[…] Le phénomène des intellectuels activistes est typiquement romantique. Ce n’est pas un hasard s’il trouve en Rousseau son paradigme, encore en vigueur aujourd’hui, dans la mesure où se conjuguent en lui, pas toujours de manière heureuse, une conscience de soi exacerbée et l’affectation exhibitionniste d’une généreuse préoccupations sociale.
Bel-Ami ! Robert Pattinson. Film de Declan Donnellan, Nick Ormerod, 2012 : Journal.
Depuis Bel-Ami de Maupassant, rien n’a vraiment changé. Je consulte mes notes sur ma liseuse (Kindle) et tombe sur ceci, à l’emplacement 3435 :
« L’article parut sous la signature de Georges Du Roy de Cantel, et fit grand bruit. On s’en émut à la Chambre. Le père Walter en félicita l’auteur et le chargea de la rédaction politique de La Vie Française. Les échos revinrent à Boisrenard. Alors commença, dans le journal, une campagne habile et violente contre le ministère qui dirigeait les affaires.
Costume, tambour et battoir de chaman toungouse. Suncana/Flick
La politique est un territoire magique peuplé de chamanes aux pouvoirs mystérieux. Sous des aspects parfois inquiétants ils dirigent des tribus, élaborent et conduisent des rituels, guérissent par la parole et des actions psychiques directes les membres de leurs « sociétés ». Le chaman politique est aussi doté d’uneperception extra sensorielle du monde : télépathie, prescience, vision à de grandes distances, divination… en tant que psychopompe, il relie même le monde des morts, l’au-delà, à celui des vivants par une série de transformations personnelles. Les faits et les chiffres aussi n’ont plus de sens. Ils ne sont plus que des symboles transformables dans une perspective thérapeutique : maintenir la cohésion du groupe.
Comment la république est-elle devenue une idéologie fossilisée, et non la production vivante de tout un peuple, du plus humble citoyen jusqu’à ses plus grands hommes ? Telle est la question que pose Péguy dans ce texte: « Notre jeunesse ». Extraits lus cette fin de semaine:
Nous sommes les derniers. Presque les après-derniers. Aussitôt après nous commence un autre âge, un tout autre monde, le monde de ceux qui ne croient plus à rien, qui s’en font gloire et orgueil. Aussitôt après nous commence le monde que nous avons nommé, que nous ne cesserons pas de nommer le monde moderne. Le monde qui fait le malin. Le monde des intelligents, des avancés, de ceux qui savent, de ceux à qui on n’en remontre pas, de ceux à qui on n’en fait pas accroire. Le monde de ceux à qui on n’a plus rien à apprendre. Le monde de ceux qui font le malin.
Emmanuel Macron donne un entretien exclusif dans 1 Hebdo. Un entretien, comme le reste de ce numéro très intéressant. Et des « chiens de garde » de la vieille pensée socialiste, toujours à l’affût des moindres mots de celui qui, à leurs yeux, incarne au sein même de l’exécutif « l’ennemi de classe », ce qui, pour des militants et des élus issus pour la plus grande majorité d’entre eux de la « fonction publique », au sens large du terme, ne manque pas de piquant, trafiquent son propos, le présentent comme étant plus royaliste que démocrate et se proposent de l’envoyer tout simplement à « la Lanterne » (Expression tirée d’une chanson révolutionnaire bien connue : « Ah, ça ira, ça ira, ça ira, les aristocrates à la lanterne… ». Les lanternes en question étaient des réverbères, qui étaient utilisés comme gibets pendant la Révolution : on y pendait, sans autre forme de procès.)
Picasso Pablo (dit), Ruiz Picasso Pablo (1881-1973). Paris, musée national Picasso – Paris. MP72. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime chargement… […]