Contre-Regards

par Michel SANTO

Marcel Gauchet et les « gauches »…

 
   
Extrait du très intéressant entretien de Marcel Gauchet avec Elisabeth Lévy. Le Point, n°1924, 30 juillet 2009
Elisabeth Lévy: Reste que beaucoup de gens ne savent plus très bien ce que signifient les mots «gauche» et «droite», d’où un sentiment de désorientation très répandu, notamment à gauche.

Marcel Gauchet: Toutes les gauches européennes sont confrontées à un impératif de redéfinition doctrinale dans une configuration globalement défavorable aux partis de gauche. Nous vivons un déplacement radical des repères intellectuels. La droite est devenue à la fois le parti du mouvement et celui de la réalité politique. D’une part, elle n’est plus conservatrice dans le sens où elle n’est plus préposée à la défense de l’autel, du trône, du sabre et du goupillon. Elle est revenue de la réforme à tout-va. Et elle est prête à intégrer des éléments de protection sociale dans son logiciel. Résultat, la gauche a perdu le monopole du changement. D’autre part, et c’est une nouveauté fondamentale par rapport à l’époque où la droite était largement catholique en France ou chrétienne ailleurs, elle est devenue le parti matérialiste, le parti de l’économie. Résultat, la gauche, qui revendiquait autrefois son matérialisme face à l’idéalisme mensonger de la droite, a perdu son instrument favori de démystification et se voit accusée à son tour d’idéalisme naïf. Enfin, la mondialisation offre paradoxalement à la droite une rente de situation politique. Car, face aux désordres dont elle s’accompagne, face aux flux migratoires qu’elle engendre, la droite incarne le réalisme et la fermeté, tandis que la gauche s’est laissé enfermer dans le seul registre de la générosité et de l’angélisme. »

E.L: Au sommet de la pile de livres sur votre bureau se trouvent « L’insurrection qui vient », attribuée à Julien Coupat, et « L’hypothèse communiste », d’Alain Badiou. Vous préparez-vous pour la révolution ? Que pensez-vous du succès des « intellectuels radicaux » ?

M.G: Je vais faire de la peine à Badiou, mais je suis bien obligé de constater que son succès prouve la persistance de l’identité française. Il montre que ce pays continue à vivre sur les acquis de son histoire. Qu’est-ce que Badiou ? Le communisme sans Lénine et Marx. Son propos réactive la promesse de l’égalité radicale qui a constitué la pointe extrême de la Révolution française et qui est restée depuis lors dans les gènes politiques du pays. Le cas de la bande à Coupat est encore plus amusant. Le mélange d’ultraradicalité subversive et de mépris aristocratique cultivé par le « comité invisible » relève d’un dandysme très français. Où, ailleurs qu’ici, réclame-t-on l’émancipation du genre humain tout en lui crachant dessus ? C’est l’un de ses charmes, la France est ce pays où les reliques d’un Guy Debord, grand maître du genre, peuvent être consacrées « trésor national ». J’en tire un conseil à la jeunesse : pour réussir, soyez toujours plus radical que le voisin, c’est un créneau d’avenir.


L’intégralité de cet entretien en cliquant sur le lien suivant: Marcel Gauchet

Le Midi Libre nous endort!


Chaque année, toujours la même Une. Et chaque année, toujours la même  » désinformation « . Car contrairement à ce que donne à penser ( j’écris trop vite! ) ce bandeau sur toute la largeur de la première page, le  » ticket  » de la démographie et de la construction n’est pas gagnant. Il est au contraire l’indice statistique d’une économie sous-développée ( faiblesse de son PIB et fort chômage; importants revenus de transferts et sous qualification des emplois ). Ajoutons que le 10 août 1959, et chaque année suivante jusqu’à ce jour, le Midi Libre aurait pu titrer de la même manière. La structure de l’économie du Languedoc-Roussillon et son évolution, en effet, n’ayant guère variée: la création d’emplois résultant de la seule augmentation de l’activité dans les secteurs des services à la personne et  du bâtiment. Evidemment, cela n’est pas très glorieux. Ni très vendeur. Pour nos médias régionaux comme pour nos élus. Qui, sur ce terrain à tout le moins, se  » donnent la main » pour nous plonger dans le rêve d’un Eldorado régional. Une façon de nous endormir…

Le grand style à Narbonne.

Le code civil n’a pas qu’une valeur normative.Stendhal en admirait aussi le style: sa simplicité et sa rigueur. Une forme de perfection qu’il aurait aimer donner à ses romans. Ce dont se contrefichent aujourd’hui nos élus et leurs « nègres »qui écrivent souvent comme ils pensent.Vite et ,en général, mal. Une lettre pêchée dans cet océan de nullité épistolaire pour illustrer mon propos.Celle de Jacques Bascou à ses administrés. Datée du 30 juillet et référencée:Direction générale JB/AP/ASR n°35, elle nous informe que « La jeunesse  » , dont je pensais naïvement qu’elle était ce temps de vie entre l’enfance et l’âge adulte n’était plus à présent qu’un  » axe prioritaire de la politique municipale… » , c’est à dire, en bon français, qu’une orientation, une direction générale, une ligne droite…; qu’ était joint à ce texte ( ?!!! ) non pas une brochure ou une plaquette recensant divers organismes, mais  » un fascicule qui indique les associations...  » . Le tout, enfin si peu, cent mots peut-être, truffé de fautes de ponctuation à chaque ligne et orné d’une magnifique faute de conjugaison:  » Au contraire nous avons souhaitez (sic)… », qu’un final digne d’un opéra wagnérien : » Si néanmoins ces dispositions ne vous satisferaient pas… »  ( Ou-ah!)  place désormais au panthéon de la bafouille administrative.
Le style étant l’homme lui même, je conseille à notre rédacteur et à son signataire d’y prendre garde à l’avenir. Par respect. Celui qu’ils devraient tout naturellement témoigner à l’égard de leurs administrés.

Grand Narbonne et développement durable.

Depuis la mise en place des Schéma de Cohérence Territoriale ( SCOT ), les élus ont la maîtrise urbaine de leurs territoires, pour peu, évidemment, que les lois de la République soient respectées. Et c’est au président des syndicats mixtes  » gérant  » ces SCOT de vérifier que chacune des communes couvertes par ce schéma d’aménagement respecte bien les objectifs et contraintes que les élus se sont collectivement et solidairement données. A Gruissan, la plus belle des stations balnéaires du littoral audois, il semble bien que l’on ait quelques difficultés à maîtriser ( ne fâchons personne pour le moment ) cette nouvelle donne politico-administrative. A preuve, cette modification du Plan Local d’Urbanisme qui, si des résidents-citoyens ne s’étaient pas mobilisés, leur aurait imposé un hôtel de 4 ou 6 étages en lieu et place d’un espace de loisirs et d’un parking arboré pour camping-cars. Cette initiative a , du coup, enclenché une réaction de l’Etat, avec copie au commissaire enquêteur, demandant à Didier Codorniou, le maire de Gruissan, de lui fournir la preuve que l’ensemble de ses projets immobiliers ne dépassaient pas les 50.000m2 de SCHON autorisés sur sa commune par le SCOT… Ce qui, d’après quelques indiscrétions émanant de « sources officielles », lui sera difficile pour ne pas dire impossible. Pour l’heure, le Président du SYCOT de la Narbonnaise et ses services, sans doute en vacances, ont oublié leurs responsabilités et se taisent. Quant à la presse locale, plombée par une grosse chaleur estivale, son esprit est dans l’animation festive plutôt que dans ce genre de débats citoyens forcément abscons. Autant dire que le développement durable, quand il pose de sérieux problèmes d’arbitrages pratiques, n’intéresse plus nos élus et les médias… J’aimerais tant être rapidement contredit…Pour tout aussi rapidement le faire savoir!

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