Frères et sœurs, à la veille de poser ma candidature à l’Académie Française, vous m’avez redonné la force, l’enthousiasme et l’immense joie d’incarner à vos yeux jusqu’ici perdus dans les eaux glauques du désespoir, les immortelles valeurs d’une gauche assoiffée d’amour, de justice et de respect. Ce pathétique appel, frères et sœurs, ne soyez plus résignés, abattus, déprimés, je l’ai entendu du fond de ma discrète et modeste thébaïde littéraire. Soyez fiers de m’avoir noté « bien plus », ne pleurez pas ma calamiteuse prestation devant la fondation Abbé Pierre ; rien, rien jamais ne pourra briser ma volonté de soulever les tumultueuses et libératrices vagues de notre valeureux, merveilleux peuple, et de l’humanité tout entière. Sa parole, sa geste, sa beauté en moi désormais figurées, je les porterai orgueilleusement corps et âme de toute éternité, jusqu’à l’ultime sacrifice. Votre ChT !
Ce matin, dans le seul journal local de ma petite ville qui jadis fut cependant capitale, le PRG de l’Aude au complet – une vingtaine de militants tout au plus : un « grand rassemblement » selon les normes statistiques de ce micro parti – faisait la « Une » et la photo pour appeler les « sympathisants de gauche » à participer à la primaire populaire et voter pour leur candidate à la Présidentielle, leur nouvelle égérie et pompeuse poétesse, madame Christiane Taubira. Une primaire dont les organisateurs se sont arrogés le droit de départager les candidats de gauche à la façon d’une directrice d’école maternelle, en distribuant à des candidats qui ne le sont pas, notamment et surtout Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Anne Hidalgo, des appréciations infantilisantes : «très bien», «bien», «passable» – traduire pour cette dernière par « médiocre » et « nul ». Une fausse primaire « spontanée et citoyenne » donc, outrancièrement ridicule, et dont le seul objectif est en réalité de propulser la candidature-torpille de C. Taubira pour faire exploser ce qui reste encore des partis de gauche. J’observe aussi que, dans ma Région Occitanie où le PRG et ses leaders, peu nombreux, certes, mais qui occupent des positions de pouvoir importantes offertes à eux par un PS maître de la Région et de nombreux Départements, ce dernier assiste, muet, comme une taupe, à cette offensive « liquidatrice » de Taubira et du PRG réunis. À croire que dans l’inconscient collectif de ce dernier, la fin d’un cycle politique de 50 ans qui l’avait amené aux plus hautes responsabilités de l’État, était déjà acté. Quand on en fera l’histoire, on ne manquera pas de relever, anecdotiquement cependant – faut pas pousser ! –, que le PRG n’aura finalement jamais cessé de jouer le double jeu du soutien et de la « trahison ». En attendant, pour reprendre les mots d’un ami, on aura tout vu ! Avec du « mélo » à la façon tortueuse d’Arnaud, jusqu’au comique dodu de François, en passant par le cynisme rageur de Jean Luc, la « fausse naïveté » de Jadot, la démesure tragique d’Anne et la grandiloquente morgue d’une Taubira. Mais quel spectacle, tout de même !
* Les deux primaires organisées par les socialistes avaient rassemblé 2 millions de votants en 2011 et 1,6 en 2017.
* * Un PRG qui n’aura finalement cessé de jouer le double jeu du soutien et de la « trahison » avec le PS.
L’histoire retiendra qu’après avoir privé Lionel Jospin d’un second tour – et sans doute de l’Élysée – pour seulement 0,7 % des voix, le 21 avril 2002, François Hollande l’installe à la tête du prestigieux ministère de la Justice, de 2012 à 2016, et lui donne ainsi une notoriété dont elle se pare orgueilleusement pour une nouvelle fois se présenter à l’élection présidentielle. Avec pour résultat probable d’ajouter à la déroute électorale du PS, un énorme fiasco financier. Finalement, cette dame a toujours été une menace pour le PS, et, sans trembler, elle entend à présent achever son « travail » : liquider, dans tous les sens du terme, ce qui reste du parti de Jaurès.
Amusante la réaction enthousiaste des responsables et militants socialistes locaux à l’annonce de la création d’une prison dans la Narbonnaise. Une initiative qui , en d’autre temps pas très lointains, aurait été en effet condamnée au motif de sa nature « exclusivement répressive, d’enfermement… » etc… etc… ; et de son orientation si manifestement contraire à des principes politiques et philosophiques qu’incarnaient encore récemment madame Taubira : prévention, « emprisonnement » hors les murs etc… etc…
François Hollande et Martine Aubry en visite dans l’usine de Gandrange. REUTERS/Vincent Kessler
Allons vite à l’essentiel! Depuis la sortie de madame Taubira, la gauche du PS – au Parlement, à l’intérieur du parti, et dans la rue bientôt – « la gauche de la gauche » en général et leurs « figures » présidentiables – Aubry, Montebourg, Mélenchon... – font le pari que Hollande ne se représentera pas à la présidentielle de 2017 et qu’il fallait passer à l’offensive pour l’attaquer frontalement sur sa ligne social-libérale en visant son maillon faible, le seul fusible institutionnel disponible: Manuel Valls et les projets que le Président lui demande de mettre en oeuvre.
Picasso Pablo (dit), Ruiz Picasso Pablo (1881-1973). Paris, musée national Picasso – Paris. MP72. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime chargement… […]