midi, une scène qui aurait pu s’échapper d’un chromo d’antan. Un homme pousse une de ces carrioles enfantines dont on attend, par réflexe atavique, qu’elle dissimule un enfant. Il marque une pause au bas de la promenade des Barques. Nulle layette ne garnit l’alcôve mobile, mais bien un petit cabot, affairé à se composer une majesté de souverain en exil, juché sur son trône de pacotille. Notre homme arbore l’allure nonchalante d’un chambellan au vestiaire fatigué. Et le canidé, sans aboiements intempestifs observe l’agitation citadine d’un regard impérial.
Ainsi donc, l’humble promeneur, poussait un landau comme on pousse un destin, en serviteur zélé d’une royauté canine.
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