Contre-Regards

par Michel SANTO

Chroniques de Narbonne – mais pas seulement !

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L’argument souvent avancé par les responsables des exécutifs locaux, départementaux et régionaux pour justifier l’inflation de leurs budgets de « communication, est la nécessité de « vendre » leur territoire afin d’y attirer des entreprises , créer de la richesse et des emplois. Un argument bien pauvre en réalité. Il suffit pour s’en convaincre  de rapporter, en Languedoc-Roussillon comme dans ma petite ville qui se veut grande – mais elle n’est pas la seule – , les budgets consolidés en question  ( sur la durée de deux mandats, par exemple ) au nombre d’emplois effectivement créés. Point besoin d’alourdir cette chronique de références et de chiffres, tout le monde sait de quoi il en retourne sur ce sujet. Nous occupons le haut du tableau par la faiblesse de la richesse créée par habitant, le taux de chômage , le nombre de « rémistes » etc… Cet argument est d’autant moins sérieux que les dirigeants d’entreprise à la recherche d’un site où s’implanter disposent de services et de conseils qui savent comment traiter les luxueuses brochures et  forts couteuses « campagnes de communication » orchestrées par nos prodigues collectivités dont ils sont la « cible » : classement vertical ! Pour se faire une idée des avantages comparatifs de notre région, il leur suffit en effet de consulter les statistiques de l’INSEE ou celles, plus récentes et forts déstabilisantes,  de l’INPES. Qu’apprend-t-on ? Et  bien que la région où l’on consomme le plus d’alcool n’est ni la Bretagne ni le Nord-Pas-de-Calais mais… le Languedoc-Roussillon. Pas moins de 17% de la population y boit tous les jours, nettement plus que la moyenne nationale de 11%  ; que les taux d’ivresse sont les plus élevés et qu’on expérimente le plus facilement le cannabis ou la cocaïne. Il n’y a guère que pour l’usage des poppers ou des champignons hallucinogènes que le Languedoc-Roussillon se laisse devancer par la Bretagne. Un tableau peu reluisant évidemment en lien direct  avec le niveau de vie, le taux de chômage et la progression de la pauvreté puisque dans ces domaines aussi le Languedoc-Roussillon détient le titre incontesté de champion de France. Le Grand Narbonne, n’échappant pas – par quel miracle le pourrait-il ? –  à ces « pathologies sociales » symptomatiques d’un territoire en grandes difficultés. Loin de moi cependant l’idée que soient supprimées toutes les dépenses de communication des collectivités régionales ou qu’elles soient plus conformes à notre réalité économique et sociale  forcément désespérante – celle décrite par les chiffres officiels  – Non , le propos se veut plus raisonnable, moins masochiste – si on veut ! C’est de la propre « santé » de nos élus dont je m’inquiète surtout .  Car à les entendre réciter de « merveilleuses » fables pour justifier les coûts  exorbitants de leur tout aussi merveilleuse « communication institutionnelle » , je crains qu’ils ne finissent par se persuader que leur « territoire » d’élection  est bien conforme à celui complaisamment représenté dans les séduisantes pages glacées de leurs nombreuses et luxueuses brochures publicitaires. Ce qui s’apparente, me dit un ami praticien , à un trouble du langage bien connu des spécialistes en psycho-pathologie répertorié sous l’obscur substantif de psittacisme; et que le languedocien de base, plus prosaïque et doté d’un solide bon sens, présente comme celui si caractéristique et insupportablement répétitif d’un perroquet … Chez lui aussi, il est vrai,  les mots n’ont pas de sens !

Non, la France n’est pas et ne devient pas raciste !

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La ministre de la justice Christiane Taubira, comparée à un singe par une candidate FN exclue depuis, traitée de « guenon » par des enfants lors d’une manifestation anti-mariage gay, et nous tombe sous les yeux, depuis le début de cette semaine, une rafale d’articles, dans tous les médias ou presque, pour nous ressortir cet injuste et insupportable procès : la France est raciste.

Vous, moi, toutes et tous, quoi ! La France et non une timbrée « feneu » et deux ou trois gamins, qui mériteraient une bonne leçon…de morale ; si cela est encore permis ! Une rafale , que dis je, un véritablement bombardement médiatico politique, qui se révèle être en réalité – je m’empresse, ici, de dire que je condamne de la manière la plus ferme les insultes à elle adressées, on n’ est jamais assez prudent ! – une opération de diversion parfaitement conçue et très bien orchestrée ! Ainsi, le mal, le seul qui rongerait notre société serait le racisme et madame Taubira en serait la vivante preuve, l’emblématique victime. Voilà ce qui nous est signifié, même si je n’ignore rien de certaines conversations entendues chez mon buraliste où dans certains bistrots de plein air des halles… Reconnaissons le , ce plan de communication est quasi parfait : plonger la France dans un état de mauvaise conscience profond, cultiver ses penchants névrotiques à la repentance et lui faire oublier les véritables raisons de son mal être et de sa colère. Parfait et… pervers, car à force de sonner le tocsin du « racisme de tous », celui de la France, on masque, par le dérisoire, souvent, des faits rapportés, et le ressassement  , toujours, de cette stupide abstraction, ce qui mériterait vraiment d’être appelé à la barre de l’opinion . C’est ainsi aussi  qu’on le banalise, pour le plus grand profit de ceux qui en font véritablement commerce tout en plongeant les français dans le plus grand désarroi, le doute moral ou la haine de soi . Drôle de programme pour redonner confiance à une société en crise, non seulement économique mais aussi – osons le mot tabou, identitaire ! Comme me le disait , pas plus tard qu’hier, un ancien journaliste – nous déjeunions dans le même restaurant –  la sagesse aujourd’hui serait de plus lire les journaux, écouter les radios et regarder les télés. Nous nous sommes donnés rendez vous en Patagonie… 

 

La leçon de J.F Revel au président et aux lycéens de la FIDL

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Les éditoriaux de Jean-François Revel comptent depuis trente ans parmi les plus influents de la presse française. Rassemblés dans un fort volume sous le titre «  Fin du siècle des ombres » – toujours posé sur mon bureau à deux doigts de mon clavier – ,  j’en lis régulièrement quelques uns . Toujours d’actualité et toujours au service d’une pensée marquée par le souci de vérité et le désir de convaincre, c’est à chaque fois une vraie leçon de style et de courage intellectuel. 

Ainsi cet extrait d’un éditorial du 22 février 1997 (page 581), sur lequel je suis par hasard tombé ce matin, que nos lycéens devraient étudier plutôt que d’ânonner, comme hier, de grossiers et stupides slogans, à l’imitation de leurs aînés de SOS Racisme recasés depuis dans les plus hautes instances du pouvoir.  Insensible à toutes les formes de  : « Quiconque ose nous contredire , est fasciste », Revel , tranquillement, alors prenait sa plume et écrivait ceci : « Comment, dans l’état actuel des flux migratoires, instaurer sans catastrophe une liberté totale d’immigration ? Comment admettre une foire d’empoigne où l’entrée et l’installation définitive de tout étranger extracommunautaire dépendraient de sa seule décision, sans que les autorités du pays d’accueil aient leur mot à dire ? Exiger que l’immigration cesse d’être contrôlée ou même connue, surtout dans un pays à forte protection sociale, avec des budgets sociaux déjà en grave déficit, c’est rechercher la déstabilisation permanente de la société, l’abolition de l’État de droit, voire de la citoyenneté. Le programme du Front national, qui veut mettre tous les étrangers dehors, et celui des pétitionnaires, qui veulent les mettre tous dedans, sont également impraticables et immoraux. Car ils assurent l’un et l’autre l’échec irrémédiable de l’intégration, cette longue tradition qui fut et doit demeurer l’honneur de la France. Selon leur démarche habituelle, les intellectuels ou automates de gauche, ou prétendus tels, organisent ainsi la destruction pratique de l’idéal dont ils se réclament en théorie. Ce n’est pas là être l’ami des immigrés ; c’est être leur pire ennemi. »

Texte limpide que le président de la FIDL,  qui ferait bien de moins faire la grève et d’être plus assidu en lettres ( « le ministre de l’intérieur s’orgueille ( sic !!! )  d’expulser autant d’irréguliers que Sarkozy » ) serait bien inspiré de méditer. On lui souhaite aussi, quoiqu’il fasse dans l’avenir, de pouvoir s’exprimer un jour comme ce maître …

Chroniques de Narbonne : Midi Libre sera-t-il sauvé ?

 

 

 

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Dans une précédente « Chronique de Narbonne » consacrée au sévère plan de restructuration du groupe auquel appartiennent l’Indépendant et le Midi Libre, je m’inquiétais de ses conséquences sociales: suppressions de postes, reclassements et fermeture de l’agence narbonnaise du Midi Libre d’ici la fin de l’année .  Je relevais aussi , conséquemment, la perte relative d’un esprit de concurrence qui, objectivement, rendrait plus difficile encore l’expression publique des diverses options politiques d’ores et déjà en compétition pour les prochaines municipales. Ce souci, la CFDT, qui tente de mobiliser les salariés du groupe afin de limiter les dégâts, le fait sien aussi en faisant observer que : « La disparition d’une ligne éditoriale va affaiblir notre capacité, déjà érodée, à faire face aux différents pouvoirs, d’autant plus que la hiérarchie a pris l’habitude de courtiser les élus dans l’espoir utopique qu’ils aideraient les journaux à éviter la noyade. » Le représentant de cette centrale syndicale, qui connait bien le milieu,  aurait pu être encore plus précis et faire état des affinités de toute nature liant rédactions locales et pouvoirs politiques locaux, auxquelles se mêlent parfois toutes sortes de traitements de faveur – Chut !… Entendez moi bien, comme partout ailleurs, ou presque … L’exemple venant d’en haut : à Paris la presse et la politique, ne dorment-elles pas dans le même lit ?  En province en général et dans ma petite ville en particulier, une mesure toute simple permettrait pourtant de limiter ces effets pervers : déplacer tous les trois ou quatre ans les chefs d’agence, les faire changer d’air, comme les sous-préfets. Mais on en est pas là, loin s’en faut ! C’est plutôt l’inverse qui prévaut: la politique du groupe « Les Journaux du Midi » semblant se limiter au laisser faire de chaque agence avec les politiques locaux dominants, pourvu qu’il n’y ait pas de vagues. Cela dit, j’apprends que certains des journalistes du Midi Libre de Narbonne travailleraient , avec leurs collègues de Carcassonne, au maintien de ce titre dans le Département de l’Aude ; et ce autrement que pour y conserver «  deux éditions fantômes à l’image de l’édition Catalan de Midi Libre . » Inutile de préciser que je soutiens cette initiative , comme je soutiens les salariés de l’Indépendant qui, par la voix de leur syndicat, veulent un titre plus libre, plus dynamique et plus offensif. La seule manière,  pour une presse locale souvent paresseuse – parce que souvent, il faut en convenir, appauvrie en moyens financiers et humains – de se sauver de la noyade financière et … déontologique.

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