Un matin du « monde d’après »…

Mirage.

Hier matin, assis à la terrasse étendue d’un café sur la promenade des Barques, je goûtais le plaisir d’une vie sociale en partie retrouvée. Il y avait du monde autour de tables très animées ; sur de rares bancs des oisifs dans mon genre se tenaient serrés et sur la rampe du déambulatoire de petits groupes de jeunes gens campaient : ils riaient. L’air était doux sous les platanes du cours. Des promeneurs paresseusemment le montait ou en descendait. D’un détail, d’une apparence, j’en tirais des histoires, j’imaginais des vies. Un spectacle qui ne lasse jamais. Rien du bruit du monde alors ne venait le troubler. Seul comptait ce mirage.

On ne porte plus des « habits du dimanche »…

Famille d’ouvriers agricoles en habits du dimanche.

Dans le monde d’avant celui-ci – bien avant –, dans le monde de mon enfance, précisémen, « sortir » de chez soi le dimanche était un évènement, pour ne pas dire une « fête ». Le matin ou l’après midi et quelles qu’en fussent les raisons, domestiques, privées ou sociales, nous « sortions », en effet ; mais nous ne sortions pas de n’importe quelle manière.

Scène de la vie ordinaire : « Je cherche mes oreilles ! »

   

C’est, plongé dans le feuillage d’arbustes buissonneux aux pointes joliment bleutées, qu’en cette fin de matinée, cours Mirabeau, je l’ai aperçu : il était en train d’y tailler, au couteau et à l’aveugle, des branches. Je m’en suis approché et, calmement, lui ai demandé ce qu’il faisait ainsi à la place des jardiniers municipaux dont c’est le métier.

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