Après l’échec politique à l’Assemblée Nationale des tenants de l’abolition des corridas, abolition dont je disais, dans une récente chronique, quelle était inscrite dans l’évolution des mœurs et des idées de nos sociétés, je me demandais d’où pourrait bien venir la prochaine tentative qui relancerait, directement ou indirectement ce débat, et autour de quelle grande figure symbolique du XXᵉ siècle. Je pensais alors à Pablo Picasso. Son prestigieux statut dans l’histoire contemporaine de l’art, et son goût pour les « toros », omniprésent dans son œuvre, et la tauromachie, représentant, en effet, le type idéal d’une immense gloire hétérosexuelle, blanche, progressiste et « violente » à déconstruire, me disais-je. Aussi n’ai-je pas été surpris d’apprendre, en lisant le dernier supplément Magazine du Monde, que le musée national Picasso, à Paris, venait de lancer un séminaire, qui s’achèvera au printemps, « pour aborder frontalement les questions qui préoccupent le public sur son rapport (celui de Picasso) aux femmes et à la violence ». Un thème qui, évidemment, ne saurait faire l’impasse sur la « violence » de Pablo Picasso symbolisée dans, et part, toute sa production picturale taurine et mise en rapport avec tous les autres aspects de sa vie d’homme et d’amant. Une information qui montre, en passant, l’influence intellectuelle, morale et politique des professionnels (femmes et hommes) de l’industrie de la culture et des arts : mode, cinéma, journalisme, médias, etc, engagés majoritairement dans des stratégies féministes, écologiques, diversitaires et inclusives qui conduisent à des changements radicaux dans le champ culturel occidental. Cette dernière remarque, faut-il le préciser, n’est pas un jugement politique sur ces mouvements urbains et ultra-connectés, au langage mixé* à la « sauce » américaine. Certains thèmes et fins, d’ailleurs, suscitant mon intérêt.Un intérêt disons seulement sociologique sur ce monde qui vient. Pour le reste, celui que j’habite résiste encore à l’air du temps. Et j’entends bien y vivre et aimer longtemps.
*Ce matin, j’ai relevé dans le premier article de la Matinale du Monde un merveilleux « bromance » : contraction de brother et romance, et un banal partnership, notamment.
A Nantes,trois des six salariées de l’espace Simone-de-Beauvoir ont fait grève hier, à l’occasion de la Journée internationale pour les droits des femmes. Leurs raisons : leur employeur, une association de militantes féministes, «n’applique pas en interne les valeurs qu’elle défend à l’extérieur». Temps partiel «subi» et salaires insuffisants, notamment.
Du côté de la direction, Michèle Frangeul, la présidente de l’espace Simone-de-Beauvoir, financé à 80 % par la mairie, rétorque : «Cela revient à dévoyer le sens de cette journée, où l’on défend les droits universels des femmes.»
En d’autres termes, «mettez nos valeurs sous le paillasson et défendez les chez les autres». La version nantaise du célèbre slogan sartrien : «l’existentialisme est un humanisme». Et un exemple philosophique de la «mauvaise foi» si brillamment exposé par Jean Paul dans son célébrissime texte, le «garçon de café».
A Nantes, il ne pleut pas toujours. On se lâche parfois…Et une petite lueur de «vérité» éclaire les âmes…