Jeudi matin , sur France Info : «Un ministre, en 2014 ou en 2015, n’est pas quelqu’un qui est payé pour lire des livres chez soi. C’est vrai que c’est important, mais je pense que ce que les Français, les auteurs et les artistes attendent de moi, c’est que je défende leurs intérêts. Un ministre de la Culture doit défendre la culture et non sa culture.» Sur le fond, elle n’a pas tort. On ne demande pas au ministre des transports de savoir conduire un TGV, comme à celui de la Défense de piloter un Mirage. Mais à suivre son raisonnement on pourrait en conclure que, pour défendre la Culture, il n’est pas nécessaire d’en posséder et d’en entretenir quelqu’une, la sienne ou celle que l’on présente en général comme commune.
Grosse tempête médiatique dans un verre d’eau. Ce vendredi, le magazine Closer a révélé l’homosexualité supposé de Florian Philippot, le numéro 2 du Front national. Dire de quelqu’un ou de quelqu’une qu’il est homosexuel serait donc une chose effroyable, condamnable! Ce qui , paradoxalement, chez nos indignés de tous bords, tendrait à présenter son orientation sexuelle comme une anomalie, voire une perversion. Un comble! Cela le mettrait, de plus, en danger, nous dit-on! Ce qui, dans une société où le mariage pour tous vient d’être institué avec comme conséquences, notamment, la publication des bans et la participation à une cérémonie ouverte à tous en mairie, est proprement irréel , et pour tout dire stupide. Ferait-on observer que cette révélation nuirait à sa carrière politique, qu’on rappellerait que Bertrand Delanoë l’a fait en 1998 et a été élu deux fois de suite maire de Paris, et que Klaus Vowereit, le maire de Berlin, a fait son coming-out en 2001 et vient juste de mettre fin à sa fonction. Et puis enfin, en quoi le outing de Florian Philippot serait-il plus indigne que la révélation de la liaison du Président avec Julie Gayet? Encore une fois nous voilà pris dans une torrentielle pluie d’hypocrites et fausses colères pour une affaire proprement insignifiante… Le plus honorable était de n’en point parler, après tout Monsieur Philippot a le droit d’aimer et d’être aimé par qui bon lui semble. Et Closer n’est pas le responsable de cette déferlante, mais bien ceux qui depuis dans toutes les rédactions commentent sur les commentaires afin d’entretenir ce flux médiatique faussement moral et réellement profitable…
Un vent froid et humide parcourt les rues de la ville. De ses murs sourd une musique de galerie marchande. Sirupeuse , assommante! Le temps de l’Avent est désormais celui des marchands. Comme partout ailleurs, le même village de Noël et les mêmes cabanes aux toits ouatés. De l’autre côté des Barques, des manèges pour les enfants et une gigantesque «montagne russe». Son architecture de ferraille, fait un bruit de fin de monde quand ses voiturettes la dévalent. On crie; on s’amuse a se faire peur. La nuit tombe au milieu du jour quand je sors de ma petite librairie de la rue Droite, pressé de me plonger dans l’univers des Modiano, James Salter,Marie-Hélène Lafon et Nicolas Bouvier. Nicolas Bouvier et son «Usage du Monde» que j’ouvre dans le salon de thé de la rue de l’Ancien Courrier tenu par une sympathique et chaleureuse américaine qui y fait d’excellents gâteaux. Et dès les premières lignes, les perceptions se pressent, se renvoient les unes les autres dans une résonance heureuse où tout est lié : « J’étais dans un café de la banlieue de Zagreb, pas pressé, un vin blanc-siphon devant moi. Je regardais tomber le soir, se vider une usine, passer un enterrement – pieds nus, fichus noirs et croix de laiton. Deux geais se querellaient dans le feuillage d’un tilleul. Couvert de poussière, un piment à demi rongé dans la main droite, j’écoutai au fond de moi la journée s’effondrer joyeusement comme une falaise. Je m’étirais, enfouissant l’air par litre. Je pensais aux neufs vies proverbiales du chat ; j’avais bien l’impression d’entrer dans la deuxième.» (Pages 10 et 11). Chaque phrase est un enchantement, une exploration sans fin des innombrables couches de sens qui composent le réel, me disais je; jusqu’à ce que déboule dans mon petit abri a l’écart du monde, cette furie enfiévrée gueulant dans son portable collé à son oreille la liste sans fin de ses achats du jour.Toute l’ambivalence et les contradictions du monde dans ce seul moment qui les condense toutes. Impossible en effet de partager entre l’or et la boue. Il sera temps plus tard, au milieu de la nuit , de reprendre le cours de ma lecture… La vie quoi!
Les maires de Béziers, Robert Ménard et de Narbonne, Didier Mouly sont réunis ce matin à Narbonne pour officialiser leur coopération qui pourrait s’engager, si j’en crois les propos qui m’ont été rapportés, dans les domaines de la culture, du sport et principalement de l’économie.
À Créteil, un fait divers abominable, une jeune femme de 19 ans violée dans un appartement devant son compagnon sur un mobile antisémite. Un faits divers misérable, un crime qui souligne le climat de violence communautaire et religieuse qui s’est emparé des banlieues populaires du pays. Et quelques centaines de personnes seulement pour se réunir dans le quartier du Port, pour dénoncer cet acte odieux commis contre ce couple tenu pour être riche par leurs agresseurs parce que juifs, évidemment! Pourquoi donc ce silence relatif au tintamarre médiatique habituel, à l’exception des fortes paroles du Ministre de l’Intérieur : »Derrière ce crime, il y a un mal qui ronge la République et que nous devons combattre à tout prix. »