« Autant bâiller aux corneilles… »

     

Unknown-3Je constatais, dans mon billet précédent, le mauvais coup porté à notre langue par « un barbarisme » venu de Chine et qui, par la complaisante et démagogique vertu de Messieurs Balladur et Lang vient d’être élevé au rang de « création linguistique »

Les journalistes, qui ne sont jamais en reste dans l’art du divertissement ,  présentent, à peu d’exception près, cette «  bravitude » comme l’égale, dans l’ordre du langage, de « l’urinoir de Duchamp » dans celui des arts plastiques. Une espèce mal définie de révolution esthétique, en quelque sorte. Une variante amusante de « branchitude » qui poussent ses cornes jusqu’en Poitou-Charentes, à La Crèche précisément, où est né, le délicieux « haut et creux ». Qui, n’en doutons pas, sera vite rejoint par son double, et vertigineux : « bas et plein » L’esprit moutonnier caractérisant nombre de nos concitoyens crétinisés par la purée médiatique, nul doute que ce virus ne se propage dans toutes les chaumières bobos. Dans sa correspondance avec Louise Colet, Flaubert écrivait, le 8 février 1852 :  »  À ce qu’il paraît qu’il y a dans les journaux les discours de Guizot et de Montalembert. Je n’en verrai rien ; c’est du temps perdu. Autant bâiller aux corneilles que de se nourrir de toutes les turpitudes quotidiennes qui sont la pâture des imbéciles « . Il voyait loin, et juste, le bougre!

Photo : Gustave Flaubert

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Commentaires (2)

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    cauchy

    |

    J’aurais écrit « bayer » (cf Larousse).Mais je n’irais pas contre Gustave.

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    Michel Santo

    |

    Gustave aurait-il fait une confusion? En ce cas, il était coutumier de la chose. Ainsi dans Madame Bovary :  » Pauvre petite femme! ça bâille après l’amour, comme une carpe après l’eau sur une table de cuisine. »

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