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Déchéance de la nationalité: le dernier tango de Christiane Taubira!

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De la déchéance de nationalité annoncée pourtant par le Président de la République, la gauche de la gauche n’en veut toujours pas. Le Monde, l’Obs et Libération non plus, qui titraient sur son abandon, ce mercredi, en Conseil des Ministres, confortés en cela par l’annonce faite par Christiane Taubira, lundi, dans un média étranger: « Je vous indique par exemple que le projet de révision constitutionnelle qui sera présenté en conseil des ministres mercredi ne retient pas cette disposition ». Et puis, patatras! non  seulement elle est maintenue, cette déchéance de nationalité, mais ce projet de révision constitutionnelle sera présenté et défendu devant les élus par la Garde des Sceaux, elle même! Si elle ne démissionne pas avant. Alors comment interpréter cette séquence? Un énorme couac, un de plus, ou une habile mise en scène du couple Hollande Valls pour imposer dans l’opinion l’image d’un exécutif au dessus des intérêts idéologiques et partisans? Et, par effet collatéral, pousser vers la sortie une Christiane Taubira de moins en moins utile politiquement? Ou les deux réunis! Cela dit, ce qui me semble devoir être noté, est l’affirmation, par cet acte, après que le Conseil d’État ait donné son avis, que cette déchéance de nationalité, contrairement à ce que certains avançaient jusqu’ici, est conforme aux principes et normes républicains. L’argument que cela créerait deux catégories de Français ne tenant pas. Il se trouve en effet que cette situation juridique existe depuis bien des années, sans que quiconque ne s’en soit depuis indigné.

Jusqu’à ce qu’Elisabeth Guigou supprime cette disposition, une ordonnance de 1945 a prévu, pendant un demi-siècle, la déchéance de nationalité pour crime, sans que l’on considère pour autant que la République était dévoyée. Et surtout,  l’article 23-7 du Code civil prévoit  depuis plus de vingt ans que le Français qui se comporte en fait comme le national d’un pays étranger peut, s’il a la nationalité de ce pays, être déclaré, par décret après avis conforme du Conseil d’Etat, avoir perdu la qualité de Français. Les articles 25 et 25-1 du Code civil prévoient également, sous conditions, la déchéance de nationalité pour celui qui a acquis la nationalité française, et le Conseil Constitutionnel a d’ores et déjà statué sur cette question, considérant qu’ils ne portaient pas atteinte à la Constitution (1) et (2).

Bref, de tout ce psychodrame, l’impression demeure, persistante, que nous venons d’assister à une nouvelle opération tactique sur un fonds de postures et de débats faussement passionnés. Ah! une dernière question.  Et si cette sortie de Madame Taubira, sûre de son impunité, n’était pas tout simplement préméditée. Sa visée étant de conforter, dans l’opinion, son image de grande conscience de gauche…


(1) Cf: La déchéance de crédibilité . Koztoujours 

(2) Lire aussi Laurent de Boissieu; (ici) rajouté le 24/12/2015

À droite comme à gauche, la bataille des valeurs est lancée…

Alors que François Hollande place « l’égalité » au centre de son action d’ici à 2017, Nicolas Sarkozy met en avant « l’autorité ».

François Hollande est convaincu que l’élection présidentielle de 2017 se jouera sur les valeurs portées par les candidats. Pour tenter de répondre à cette question, le chef de l’État a placé l’égalité au cœur des deux prochaines années de son quinquennat. « La République, c’est une promesse d’égalité », a-t-il rappelé le 19 mai 2015, à Carcassonne.

Héritage de la Révolution française, l’égalité sociale est aux sources du socialisme. Mais entre la promesse républicaine et sa traduction, il y a une réalité cruelle : les inégalités de revenus ont atteint « un point critique » dans les pays de l’OCDE et « considérablement augmenté en France » entre 2007 et 2011, analyse un rapport publié à la mi-mai 2015.Dans un entretien au magazine GQ de juin, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale, a d’ailleurs défini « de manière générale » la droite comme « une forme d’indifférence ou d’acceptation voire de légitimation des inégalités ».

DES DÉFINITIONS DIFFÉRENTES DE L’ÉGALITÉ

En réalité, droite et gauche ne donnent pas historiquement la même définition à l’égalité. Quand la droite libérale met en avant l’égalité des droits et des chances au départ, la gauche socialiste définit l’égalité comme la redistribution qui permet de gommer à l’arrivée les inégalités matérielles de revenus et de patrimoine.Le « tournant de la rigueur » de 1983 a pourtant rallié le PS au libéralisme économique. Dans le contexte du marché unique européen, la mise en concurrence des systèmes fiscaux et sociaux a en effet remis en cause l’État providence redistributif. De sociale, l’égalité est devenue de plus en plus sociétale.> A (re) lire  : La tension monte au PS avant son congrèsIl ne s’agit plus de s’adresser en priorité à la classe ouvrière, mais à des catégories comme les femmes (lois sur la parité en politique en 2000, puis « pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes » en 2014), les homosexuels (mariage pour tous en 2013) ou aux immigrés, avec la promesse, jamais tenue, du droit de vote pour tous les étrangers aux élections locales.

LES LIMITES DE LA REDISTRIBUTION

François Hollande est allé jusqu’à reconnaître des « ratés qui s’appellent régression sociale, échec scolaire, discriminations, quartiers fermés sur eux-mêmes, abandon d’un certain nombre d’espaces ruraux ». À Carcassonne, il a rappelé les engagements de son discours de campagne du Bourget en affirmant que « le temps d’une forme de redistribution était venu » à travers la baisse, à la rentrée, de l’impôt pour les bas revenus et la perspective de l’instauration progressive du prélèvement à la source.

Mais la redistribution a ses limites. Le PS tente donc de trouver de nouveaux outils. « Alors que la redistribution se contente de revenir a posteriori sur les inégalités », Manuel Valls a expliqué dans une allocution sur l’égalité, en décembre 2014, qu’il s’agissait dorénavant d’intervenir a priori, de « prévenir les inégalités » dans les domaines de l’éducation, de la formation professionnelle, de la santé ou du logement.

Dès 2004, dans une note de la Fondation Jean-Jaurès, Dominique Strauss-Kahn avait théorisé un « nouveau socialisme de l’émancipation » qui « suppose une évolution sensible de la pensée socialiste : passer de la compensation en aval des inégalités – la logique de l’État providence – à une logique de correction en amont ». Conformément aux travaux du philosophe américain John Rawls, il s’agit de remplacer l’égalité traditionnelle par l’équité, qui, via des inégalités (discrimination positive), permet en fait de parvenir à une « égalité réelle des chances ».

L’AUTORITÉ, UNE CERTAINE IDÉE DE LA RÉPUBLIQUE

À droite, c’est la nouvelle dénomination de l’UMP, Les Républicains, qui interroge bien entendu sur les valeurs. « Les Républicains, c’est vous. Vous qui croyez dans l’autorité, le progrès, le travail, la responsabilité, le mérite, la liberté », énumère Nicolas Sarkozy dans une lettre aux adhérents de l’UMP.

« La République suppose des valeurs fondamentales pour l’identité de la France : l’autorité de l’État, du juge, du policier et du professeur », détaille le secrétaire général Laurent Wauquiez. D’autres valeurs sont citées par les ténors de l’UMP (effort, laïcité, liberté, mérite, travail, responsabilité, unité), mais c’est de plus en plus souvent l’autorité qui l’est en premier.

La notion d’autorité renvoie à une certaine idée de la République. Sous la IIIe  République, qui disait républicain disait défense de la prépondérance du Parlement et opposition à tout risque de dérive césarienne. Or, le gaullisme va opérer ce que Serge Berstein qualifie dans son ouvrage sur Les Cultures politiques en France de « synthèse originale de démocratie plébiscitaire, de nationalisme et de culture républicaine », avec désormais une prépondérance de l’exécutif et l’élection directe du chef de l’État.

« Contrairement au dogme antérieur qui proclamait l’incompatibilité entre la République et un pouvoir fort, le gaullisme prouve que l’un et l’autre peuvent se concilier sans porter atteinte à l’État de droit et à la liberté du citoyen », poursuit l’historien.

L’APPEL AU RÉFÉRENDUM DE NICOLAS SARKOZY

C’est dans la tradition bonapartiste de l’appel au peuple que Nicolas Sarkozy s’en était pris, lors de sa dernière campagne présidentielle, aux corps intermédiaires, situés entre l’individu et l’État. « Si les corps intermédiaires empêchent la réforme, bloquent le débat, alors je passerai par-dessus les corps intermédiaires et je m’adresserai à vous par le référendum », avait-il promis.

Une idée qu’il a reprise en septembre 2014, à son retour dans la vie politique active : « La question que se posent les gens, c’est : qu’est-ce qui nous donne la garantie que vous allez tenir ce que vous dites ? Je crois qu’il est temps de réintroduire le référendum. Le référendum, c’est la clé. »

L’historien Max Gallo inscrit Nicolas Sarkozy « dans la lignée des républicains d’autorité » à l’exemple de Georges Mandel, dont le président de l’UMP fut justement l’auteur d’une biographie. « La République, c’est l’autorité, ce n’est pas le laxisme », expose ainsi celui qui veut « en finir avec l’héritage de Mai 68 » depuis sa campagne présidentielle de 2007. Son parti a même consacré il y a deux ans toute une convention au thème de l’autorité.

Selon une récente enquête (1), 88 % des Français estiment que « l’autorité est une valeur qui est trop souvent critiquée aujourd’hui » et 85 % qu’« on a besoin d’un vrai chef en France pour remettre de l’ordre ». Une réponse qui frôle les 100 % chez les sympathisants UMP et FN, et qui progresse de 16 points en un an chez les sympathisants PS !

Il est vrai qu’avec la nomination de Manuel Valls Place Beauvau, en se référant à son prédécesseur Georges Clemenceau, puis à Matignon, la gauche n’entend plus laisser à la droite le monopole de la défense de l’ordre et de l’autorité de l’État.

LAURENT DE BOISSIEU ET CORINNE LAURENT

Source : À droite comme à gauche, la bataille des valeurs est lancée | La-Croix.com – France

Le FN a-t-il gagné ou perdu les élections départementales? Par Laurent de Boissieu.

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Le bilan des élections départementales est en demi-teinte pour le FN: électoralement positif mais décevant pour lui en ce qui concerne le nombre d’élus.

 Les plus:

– confirmation d’une tripolarisation entre un bloc de gauche dominé par le PS, un bloc de droite dominé par l’UMP – tous les deux autour de 30% des suffrages exprimés – et le FN seul à 25%.

– confirmation de son socle électoral autour de 5 millions de voix:

-> 5,1 millions d’électeurs aux départementales de 2015

-> 4,7 millions d’électeurs aux européennes de 2014

-> 6,4 millions d’électeurs à la présidentielle de 2012

– progression aux élections départementales (ex-cantonales) en suffrages exprimés:

-> 25,24% en 2015 au premier tour contre

-> 15,06% en 2011 (moitié des cantons)

-> 4,85% en 2008 (autre moitié des cantons)

– progression aux élections départementales (ex-cantonales) en élus:

-> 62 en 2015 (dont 8 au premier tour)

-> 2 en 2011 (moitié des cantons)

-> 0 en 2008 (autre moitié des cantons)

– confirmation de son maillage territorial:

-> présence dans 93% des cantons en 2015

-> présence dans 71% des cantons en 2011 (moitié des cantons)

-> présence dans 51% des cantons en 2008 (autre moitié des cantons)

– confirmation de son ancrage dans ses bastions (Sud-Est, Nord-Est), en s’appuyant désormais sur des élus locaux en voie de notabilisation.

– confirmation de sa progression dans ses terres de mission (Centre, Ouest), au point dorénavant d’être en mesure de se qualifier au second tour dans un grand nombre de territoires.

 Les moins:

– élection de seulement 62 conseillers départementaux sur 4.108 (1,5% des élus).

– isolement fatal dans un scrutin majoritaire (uninominal ou binominal) à deux tours: on ne peut pas à la fois dénoncer l' »UMPS » et attendre l’appoint en duel de second tour avec la droite ou avec la gauche d’électeurs PS ou d’électeurs UMP.

– manque de crédibilité et extrémisme d’une partie de ses candidats, cadres et militants restés sur la ligne historique du FN.

Le blog de Laurent de Boissieu, ici: http://www.ipolitique.fr/

Valls2: le gouvernement de la clarification politique !

UnknownImpeccable analyse de Laurent de Boissieu présentée dans son blog iPolitique sous le titre: « Clarification politique? » (31 août 2014). Reproduite ici in-extenso, les lecteurs de contre-regard.com ne seront pas surpris de constater une évidente convergence d’arguments avec  ceux développés dans mes billets des derniers jours consacrés au même sujet.

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