« Une double explosion a eu lieu à l’aéroport de Bruxelles vers 8 heures, dans le grand hall des départs. Au moins une personne est morte, et plusieurs sont blessées, selon un bilan provisoire. Une autre explosion est survenue à la station de métro Maelbeek, dans le quartier des institutions européennes. Aucun bilan n’est connu à l’heure actuelle. L’origine de ces explosions est pour l’heure inconnue. » C’est l’Info du Monde! Origine inconnue! Et ce au lendemain de l’attaque d’une mission de l’Union Européenne au Mali, cinq jours après l’arrestation d’un des kamikazes du Bataclan dans la banlieue bruxelloise. Un hasard sans doute!
Pour le politologue Bruno Tertrais, nos interventions militaires ne sont pas la cause du terrorisme; et la situation au Mali, en Libye et en Syrie aurait été pire si nous n’étions pas intervenus.
Depuis le vendredi noir du 13 novembre, une petite musique se fait entendre : nous serions en partie responsables, car ce sont nos interventions militaires qui suscitent, au Moyen-Orient, réactions violentes et in fine actes de terrorisme. Est-ce vrai ?
La France a été frappée à de multiples reprises par le terrorisme moyen-oriental sans intervention dans les pays concernés : actes d’origine palestinienne dans les années 1970, iranienne dans les années 1980, algérienne dans les années 1990… Les djihadistes n’ont pas attendu le 11-Septembre : souvenons-nous du projet déjoué d’attentat contre le marché de Noël à Strasbourg en décembre 2000. Dans l’autre sens, l’équation est tout aussi erronée. A-t-on vu les Irakiens détester l’Europe après la guerre du Golfe ? Les Serbes nous poursuivre de leur vindicte après le Kosovo ? Les attentats se multiplier à cause de notre intervention en Libye ?
Ce matin, j’avais décidé d’écrire un billet pour faire le commentaire critique de ces phrases de notre ministre de l’économie Emmanuel Macron, lors d’une intervention en conclusion de l’université du groupe social-démocrate « Les Gracques », huit jours après les attentats meurtriers en région parisienne, revendiqués par le groupe Etat islamique (EI):
Le terreau sur lequel les terroristes ont réussi à nourrir la violence, à détourner quelques individus, c’est celui de la défiance . Je ne suis pas en train de dire que tous ces éléments sont la cause première du djihadisme. C’est la folie des hommes, et l’esprit totalitaire et manipulateur de quelques-uns. Mais il y a un terreau, ce terreau est notre responsabilité
Un propos, cela dit en passant, rapidement détourné par les médias, qui n’ont retenu de cette intervention que la première phrase, pour les besoins de la « bonne cause » de la lutte contre l’islamophobie ambiante. Je m’apprêtais donc à montrer que ce genre d’analyse, si on peut dire, n’explique en rien les mêmes crimes commis par de jeunes djihadistes , au nom de la même idéologie, dans leurs propres pays ou ailleurs, comme en Tunisie, récemment, en Égypte, au Mali, etc… , quand je suis tombé sur cette tribune de Paul Berman, publié dans la Matinale du Monde (édition abonné), de ce jour. Aussi, comme nombre de ses remarques, pas forcément toutes, auraient pu figurer dans mon propre « papier », je préfère le reproduire ici, in-extenso, dans toute sa cohérence intellectuelle…