Monsieur Vidalies, secrétaire d’État aux Transports, à la Mer et à la Pêche a donc fait savoir à ses amis président des actuelles régions Aquitaine et Midi-Pyrénées, Alain Rousset et Martin Malvy, que le gouvernement avait validé, conformément aux conclusions de la commission Duron samedi dernier, la réalisation des lignes TGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. Montant de travaux estimés: 8,3 milliards d’euros. Une paille! Une annonce faite à quelques semaines des prochaines élections régionales, par un secrétaire d’État, anciennement député des Landes – un pur hasard, bien entendu! – dans la plénitude de ses fonctions, loin des vulgaires passions de la cuisine politicienne.
Extraits d’un article éclairant dans « les Échos », qui, au moins, a le mérite de nous sortir des stupidités, et de la démagogie ambiante sur le sujet sempiterlement entretenue par des élus locaux en panne de vrais projets économiques pour ce qui est encore le Languedoc-Roussillon.
« Le contraste est frappant. Alors que, à Paris, le gouvernement et la direction de la SNCF proclament depuis plusieurs années leur intention d’en finir avec le tout-TGV, plusieurs régions restent imperméables à ce discours et s’accrochent mordicus à leurs projets de nouvelles lignes.
Au niveau national, l’orientation est pourtant clairement affichée depuis le rapport en 2013 de la commission Mobilité 21, qui avait été chargée par le gouvernement de hiérarchiser les grands projets d’infrastructure. Philippe Duron, le président de la commission, l’avait indiqué dès le préambule : « La grande vitesse ferroviaire prend tout son sens sur des distances de 400 km à 1.000 km, pour les relations entre grandes métropoles […]. Pour les villes et agglomérations de moindre taille, d’autres services doivent pouvoir s’envisager autour des 200 à 220 km/h, à partir des infrastructures existantes. » Une analyse reprise à son compte par le gouvernement, et complétée par la priorité donnée aux transports de proximité. « Aujourd’hui, l’urgence n’est pas de lancer de nouveaux projets pharaoniques et déficitaires, mais d’agir pour la mobilité quotidienne des Français », avait appuyé quelques jours plus tard le Premier ministre de l’époque Jean-Marc Ayrault.
En conséquence, plusieurs projets de nouvelles lignes TGV ont été étiquetés comme non prioritaires par la Commission 21. Seule la réalisation du tronçon Bordeaux-Toulouse avait été retenue pour une réalisation avant 2030. En octobre dernier, un rapport de la Cour des comptes avait enfoncé le clou, stigmatisant « un modèle porté au-delà de sa pertinence ». »
De sorte que l’on peut légitimement s’interroger sur le destin de la ligne nouvelle Montpellier-Perpignan (150 kilomètres), aujourd’hui au stade des études préalables à l’enquête publique, un serpent de mer languedocien, promu depuis vingt-cinq ans par les élus successifs.
« Le coût de l’infrastructure est évalué à 6,5 milliards d’euros. Projet impossible à financer pour certains observateurs, qui soulignent qu’il a fallu huit ans pour boucler le tour de table financier du seul contournement ferroviaire de Nîmes et Montpellier (2 milliards d’euros), en cours de travaux et prévu pour fin 2017. Comme les autres projets de ligne nouvelle (à l’exception de Bordeaux-Toulouse), la LNMP n’a pas été retenue par la commission Duron, en 2013. Elle est aussi dans le viseur de la Cour des comptes. Avant le lancement de l’enquête publique, prévue pour la fin 2016, Damien Alary, président (PS) de la région Languedoc-Roussillon, demande au gouvernement la nomination d’un « Monsieur Financement », pour mettre les collectivités autour de la table. Mais la future grande région, qui aura très probablement Toulouse comme capitale, pourrait être plus revendicative pour le projet Bordeaux-Toulouse que pour Montpellier-Perpignan. »
Quant à l’axe Toulouse-Narbonne:
« Autre exemple, le projet Toulouse-Narbonne, rejeté par la commission Duron, continue d’être promu par le président de Midi-Pyrénées, Martin Malvy. Lequel estime qu’il sera une priorité pour la nouvelle grande région résultant de la fusion avec Languedoc-Roussillon. Pour lui, ce sera un sujet lors de la révision du contrat de plan Etat-région après 2017). Philippe Saurel, maire de Montpellier, plaide, lui, pour une liaison à grande vitesse entre Toulouse et Montpellier (inexistante à ce jour sur tout le linéaire), « pour pouvoir relier les deux métropoles en 1 h 15, au lieu de plus de 2 heures ». »
Il y a peu, j’ironisais sur la situation ubuesque qui verrait la création de deux gares TGV!!! à Narbonne et Béziers, projet annoncé par les élus, ravis, des deux territoires, lors d’une rencontre de travail et surtout de promotion et de lobbying à Gérone. Un projet doublement surréaliste tant du point de vue « grande vitesse » que de sa dimension financière- finances publiques très dégradées et endettement de la SNCF hors limites ( la dette cumulée de l’entreprise atteint désormais 44 milliards d’euros.). Jeudi, la Cour des Comptes devrait présenter son rapport et faire l’inventaire des errances qui sapent l’avenir du TGV. Un bilan sans concession de la grande vitesse, victime de décisions politiques irrationnelles et d’estimations de rentabilité faussées. Autant dire que la LGV Montpellier-Perpignan n’est pas pour demain. Quant aux deux gares de Narbonne et Béziers…