Alexandre Vialatte: « Chronique découragée du premier jour de l’an ». La Montagne, 31 décembre 1967.
Le premier de l’an date de la plus haute antiquité. Si loin qu’on remonte dans l’histoire de la Terre, les années ont toujours fini et recommencé. Si bien que le premier de l’an date de bien avant l’homme. Il en a pris une majesté considérable. Il ne cessera que le jour où la Terre, qui tourne à une vitesse terrible, sera usée par le frottement. Son rayon diminue chaque jour. Chaque jour rapproche donc l’homme du centre de la terre. Le dernier jour, n’ayant plus de support, il tournera autour de ses pieds.Finalement, il mourra de vertige.
J’ai regardé et écouté le président Hollande devant mon écran de télévision adresser ses voeux aux français. Je ne l’avais pas fait l’an dernier, et n’avais pas l’intention de le faire non plus mercredi dernier. Ce rituel républicain fortement teinté de couleurs monarchistes, en effet,m’ennuie profondément. Mais la circonstance domestique dans laquelle je me trouvais – je ne vous en donnerais pas les détails – m’obligeais à le suivre, même si ce fut, je le reconnais, fort distraitement.
940 voitures ont été incendiées au cours de la nuit de la Saint-Sylvestre, un nombre en recul de 12 % par rapport à 2013, selon le bilan du ministère de l’Intérieur transmis jeudi 1er janvier. Une tradition désormais bien établie, comme la bûche à Noël, en général, elle, plutôt glacée. Un rituel sauvage où des voitures sont brûlées sur l’autel festif de l’abondance et de la démesure par de « jeunes » gens vivant à la périphérie de nos villes. Au frais, si je puis dire, de leurs propriétaires et voisins habitants dans les mêmes quartiers.
« Chaque matin, à me réveiller encore sous la voûte céleste, je sens que c’est pour moi la nouvelle année. C’est pourquoi je hais ces nouvel an à échéance fixe qui font de la vie et de l’esprit humain une entreprise commerciale avec ses entrées et sorties en bonne et due forme, son bilan et son budget pour l’exercice à venir. Ils font perdre le sens de la continuité de la vie et de l’esprit. On finit par croire sérieusement que d’une année à l’autre existe une solution de continuité et que commence une nouvelle histoire, on fait des résolutions et l’on regrette ses erreurs etc. etc.