Dimanche matin, aux Halles, autour d’un tonneau et devant un café, évaluant les chances des divers candidats aux législatives, cette remarque désabusée d’un de mes interlocuteurs à propos de la députée sortante PS dans ma circonscription : « elle a un bon bilan, tout de même ! elle sera réélue… » Un bilan ? Comme si celui d’une députée, qui fait et contrôle la loi, devait différer de celui de sa majorité gouvernementale et de son gouvernement, lui faisais-je remarquer… et un bilan sanctionné de fait par la défaite cuisante du candidat de son parti à la présidentielle : 6% seulement d’électeurs se sont prononcés en sa faveur !
Chaque fin de semaine, je passe en revue les blogs de mes « amis » – rares ! Chacun dans sa « spécialité » m’offre , sans le savoir, de quoi satisfaire ma curiosité intellectuelle. Musique, arts plastiques, philosophie, économie, politique, littérature, ils couvrent un spectre très large dans lequel je puise abondamment connaissances ou sujets de réflexion, notamment. De petits « riens »aussi, pleins de saveurs. Comme ce portrait d’Emmanuel Macron, du 30 août 2015, fait par Fabrice Luchini,que relève Jean-Pierre Rousseau dans ce livre « mi-journal de bord, mi-reprise de textes pour certains cent fois entendus sur les auteurs de prédilection du comédien. »
Maxime Tandonnet écrit ceci dans un de ses derniers billets : « Ces derniers jours, la France d’en haut, médiatisée, visible, officielle, communie dans un indescriptible enthousiasme, et quasi unanime, à propos de l’élection du plus jeune président de l’histoire, de la faillite des « vieux partis » et de la recomposition politique en marche… Après la déprime de ces dernières années, l’heure est de nouveau à l’optimisme et à l’allégresse médiatique. Il devient incongru de s’interroger sur les ambiguïtés de la situation politique actuelle… »
Au second tour des élections présidentielles, Emmanuel Macron sera opposé à Marine Le Pen, candidate du Front National. Cet affrontement inédit, né de la faillite des deux grands partis qui dominaient la vie politique en France depuis cinquante ans, crée le trouble et l’incertitude chez beaucoup, qui renvoient dos à dos les deux candidats, jugeant que c’est blanc bonnet et bonnet blanc, et prônent l’abstention, le vote blanc ou le vote nul. Pour Esprit, cette équivalence est fausse et irresponsable : nous appelons sans restriction à voter Emmanuel Macron et à rejeter Marine Le Pen.
Macron use souvent dans ses discours ou ses interventions sur divers plateaux médiatiques de l’expression « en même temps… ». Formule qui lui est souvent reprochée, sur le ton de la dérision ou de la critique. Elle serait pour ses détracteurs la marque d’une pensée hésitante, molle, qui ne reposerait sur aucun principe. Comme si rappeler qu’une réalité historico-économique, sociale, culturelle ou politique ne se résumait pas à une proposition simple, univoque, dans sa définition, son contenu, comme dans les moyens de sa transformation, était un défaut de méthode intellectuelle.