Le projet de loi Mobilités a débuté ce lundi à l’Assemblée nationale ; et l’opposition a mis sur la table deux propositions : la première, soumise dans un amendement par la députée Delphine Batho (Génération écologie), consiste à interdire tout vol intérieur vers des destinations reliées par le train en moins de cinq heures.
Les TGV arrivent bien à Béziers. Il en repartent aussi. Comme à Narbonne, Perpignan et Montpellier. Et ce depuis quelques années déjà. Qu’ils ne roulent pas à très grande vitesse, est une chose, mais ils roulent ; et s’arrêtent aux pieds des allées Paul Riquet.
Nouveau look pour André Viola, le président du Conseil Départemental de l’Aude, pour sa première apparition post-estivale dans les colonnes de l’Indépendant ! La photo est soignée, insistante… on la croirait sortie d’un studio… Barbe et moustache de deux ou trois jours, col de chemise ouvert, gestuelle aérienne, comme si, paradoxalement, son humiliante chute aux législatives dernières et l’effondrement du PS dans son département, lui avait donné un déconcertant « coup de jeune »… Seul son regard empreint d’une vague tristesse et son large front plissé de profondes rides semblent toutefois exprimer encore l’amertume d’avoir vu son plan de carrière brutalement balayé par son imprévisible (à son sens !) défaite électorale – individuelle et collective.
Donc à partir du 2 juillet, deux nouvelles lignes à grande vitesse mettrons Rennes à 1 h 25 de Paris et Bordeaux à 2 h 04 seulement de la capitale. 522 kilomètres de LGV vont s’ajouter d’un seul coup au réseau ferré français. Un événement que l’on n’est pas près de revoir de sitôt en France. Comme l’écrit Éric Béziat dans le Monde (La Matinale de ce dimanche) : « cette double inauguration est aussi un chant du cygne. Il n’est pas certain que la France ait encore les moyens d’un tel investissement (plus de 12 milliards d’euros). Construire une voie de communication pour 24 millions d’euros du kilomètre ne semble à la portée ni d’un pays épinglé par la Cour des comptes pour dérapage des finances publiques, ni d’une entreprise – la SNCF – dont la dette globale court allègrement vers les 55 milliards d’euros cette année. »
Les 60 kilomètres du contournement de Nîmes et Montpellier seront certes bien mis en service en décembre 2017. Mais la LGV Bordeaux-Toulouse, le projet le plus avancé pourtant, risque d’attendre encore longtemps. Sa réalisation coûterait 9 milliards, rappelle-t-on au gouvernement. Question : où les trouver*? Conséquemment, la priorité est donnée au réseau existant et aux trains du quotidien… Ce qui renvoie le tronçon manquant entre Montpellier et Perpignan, ses gares de Narbonne et Béziers, et la liaison Bordeaux-Toulouse, aux calendes grecques … Les coups de com de la Région Occitanie sur ses LGV et Gares TGV pendant la campagne des régionales et cette dernière présidentielle ne pouvaient masquer cette réalité souvent énoncée ici (tags LGV ou TGV).
On ne peut donc plus dire, comme madame Delga récemment encore dans le Midi Libre, que l’Occitanie a le réseau ferré le plus dégradé du pays et demander à la SNCF de faire des efforts conséquents en contrepartie des 260 millions d’euros qu’elle lui verse pour assurer l’exploitation du service TER tout en exigeant, de surcroît, l’ouverture de nouvelles lignes et gares TGV… Et croire ou faire croire que les appels à la mobilisation générale des élus, toutes tendances confondues, et des divers groupes de pression du BTP, notamment, pourraient faire changer les choses. Ce serait s’illusionner (une faute professionnelle pour des élus) et tromper son monde (une détestable habitude souvent constatée hélas chez les mêmes.)
* »Une règle d’or » interdit désormais à la SNCF de s’endetter pour financer des voies nouvelles.
Alors là, « gonflée » dame Delga. Dans un débat avecDominique Reynié, elle affirmait avoir la garantie du Ministre Vidalies, que la programmation de la ligne TGV Bordeaux-Toulouse, pour 8,5 milliards d’euros, annoncée officiellement ces jours derniers, « n’obèrera pas la ligne Montpellier-Perpignan ». La preuve? La lettre qu’elle aurait reçue du-dit Ministre, en réponse à sa demande d’explication. Bien ! Alors, dosons nos mots. De deux choses l’une. Ou madame Delga ne l’a pas lu, ou elle ne sait pas lire. Cette lettre, la voici (PDF) dans son intégralité. Sa conclusion est nette :
24 millions d’euros pour de seules études pré-opérationnelles, dont 12 millions de l’Europe, sur la période 2014-2020, pour Montpellier-Perpignan. On est très loin des 6 milliards (estimation RFF 2014) nécessaires à sa réalisation… après 2020. Rappelons aussi que le tronçon entre Nîmes et Montpellier est en construction avec une mise en service prévue en 2017.