Tel-Aviv sur Seine : le deux poids-deux mesures des droits-de-l’hommistes
Un article de Maxime Tandonnet (son blog est: ici)
La nouvelle polémique française de l’été semble particulièrement déplacée. Nous assistons à une mobilisation de divers groupuscules de plusieurs tendances idéologiques, soutenus par une frange de l’opinion publique, contre la manifestation «Tel Aviv sur Seine». Celle-ci, organisée par la mairie de Paris, est destinée à valoriser la gastronomie, le mode de vie et la culture de cette ville. L’émotion légitime causée par la mort d’un bébé palestinien, tué dans des conditions atroces par des colons extrémistes, paraît être à l’origine de ces réactions.
L’appel à l’annulation de cette rencontre tend à importer sur le territoire français un conflit extérieur et il est en cela incompatible avec le principe d’indivisibilité de la République.
Mais surtout, il est de la même nature que les tentatives de boycott des produits israéliens qui furent lancées il y a quelques années. Il procède de la confusion entre la réalité historique et géopolitique d’un Etat et les sentiments d’horreur, encore une fois parfaitement légitimes et compréhensibles, suscités par un événement. Que des actes insupportables soient commis par des barbares est une chose. Mais on n’a pas le droit d’en tenir pour responsable un Etat dont l’existence remonte à 1948, et qui plus est, une ville, ses traditions, ses habitants. Le gouvernement israélien a d’ailleurs été clair sur la condamnation de ces faits immondes et s’est prononcé en faveur des sanctions les plus sévères pour leurs auteurs.
On ne peut pas tenir Israël, comme pays, comme entité historique, qui s’est créée et développée à la suite des pogroms d’Europe de l’Est, des persécutions antijuives perpétrées par les nazis et du génocide de six millions de juifs sous la Deuxième guerre mondiale, comme responsable d’événements effroyables qui s’y déroulent aujourd’hui. Il est malhonnête intellectuellement de confondre cet Etat historique, membre de la communauté internationale, appliquant les principes de la démocratie libérale, proche allié de la France depuis toujours, ainsi que ses collectivités locales, ses villes, dont Tel Aviv, sa population dans son ensemble, avec des atrocités commises par quelques extrémistes qui ont été aussitôt arrêtés, livrés à la justice israélienne et prochainement jugés comme ils le méritent.
Le même raisonnement tirant d’une légitime et compréhensible émotion des décisions de boycott, pourrait conduire par exemple à interdire le tourisme et les échanges commerciaux avec les Etats-Unis en raison des accusation de meurtres racistes d’adolescents qui pèsent sur certains policiers, à rompre avec la Chine qui applique à tour de bras la peine de mort, à interdire tout échange avec le Pakistan où un jeune couple a été brûlé vif l’an dernier pour un supposé blasphème, avec le Nigéria, où des milliers de jeunes filles ont été enlevées, arrachées à leurs familles et ont disparu, avec l’Inde où des femmes sont brûlées par rituel, avec les pays qui pratiquent la lapidation des femmes adultère, avec le Soudan du Sud où dans l’indifférence général de la communauté internationale, un effroyable génocide, marqué par des tortures et des massacres, dont sont principalement victimes les enfants, se déroule en ce moment même dans l’indifférence générale.
En outre ces groupes qui appellent au boycott de Tel Aviv sur Seine pratiquent deux poids deux mesures, à l’image d’ailleurs de toute une partie de l’opinion publique française et des intellectuels de ce pays. En effet, on peut s’interroger sur le silence de la plupart des partis politiques, des médias, des associations, des défenseurs des droits de l’homme, des écrivains, envers les actes monstrueux commis au Moyen-Orient par l’Etat islamique sur les minorités chrétiennes et yazidies et plus généralement les populations civiles, y compris musulmanes, refusant de se rallier: massacres de villageois, décapitations médiatisées de prisonniers y compris de civils, torture, crucifixions, incendies d’église et de maisons, jeunes filles traitées en esclaves sexuelles, soldat jordanien brûlé vif dans une cage, prisonniers noyés dans des cages et filmés sous l’eau en train de mourir, attentats causant la mort de centaines de civils.
Bien sûr, les atrocités commises quelque part n’excusent en rien ou ne diminuent en aucune façon les crimes perpétrés ailleurs. Cependant, l’honnêteté intellectuelle et le principe d’unité de la nature humaine, d’universalité et d’égale valeur de tous les hommes, sur lesquels repose toute civilisation digne de ce nom, devraient conduire à dénoncer avec autant de vigueur et de détermination toutes les formes de barbarie.
Nous en sommes bien loin.
Source: Figaro Vox Maxime Tandonnet
Mots-clefs : Droits de l'Homme, Hidalgo, Israël, Paris-Plage, Tel-Aviv
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Pelissier
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Quel est le rapport entre la politique, certes très agressive de B.Nethanyahu, et un rapprochement culturel et ludique avec Tel Aviv, par ailleurs jumelée à Paris. Comme d’habitude la plus grande confusion règne et ce ne sont pas nos chers médias dominants qui nous éclaireront.
Marre des manipulateurs pour qui on est forcément blanc ou noir, sans chercher les explications que l’on ne veut surtout pas trouver.
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Raynal
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Qui ne voit que derrière les cris d’orfraie contre cette manifestation se cache honteusement le nouvel antisémitisme d’une certaine gauche dépositaire a vie du droit et de la morale…? Pour ces gens a qui les pulsions irrationnelles tiennent lieu de reflexion et qui adorent se trouver beaux chaque matin dans leur miroir , le monde est clairement divisé entre les camps du bien et du mal et ils se proclament garde frontières de cette démarcation…Il fut un temps ou le juif etait tendance dans les tavernes de boboland….Maintenant c’est le diable cornu….Tandis que l’Arabe qui décapite est tout de même quelque part une victime de la colonisation….Tout cela peut changer assez vite….Les gens qui pensent ainsi au gré du vent se préparent le destin des feuilles mortes…..
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