Contre-Regards

par Michel SANTO

Le Languedoc-Roussillon, une région surfaite?

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C’était le 1 Février 2007, et j’écrivais ceci :

« Dans quelques années, le Languedoc-Roussillon, d’abord comme circonscription administrative de l’Etat puis comme collectivité territoriale de plein exercice, aura cinquante ans de suivi statistique. Un demi siècle ! Le constat ? Notre région n’aura cessé d’occuper le bas du tableau, juste devant la Corse, pour ce qui est de la richesse produite par habitant, et le haut, par le nombre de chômeurs rapporté à sa population active. On pourrait multiplier les indicateurs statistiques que nous n’échapperions pas à cette dure réalité, que nous ne voulons pas admettre : notre région vit sous perfusion financière. Sans les transferts financiers massifs en provenance d’Ile de France et de Rhône Alpes, notamment, nous serions tout simplement dans l’incapacité de satisfaire nos besoins les plus essentiels…Ceux de ménages largement tributaires de la solidarité nationale, dans une région déficitaire en logements sociaux et sous équipée pour  l’accueil des personnes âgées… Prétendre, comme le font certains,dans la classe politique régionale,inverser cette tendance est tout simplement mensonger. Je ne vois, en effet, aucune raison macro-économique ou politique qui me permettrait de nuancer ou d’infirmer cette remarque. Notre économie (malheureusement ?) de nature essentiellement résidentielle, ne le peut. « Dynamisée » par l’accroissement de population, elle crée des emplois peu qualifiés et à faible revenus principalement dans les services à la personne et  la construction de logements.Le tourisme n’étant qu’une variante de ce phénomène… »

Nous sommes le 1.02.2011, et je lis dans le Midi Libre du 12 janvier 2011, les propos de Georges Roques, géographe et auteur du livre décapant, et nécessaire pour ceux qui ne supportent plus la langue de bois de nos édiles locaux et de leurs services de communication: « Paradoxes en Languedoc-Roussillon. Une région surfaite« . Des propos qui corroborent encore aujourd’hui les miens. Ce qui, hélas, ne me réjouit pas!

 

 

La dignité perdue.

 

 

 

On  » plonge  » dans le  » Gai Savoir  » comme il convient de le faire: sans réfléchir. Sur d’y trouver un petit bonheur de lecture et de méditation.

 

Mes lectures: Livre premier- § 8

 

 » Dignité perdue. – La méditation a perdu toute sa dignité de forme, on a tourné en ridicule le cérémonial et l’attitude solennelle de celui qui réfléchit et l’on ne tolérerait plus un homme sage du vieux style. Nous pensons trop vite, nous pensons en chemin, tout en marchant, au milieu des affaires de toute espèce, même lorsqu’il s’agit de penser aux choses les plus sérieuses; il ne nous faut que peu de préparation, et même peu de silence :- c’est comme si nous portions dans notre tête une machine d’un mouvement incessant, qui continue à travailler même dans les conditions les plus défavorables. Autrefois on s’apercevait au visage de chacun qu’il voulait se mettre à penser – c’était là une chose exceptionnelle! – qu’il voulait devenir plus sage et se préparait à une idée : on contractait le visage comme pour une prière et l’on s’arrêtait de marcher; on se tenait même immobile pendant des heures dans la rue, lorsque la pensée « venait » – sur une ou sur deux jambes. C’est ainsi que cela « en valait la peine »! « 

C’est intéressant!

 

 

C’est intéressant ! Combien de fois l’avons-nous nous entendu dire. Par un ami, hier, de retour d’une FIAC qui porte si bien son acronyme, et par un autre, récemment, revenant d’une interminable procession d’adoration populeuse devant des « Monet ». Par cette présentatrice platinée aussi à propos d’un affligeant film coproduit par sa chaîne. Ou dans la bouche de ce critique verbeux en panne d’idées et de mots. Jamais comme aujourd’hui une époque ne fut indifférente au sens des mots et des choses. Comme aux rapports qu’ils entretiennent avec ceux qui les font naître. Des êtres de surface blasés, oublieux d’un temps qui les écrase par la surabondance d’un imaginaire de pacotille, et qu’ils consomment dans une ivresse désespérée.

Martin Heidegger, « Que veut dire Penser ? « , in Essais

 » Inter-esse veut dire : être parmi et entre les choses, se tenir au cœur d’une chose et demeurer auprès d’elle. Mais pour l’intéressé moderne ne compte que ce qui est « intéressant ». La caractéristique de ce qui est intéressant, c’est que cela peut, dés l’instant suivant nous être déjà indifférent et être remplacé par autre chose, qui nous concerne alors tout aussi peu que la précédente. [..] On croit honorer ce qu’on trouve intéressant. En vérité un tel jugement fait de ce qui est intéressant quelque chose d’indifférent et bientôt d’ennuyeux. »

PS: Billet suggéré par la lecture de Clinamen                                     

 

 

 

 

 

C’est dans la tête que se  » gagnent  » les combats!

 

Davos, dans les Grisons Suisses ! Où 2500 délégués vont participer à la 41ème édition du Forum Economique mondial. Avec des délégations nourries venues de Chine, d’Inde ou d’Afrique du Sud. Signes d’un basculement géo-économique et géopolitique vers l’Est et le Sud. Au menu, un rapport énumérant « 37 risques globaux » pour la décennie ! Pressions démographiques, rareté des matières premières, surendettements publics, terrorisme etc. De quoi donner le vertige ! Le fondateur de ce forum en rajoutant dans la noirceur des temps à venir. Pour lui, «  les systèmes politiques et les institutions sont débordés par la complexité qu’ils doivent affronter ». Ce qui amène les français (33%) à considérer qu’il faut abandonner le système capitaliste. Un record, avec l’Italie ! A l’inverse des chinois, 3% seulement, officiellement communistes. On croit rêver ! Un fossé grandissant entre les opinions des pays émergeants et les vieux pays industrialisés. Mais que l’on retrouve aussi en Europe entre les pays du Nord (Allemagne, Pologne…) et ceux qui restent encalminés dans le chômage de masse et les déficits publics. Et qui ne présage rien de bon, pour nous français, dans la compétition acharnée que se livrent les entreprises et les Etats. Le résultat d’un matraquage d’un discours dominant qui depuis vingt ans consiste à accompagner les peurs, voire à les encourager. Oubliant que c’est dans la « tête » d’abord, que se gagnent ou se perdent les combats…