Étonnement, hier matin, quand j’eus pris connaissance du courrier arrivé, d’y trouver, dans le petit tas habituel de catalogues commerciaux, d’appels aux dons humanitaires, de lettres administratives ou de factures impayées, une enveloppe d’un poids inhabituellement lourd. Empressé d’en connaître l’expéditeur, je ne le pus. Seul un rapport daté du 11 septembre 2011, adressé au maire de Narbonne de l’époque, Jacques Bascou, à l’en-tête de l’Inspection Générale du patrimoine du ministère de la Culture et de la communication, sur les Archives Municipales de La Ville, y avait été anonymement glissé ; sans mots d’accompagnement – ni explications !Sa lecture suffisait cependant pour que je comprenne, dès les premières lignes lues, les raisons de ce discret envoi. La situation de ce service des Archives municipales est, selon l’auteur de ce rapport, très préoccupante.Je relève, pour aller à l’essentiel (conclusions : ici), qu’installé dans l’actuel bâtiment de l’Office du tourisme, ses locaux administratifs et ceux qui sont destinés à recevoir le public sont particulièrement exigus avec des rayonnages présentant de réels risques en cas d’incendie. Rien de surprenant pourtant, ces mêmes observations avaient déjà été faites par le direction des Archives de France en 2004. Et, depuis, rien ! Je passe vite aussi sur les observations concernant « la qualité » du service rendu aux chercheurs intéressés par la riche histoire de Narbonne. Bref ! un état des lieux de nos Archives peu conforme au statut de notre cité –elle appartient au club très fermé des Villes d’Art et d’Histoire ! À ma connaissance, depuis l’arrivée de Didier Mouly aux affaires municipales, rien non plus n’a été envisagé pour, notamment, et surtout , comme le préconise le rédacteur de ce rapport accablant : « réimplanter ce service sur un nouveau site, sûr et sain, aisément accessible pour le public et les services de la mairie ». Cet investissement ne figure pas dans les priorités municipales, en effet, nos édiles ayant décidé de réserver leur budget à la construction d’une salle multimodale évaluée à 20 millions d’euros, et à l’utilité largement sujette à discussion, elle ! Faut-il donc rappeler à nos élus la valeur de ce patrimoine d’archives municipales et le « prix » négatif que représentent aujourd’hui les conditions dans lesquelles il est conservé et géré ?Ce « bien commun » n’est pas qu’un stock voué aux ténèbres de galeries fréquentées par de rares spécialistes. Il constitue aussi une ressource économique profitable à la promotion et au rayonnement de notre ville, sur un plan touristique, notamment… Montpellier¹, notre voisine, l’a bien compris. Serions-nous à ce point stupides, nous, au point de l’ignorer.
¹Comme le hasard fait toujours bien les choses, je lis, ce matin (ici), un article fort intéressant, qui vient d’être publié, sur les Archives de Montpellier. J’y apprends que désormais le public peut consulter les documents d’archives numérisés, mener ses recherches à distance ou préparer sa venue aux archives ; que cette mise en ligne permet la diffusion de quelque 45 000 images et plus de 60 000 notices décrivant les documents et ouvrages historiques conservés aux archives municipales ; et qu’accessible à partir du site internet, cette offre vient compléter les sources déjà mises en ligne par les archives départementales de l’Hérault (cadastre, état civil) par des documents exceptionnels sur l’histoire de Montpellier.
Ainsi donc, afin de limiter les frais occasionnés par le renouvellement des livrets de famille, une participation forfaitaire de 10 euros sera désormais demandée aux familles par les « services municipaux ». La raison invoquée serait qu’en cas de « perte, vol, destruction ou séparation, pour permettre la confection d’un second livret de famille, les services de l’Etat civil doivent adresser ce nouveau livret à chaque commune où une naissance ou un mariage est intervenu… ». Bien, un argument massue! Mais fort léger, cependant. Le budget annuel consacré à leur achat ne pèse en effet que 3000 euros pour 2000 livrets. 3000 euros! Un poste budgétaire de la plus grande importance qui devrait sauter aux yeux de tous, n’est-ce pas? Rendez-vous compte, 1,5 euro par livret à la charge de la commune… Insupportable, scandaleux! Et plan, 10 euros!, s’il vous vient l’idée saugrenue d’en demander le simple renouvellement. Une « marge » de 8,5 euros… Bigre! Franchement, tant d’énergie administrative et politique pour obtenir si peu de gains financiers… Mais, mais! finalement, « la raison délibérative » et la démocratie participative ont fini par triompher. En effet, au terme de fructueux échanges où l’audace intellectuelle des différents intervenants s’est hissée à la hauteur de la tour Aycelin, cette participation forfaitaire de 10 euros ne sera plus exigée qu’au deuxième ou au troisième renouvellement. Enfin, je crois! bien que, pour tout dire, les débats furent si confus, que je n’en sais fichtrement plus rien! Bref, au Château, où le conseil municipal ce soir là se réunissait, des économies de bouts de chandelle ont enténébré les débats. Du Kafka, celui du Château!… Dans une version à la Marx Brothers.
Dans cette première partie de mes Contre-Regards il sera question des élections départementales et du Groupe des Élus Responsables et d’un arrêt de bus réalisé de manière irresponsable par la Ville de Narbonne…
Dans un billet précédent, je notais les éventuelles conséquences politiques et électorales, pour la droite narbonnaise en général, à se présenter sous le «loup»: «Votez pour des élus responsables», et signalais que l’on pouvait faire une longue liste de décisions irresponsables prises par ses promoteurs, au plan national ou local, notamment, pour faire la démonstration, qu’en ce domaine, le critère d’appréciation n’était point l’appartenance à un camp, de gauche, du centre ou de droite.
J’en veux pour seule preuve récente la décision prise par le maire de Narbonne de déplacer deux abris-bus : «Passage Rossel» et «Médiathèque Mistral» devant le Palais du Travail. Deux abris-bus réalisés, mais sans bus pour s’y arrêter! Pourquoi? Eh bien pour l’unique raison que le Plan de Déplacement Urbain, comme la gestion de la délégation de service public relative aux transports urbains relèvent de la seule autorité de l’Agglomération, et donc de Jacques Bascou, son Président. En conséquence, ces travaux faits, sans aucune concertation, par Didier Mouly, nous donnent ce spectacle étrange de deux mobiliers urbains fantômes, tandis que les bus continuent de circuler, comme ils l’ont toujours fait, sur le même itinéraire et de s’arrêter à la hauteur des mêmes abris-bus.
Alors, de deux chose l’une. Soit, les décideurs de la Ville de Narbonne ignoraient cette répartition des compétences, soit ils en connaissaient les principes. Mais, de toute façon, deux raisons qui cependant suffisent – indépendamment des problèmes de sécurité pour les usagers-piétons que soulèveraient les changements d’itinéraires voulus par le maire de Narbonne – pour qualifier cette initiative, et son coût, de parfaitement, si je puis-dire, irresponsable.
Deuxième exemple, celui présenté par nos «Élus responsables», qui, fustigeant la pauvreté du Département en font porter la responsabilité au PS et à sa gestion pendant tout le siècle passé.
Une première incidente historique, tout d’abord, en faisant remarquer que la SFIO et le PS ensuite jusqu’à aujourd’hui, ne « tiennent » ce Département que depuis la Libération. Mais passons vite, sur cette réinterprétation de l’histoire! pour ne retenir que l’argument avancé : le taux de chômage dans l’Aude, effectivement très élevé. Pour constater qu’en 2011, celui de l’Aude était de 17% , et celui de la commune de Narbonne de 19%.
19,3%! et ce au terme, à trois ans près, d’une très longue gestion de la Ville par la droite locale sous le label Nouveau Narbonne; celui-là même de l’actuelle municipalité.
Devrait-on, pour autant, qualifier la politique menée antérieurement par Hubert Mouly et ses successeurs, sur sa ville, pendant 21 ans, d’irresponsable. Évidemment, non! Les causes de cette pauvreté en emploi, dont toutes les autres découlent, sont, en effet, structurelles. Elles tiennent à l’économie générale de ce Département et de cette Région, et à l’absence d’un véritable « moteur » industriel et de services marchands conséquents pour y créer de la richesse et de l’emploi. Or l’on sait, ou devrait savoir, que les principaux facteurs susceptibles de favoriser l’investissement productif dépendent de décisions fiscales ou sociales relevant de l’État; et que l’on ne modifie pas radicalement la structure économique d’un Département comme l’Aude par un simple changement de majorité politique. D’autant que l’institution départementale en question n’a pas le pouvoir d’agir dans un domaine – économie-emploi – relevant des compétences de l’État et des Régions…
En politique, surtout, chacun est responsable de son ignorance. Réelle ou feinte! Surtout quand elle s’exprime publiquement!
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