Tous les soirs, après dîner, elle s’enferme dans sa chambre. Sans un mot pour sa fille occupée dans la cuisine. Elle apparaîtra plus tard en travers de la porte qui sépare les deux pièces.
7h30. Il fait encore nuit. Des entrées maritimes, basses, lourdes, menaçantes, rasent les toits, couvrent les arbres. Tout est gris. Les rues sont désertes. Pas un bruit. Une dame en noir apparaît. Elle est masquée ; s’aide d’une cane. Un coup de vent lui fait perdre l’équilibre. Elle s’arrête, se redresse, teste ses appuis et repart. Pour disparaître derrière le mur sale d’un immeuble voisin. Dans un ciel à portée de main, on devine aussi le vol lent des goélands. Dans quelques heures, le vent va se lever. Puissant. Violent. Éclateront alors ces masses sombres. Destructrices. Sur la côte et dans l’arrière pays, des hommes s’y préparent. Dans l’angoisse.
J’ai des « amis » qui, depuis deux jours, ne ferment plus l’oeil de la nuit. Ils vivent à l’heure américaine. Comme si leur vie en dépendait. Une vie qui pour nombre d’entre eux se compte pourtant en un peu plus d’une dizaine d’années. À peine. En étant optimiste !
Je suis devant le clavier de mon ordinateur et ne sais par quels mots exprimer de sang froid ma colère. Le pays souffre et compte ses morts, victimes innocentes d’un terrorisme aveugle à toute humanité et d’un virus indifférent à toute sociabilité.
On achève et égorge des chrétiens jusque dans nos églises ! Au nom d’un Dieu qui n’est pas le leur ; et le jour anniversaire de son prohète. À Nice. Ce matin. Quelques jours après qu’aux portes d’un autre temple, celui du savoir, un même bourreau ai réalisé son abominable office. Rien ne sera épargné de tout ce qui nous rassemble. Il faudra du courage, encore et encore, pour regarder en face cette ignoble et mortifère idéologie. En désigner les porteurs d’eaux et de glaives. Les affronter. Toujours ! Sans craindre les procès en sorcellerie politique. Sans trembler.