Contre-Regards

par Michel SANTO

Troquets et truqueurs.

En pleine saison estivale, la presse régionale fait ses gros titres sur nos mastroquets et autres guinguettes, goguettes, bouchons, caboulots, bouibouis, bastringues, manezingues… Une profession chère à nos portefeuilles et socialement exemplaire comme chacun sait et qui, pour 30% d’entres elle, frauderait massivement L’URSSAF. Une paille ! 
Si on complète cette cruelle réalité par les dégâts occasionnés à nos oreilles résidentielles ou passantes par ces damnés du vacarme musical nocturne, la « Sécu » ne doit on pas être en reste, non plus.
Je passe évidemment sur les diverses pathologies consécutives à l’absortion de platées de salades (!!!) aux feuilles jaunâtres et aux franges noiraudes, qui circulent entre cuisines improvisées et terrasses gazées aux échappements automobiles.
Mais, comble de la goujaterie, on s’étonne quand même, pour s’en offusquer toujours,des appréciations peu flatteuses de nos hôtes sur l’accueil que leur réservent cafetiers et restaurateurs .
C’est plutôt leur très grande mansuétude qui devrait surprendre.Car ils reviendront bien l’année prochaine…Jusqu’à quand ?

Mon Dieu, que de cons!

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A
Narbonne-Plage on entarte Madame  Amara et à Lagrasse on mazoute des livres. Un concentré  de bêtise haineuse à quelques kilomètres de distance produit par une sinistre coalition de parfaits crétins.Le pâtissier terroriste a été rapidement maîtrisé pour se retrouver à confesse avec Fadela dans une cellule mobile de la gendarmerie.
Espérons que les vidangeurs de
l’abbaye le seront tout aussi promptement afin de les soumettre, eux, à la lecture publique et à haute voix de l’intégrale des oeuvres du divin marquis de Sade ( voir ma chronique Lagrasse et l’effroi ) 
Mon Dieu, que de cons!…

Salles d’attentes

Toutes les salles d’attente se ressemblent. Qu’on y attende un avion, un train ou son médecin, partout le même mobilier minimaliste et fonctionnel, la même atmosphère saturée d’angoisse et d’ennui, les mêmes murs fatigués aux peintures griffées et noircies.  
Dans certaines y trônent des tables basses sur lesquelles gisent des magazines et des revues informes et sans âge, aussi vaines que ridicules.
Celle dans laquelle j’attendais qu’on me soigne, hier, était de surcroît…vide.

Offrande noire à l’ Hospitalet

images-copie-1.jpgA propos d’offrande, celle du Golden Gade Quartet au  Château l’ Hospitalet, hier au soir, était de celles que l’on n’est pas prêt d’oublier. Quatre voix à faire chanter les cigales au cœur de la nuit. A réveiller les âmes grises. A renouer aussi avec le temps du désespoir et de l’espérance.

Quatre voix noires et américaines qui chantait une parole anachroniquement chrétienne en ces terres méditerranéennes qui ne le sont plus. Ou presque.

Et pourtant, le plaisir du public et ses manifestations de joie témoignaient que malgré une langue et une culture qui nous sont à beaucoup d’égards étrangères les corps savaient entendre ce que nos esprits ne savent plus distinguer. Un au-delà des textes et des musiques.Une présence rayonnante de simplicité et de sincérité qui si souvent nous trouble en ces temps où les contrefacteurs de la création artistique nous sont démagogiquement présentés comme d’authentiques génies… 

Lagrasse, Quignard et l’effroi.

 Quignard

Lagrasse est un des rares endroits silencieux dans cette région un peu trop complaisante à l’égard de touristes drogués aux décibels. Les seuls bruits qu’on y entend en ce début du mois d’août sont ceux des livres que l’on feuillette et des voix qui les commentent. Celle de Pascal Quignard, l’invité du « Banquet du livre», est légèrement grave et profondément douce. Elle ressemble aux titres de ses textes : « Le vœux de silence », « Le lecteur », « Les ombre errantes », « Tous les matins du monde »… Qui sonnent comme une viole de gambe.

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