François Hollande, avec sa rigueur de jugement habituelle, considère que le premier ministre manque de rigueur morale. Plutôt que de gestion sérieuse et économe, il voudrait que François Fillon parlât en effet de plan de rigueur. Ce serait faire preuve de rigueur dans son expression, à défaut dans avoir dans l’exécution de sa politique, nous dit-il. Si le raisonnement est indiscutablement empreint d’une certaine rigueur, suffira-t-il à faire fléchir la rigueur toute protestante de Fillon ? En toute rigueur, j’en doute. Faire preuve d’une certaine rigueur dans la gestion des affaires de l’Etat, ne mettra pas la France et les Français aux arrêts de rigueur. Les rigueurs de la conjoncture sont telles, qu’à l’extrême rigueur, avec un peu moins de dépenses publiques, on peut adoucir la rigueur des prélèvements fiscaux et sociaux. Tout en tenant compte, bien évidemment, des rigueurs de la pauvreté, ce qui, on en conviendra, avec celles du sort méritent quelques délais de rigueur au risque de tomber dans une récession d’une rigueur excessive. La rigueur de l’esprit, en politique, a ceci d’étrange que ce mot de rigueur est devenu imprononçable.Trop âpre, rude, sévère sans doute lui qui exprime si bien la justesse,la cohérence,l’exactitude. Dans ce monde aseptisé et apeuré l’exactitude n’est hélas plus indispensable.Désormais, il nous sera tenu rigueur de traiter avec rigueur de quoi que soit ou de quelque chose avec quelqu’un…Adieu rigueur, bonjour paresse !
Ce matin, dans la presse locale, un homme,court de taille et interminable de fatuité. Il ya des gens comme ça à qui les honneurs politiques arrivent comme un accident.Ils finissent toujours par se trouver dignes de leur étoile et croient avoir de l’esprit. Ajouterai-je qu’ils épouvantent et qu’ils déshonorent ceux qui ont quelque part à leur élévation.
Décidément, nous vivons une situation politique bien étrange. D’un côté, un Président de la République qui, par ses propositions politiques, son comportement privé, voire son vocabulaire polarise l’ensemble des médias et fait exploser la représentation que se font les Français de l’exercice de la fonction présidentielle ; de l’autre, une opposition totalement désorganisée et sans programme dont les leaders espèrent engranger, à l’occasion des municipales, un maximum de troupes et de notoriété pour les futures présidentielles. Au milieu, un électorat de plus en plus inquiet pour son pouvoir d’achat, ses retraites et l’avenir de ses enfants, et qui sanctionne sévèrement, dans les sondages, le locataire de l’Elysée.Une situation qui amène journalistes et hommes politiques à penser ( le terme est peut-être un peu fort ) que Nicolas Sarkozy doit changer du tout au tout sa manière d’agir pour remobiliser son électorat et reconquérir l’opinion. Franchement je n’en crois rien. Il est dans sa nature d’agir et de parler ainsi. Il ne modifiera donc en rien son comportement, qui gagnera peut-être, espérons le, sur la durée, quelques « douceurs » italiennes, de style et de mots.En toute hypothèse, si année blanche il doit y avoir pour lui et sa majorité, qu’il engage enfin les véritables réformes de structure que le pays attend. Il n’en sera pas plus impopulaire pour autant et l’intérêt général, qui n’est pas conditionné par le nombre de villes perdues ou gagnées par ses amis, en sera, lui, satisfait. C’est dans cinq ans que les électeurs jugeront.Pas dans 15 jours!…En attendant, je m’apprête à voter Obama! Quel pays tout de même…
En ces temps d’hystérie médiatique où tout s’écrit sur n’importe quoi, n’importe qui et n’importe quand ; où le terrorisme de la transparence est vanté par les mêmes qui en stigmatisent l’usage à leur endroit ; où l’actualité se confond avec les vapeurs libidinales de ses commentateurs ; où le cynisme de nos élites éditoriales se goinfre de ragots et de rumeurs, il est bon d’aller se rafraîchir dans ces oasis de pureté que sont nos grands auteurs. Ainsi, ces lignes : « Heurtant de front tout ce qui fait aujourd’hui l’admiration des hommes, je ne puis m’attendre qu’à un blâme universel ; et ce n’est pas pour avoir été honoré de l’approbation de quelques sages que je dois compter sur celle du public : aussi mon parti est-il pris ; je ne me soucie de plaire ni aux beaux esprits, ni aux gens à la mode. Il y aura dans tous les temps des hommes faits pour être subjugués par les opinions de leur siècle, de leur pays, de leur société … » Ecrites en 1750, par J.J Rousseau dans sa préface au Discours sur les sciences et les arts, page 9 de la superbe collection « Le Monde de la Philosophie- Flammarion ». Discours dans lequel on peut lire aussi, page 29 : « Non, il n’est pas possible que des esprits dégradés par une multitude de soins futiles s’élèvent jamais à rien de grand ; et quand ils en auraient la force, le courage leur manquerait. ».Tout dans ce texte est admirable. On y puise toujours une eau vive qui court par delà le temps et qui n’en continue pas moins de féconder nos esprits…