Eh bien, j’entre moi aussi dans l’arène, puisqu’on ne peut échapper à cette polémique virale autour et sur la petite phrase lancée par Nicolas Sarkozy, lors d’une réunion publique à Franconville : «Dès que l’on devient français, nos ancêtres sont gaulois ». Un déferlement de critiques que j’avoue ne pas comprendre, tant elles ne reposent sur rien de sérieux, sinon sur la seule certitude que l’ancien Président serait un histrion, inculte et grossier; qu’il flatterait les plus bas instincts – entendait racistes – d’un peuple en perte de repères symboliques.
Laurent Bouvet a accordé un entretien fleuve à FigaroVox. Il revient sur l’histoire du Parti socialiste et montre sa lente évolution depuis le congrès d’Epinay en 1971 jusqu’au congrès de Poitiers aujourd’hui.
Extrait
La disparition du «parti d’Epinay» est enfin, et surtout, annoncée par la transformation profonde de l’électorat socialiste et son rétrécissement. Ce qui avait fait sa puissance conquérante, c’est-à-dire son adéquation avec des couches sociales dynamiques et sa capacité d’attirer des catégories sociales différentes, n’est plus qu’un lointain souvenir. Le meilleur indice de la fragilité de ce qui est désormais désigné comme un électorat «progressiste» – celui évoqué plus haut dans la fameuse note de Terra Nova et composé de blocs minoritaires identifiés en fonction de tel critère identitaire culturel ou de tel territoire – est la rapidité de sa dislocation face aux exigences de l’action gouvernementale. Cet «électorat» n’existe plus comme socle politique sur lequel bâtir un rapport de force avec la droite ou l’extrême-droite, pas plus que comme refuge en cas de difficulté face à la conjoncture économique. La procédure des primaires, lancée comme une bouée de sauvetage n’ayant finalement servi qu’à entériner, institutionnellement, le processus de dégradation de la sociologie profonde du parti.
Ce texte de Laurent Bouvet, Professeur de sciences politiques à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, je ne l’avais pas lu avant de publier ce matin mon billet rédigé hier soir, sur le même sujet. évidemment , ni le ton, ni l’argumentaire ni la forme ne peuvent se confondre, mais ils partent néanmoins des mêmes prémisses pour aboutir à la même conclusion. Je le livre ici dans son intégralité:
Le temps de la communication politique, et ses effets, est de courte durée. Il nous était promis un discours de François Hollande sur l’immigration « structurant » et nous avons eu droit à une enfilade de poncifs enrobés de vagues considérations humanistes. Des voeux pieux que personne, de bonne foi républicaine ou pas, ne peut pas ne pas faire siennes – dans un monde idéal, assurément! Et déjà effacés tant l’évanescence du propos flottait à des années lumières des préoccupations et des inquiétudes des français – « trop de nos concitoyens se considèrent encore comme des étrangers » et« trop de nos compatriotes ont le sentiment de ne plus être chez eux ».
Avec le retour de Sarkozy, le PS semble vouloir renouer avec une stratégie de diabolisation. Le problème est qu’à l’épreuve du pouvoir et de ses contraintes, le vide de sa pensée économique et sociale et sa dépendance culturelle envers les paradigmes d’un « socialisme » du XIX siècle apparaissent en pleine lumière, qui le rendent encore incapable de construire un projet d’avenir crédible et d’en exposer le « récit » cohérent à ses électeurs. Ajoutons à cela l’absence d’un leader charismatique pour l’incarner. La Sarkophobie est donc vouée à l’échec et le PS à une défaite historique en 2017.
Deux textes de Jean Pierre Le Goff et Laurent Bouvet pour alimenter cette réflexion.
Picasso Pablo (dit), Ruiz Picasso Pablo (1881-1973). Paris, musée national Picasso – Paris. MP72. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime chargement… […]