Philippe Saurel était à Narbonne (1) jeudi 10 septembre où il a été reçu par le maire, Didier Mouly, divers droite. Je l’avais annoncé la semaine dernière! (2) Et il n’y est pas venu pour saluer ses amis personnels – sa femme est narbonnaise -, mais, en politique engagé dans la compétition des régionales de décembre, pour faire passer deux ou trois messages lourds de signification. Le plus important, qui n’a pas été relevé par les commentateurs politiques régionaux est le suivant: « Je proposerai un cocktail politique intelligent, cohérent avec une trame de divers gauche, des hommes du centre droit … Plutôt que de tabler sur des alliances de second tour auxquelles souvent les citoyens ne comprennent rien, et je les comprends ». Autrement dit, Philippe Saurel se place dans une logique de maintien de sa liste régionale, s’il dépassait les 10% au premier tour.
Dimanche, comme dans tous départements de la future grande région LRMP, les candidats PS de l’Aude aux élections régionales de décembre 2015, et les militants, étaient invités par leur tête de file Carole Delga à « être sur le pont ». C’est sur la passerelle jetée entre les Barques de Cité et de Bourg que je les ai rencontrés. Parmi eux des connaissances et des amis (es). Le « matériel » était conséquent: de gros badges auto-collant siglés PS en gros et en rouge sur fond blanc posés sur leur poitrine, côté droit, et un tract présentant le visage souriant – elle est très photogénique – de Carole Delga.
Le niveau monte! Carole Delga, dans Midi-Pyrénées Politiques du 14 août, qui sort ce genre d’argument pour justifier la création d’une présidence déléguée:
Midi-Pyrénées Politiques. Votre été est « pourri » par une polémique sur la création d’une présidence déléguée au profit de Damien Alary. Vous défendez ce projet ?
Carole Delga. Dans les régions qui fusionnent, une présidence déléguée est utile. Il faut arrêter de dire aux gens que tout est simple et facile. Pendant une période transitoire, c’est utile d’avoir un président délégué en charge des politiques de convergence. Il va falloir des convergences dans le domaine ferroviaire ou des politiques environnementales. Le président délégué peut être en charge de ce travail. Je ne vois pas ce qu’il y a de choquant. Au point de vue budgétaire, cela ne va coûter plus cher et cette présidence déléguée pourrait intervenir uniquement pendant le 1er mandat.
À lire et/ ou entendre les propos tenus par les « leaders » de gauche et de droite du Languedoc-Roussillon durant cette pré-campagne des régionales, on ne peut pas ne pas être « frappé » par une convergence surprenante, avec des nuances certes, sur le thème « Montpellier va se faire dépouiller par Toulouse ». J’insiste: Montpellier seulement. Comme si l’élargissement des frontières administratives à Midi-Pyrénées et la désignation de Toulouse comme capitale de la future grande région, en « déclassant » administrativement Montpellier, allait entraîner les autres composantes territoriales, hors la métropole montpelliéraine dans le déclin. ( voir aussi mon billet du 1/08/2015 : ici )
Carole Delga a donc quitté le gouvernement mi-juin pour se consacrer « totalement » à la campagne des régionales en Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Bien! Mais la tête de liste socialiste va reprendre dans quelques jours son mandat de députée de la 8ème circonscription de la Haute-Garonne. Soit! Un cumul qui va durer jusqu’à la fin de la législature, en mai 2017: « C’est la loi. D’autres ministres avant moi ont retrouvé leurs mandats de parlementaires en quittant le gouvernement ». Ainsi, en cas de victoire aux régionales, la « candidate-députée » deviendrait une « députée-présidente de Région ». C’est elle qui l’a déclaré dans les colonnes de la Gazette du Comminges : « Si je suis élue présidente de région, je ne me représenterai pas à la députation à la fin de la mandature ». Juridiquement, le raisonnement est impeccable: « C’est la loi. D’autres ministres avant moi ont retrouvé leurs mandats de parlementaires en quittant le gouvernement ». Mais, politiquement, comment justifier un cumul qui, en 2017, ne lui serait plus possible; et comment le défendre, dans l’intervalle, auprès des militants de son parti et de ses électeurs après s’être engagée, par écrit, à ne point cumuler? J’ai beau dresser la liste des arguments qui pourraient m’être opposés, je n’en trouve aucun. Le seul qui me vient à l’esprit est trop mesquin et intéressé pour que je l’expose, ici et maintenant. J’attends donc avec impatience que l’on m’en oppose d’autres, qui m’auraient échappé, plus nobles et généreux …