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Indécent et vulgaire!

 

 

 

La dernière présentation de l’économie du Languedoc-Roussillon par l’Insee (avril 2011) n’est guère flatteuse. Et ne peut surprendre que des élus enfermés par leurs communicants dans un monde fantasmé. Dans ce très édifiant document, l’Aude, qui nous touche de plus près, avec un taux de pauvreté de 19,3 % et ses 10 % de la population qui ne dispose en moyenne que de 764 € par mois (le seuil de pauvreté est situé à 950 € !) est pointée comme le département le plus pauvre de la région (derrière la Lozère !), et de la France métropolitaine. Même les plus riches y ont moins d’argent…  Un exemple de cet aveuglement organisé par nos élites locales nous est fourni par le Parisien, qui nous apprend que, pour son édition 2011, le Festival de Carcassonne cassera sa tire-lire « avec un contingent de têtes d’affiche absolument énorme. Yannick Noah, Christophe Maé, Moby, Ben Harper, Iggy Pop, Supertramp, The Beach Boys, Tom Jones et plein d’autres stars internationales… ». Que voulez vous, on pourra me donner toutes les raisons du monde pour justifier un tel étalage de richissimes paillettes que je ne le trouverai pas pour autant, dans une situation économique et sociale comme la nôtre, indécent ! Indécent et vulgaire…

Narbonne, « ville la plus maçonnique de France »!

 

Nous y voilà ! Narbonne n’est plus seulement l’ancienne capitale  d’une province romaine, et celle, définitivement perdue, de la vigne et du vin, située au « carrefour de l’Europe, comme le prétendent concurremment d’innombrables villages et hameaux gaulois. Par l’onction médiatique de l’Express, la voici désormais établie au rang de « ville la plus maçonnique de France ». Un dossier réalisé par Jacques Moléna, que j’ai bien connu en son temps quand il officiait au « Méridien », un mensuel économique régional dans lequel, quand j’occupais, dans les années 90, quelques responsabilités régionales, il avait signé mon portrait. Un portrait plutôt bienveillant, d’ailleurs. C’est donc avec impatience, et non sans crainte, que j’attends celui (de portrait : le mien !) qui devrait figurer, m’a-t-on dit, dans ce grand classique des « marronniers » de saison. Car depuis trois ou quatre jours la rumeur enfle, monte, gronde et grouille entretenue qu’elle est par la rivalité complice de médias locaux, qui lâchent, depuis hier soir, à coups de « petites révélations », la sortie de cette « enquête ». Et demain, nous verrons, je le crains, une déferlante d’affichettes racoleuses envahir l’espace public à l’exception, peut-être, des trop rares vespasiennes municipales. Qui pourraient devenir les derniers refuges d’une intimité que notre époque abjure au profit d’une  » transparence  » aussi indécente que vulgaire …

PS rajouté mercredi 13 avril/ A noter le bon article, sérieux et honnête d’André Navarro dans l’Indépendant de ce jour. 

Une dernière vilenie!

 

Il est de ces hommes qui, l’âge venant et l’égo en berne, se glissent dans les couloirs et les ors des sous-préfectures pour y chercher les doux rayons d’une considération jamais reçue pendant  leur médiocre petite vie active. Un profond ressentiment, une récente et confortable retraite et une tardive  jeune femme leur sont désormais comme un nouveau bain de jouvence. Ils se découvrent poètes et tricotent des vers d’une lénifiante vulgarité. Maire d’un petit village conquis par la trahison de celui qui devait l’être, la pensée du notre s’est colorée d’un rouge vif. L’environnement local ne lui laissait pas d’autres choix et ceux qui le fréquentèrent dans ses années de maturité y retrouvent l’arrogance et le cynisme dont témoigne toujours son regard brumeux et fuyant. Il fut un temps où il m’invitait : par  utilité.Une sorte d’investissement relationnel pour l’avenir, toujours incertain. Il m’ignore aujourd’hui : je témoigne de sa vérité. Une image de lui-même limitée et mesquine. Qu’il ne peut s’empêcher de m’imposer, comme si en dépendait la sérénité de son âme. Une dernière vilenie: par crainte de son devoir…

Touche pas à ma niche ! Protégeons nos gamelles !

C’est Jérôme Cahuzac, le Président P.S de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale, qui résume le mieux ce que serait la politique fiscale de ses amis en 2012 : « Nettoyer les niches fiscales pour harmoniser les assiettes. » Une formule piquée dans la charte de la S.P.A ! A une nuance près, cependant. S’agissant de canidés se gavant de copieuses pâtées d’exonérations d’impôts, des gamelles eussent été plus appropriées. Mais quel chantier ! Chaque français ou presque possédant sa niche, l’effort à consentir pour karchériser cet immense parc  canin, nécessitera une mobilisation sans précédent. Sans compter les risques de vilaines morsures. Quant aux gamelles et à leur harmonisation souhaitable ( Un seul format, monocolore ), on imagine d’ici la gueule d’un Doberman devant une pâtée de Teckel !!! Et prédire un chenil fiscal en perpétuel concert d’aboiements : « Touche pas à ma niche ! Protégeons nos gamelles ! »

Trois leçons de Gracian.

 

 

 

 

 

Trois leçons de B. Gracian prises dans  » L’homme de cour « 

 

 

 

La conversation familière doit servir d’école d’érudition et de politesse. De ses amis, il en faut faire ses maîtres, assaisonnant le plaisir de converser de l’utilité d’apprendre. Entre les gens d’esprit la jouissance est réciproque. Ceux qui parlent sont payés de l’applaudissement qu’on donne à ce qu’ils disent ; et ceux qui écoutent, du profit qu’ils en reçoivent. Notre intérêt propre nous porte à converser. L’homme d’entendement fréquente les bons courtisans, dont les maisons sont plutôt les théâtres de l’héroïsme que les palais de la vanité. Il y a des hommes qui, outre qu’ils sont eux-mêmes des oracles qui instruisent autrui par leur exemple, ont encore ce bonheur que leur cortège est une académie de prudence et de politesse.

 

Il n’y a point de beauté sans aide, ni de perfection qui ne donne dans le barbarisme, si l’art n’y met la main. L’art corrige ce qui est mauvais, et perfectionne ce qui est bon. D’ordinaire, la nature nous épargne le meilleur, afin que nous ayons recours à l’art. Sans l’art, le meilleur naturel est en friche ; et, quelque grands que soient les talents d’un homme, ce ne sont que des demi-talents, s’ils ne sont pas cultivés. Sans l’art, l’homme ne fait rien comme il faut, et est grossier en tout ce qu’il fait.

 

C’est faire en homme sage de ne parler jamais en superlatifs, car cette manière de parler blesse toujours, ou la vérité, ou la prudence. Les exagérations sont autant de prostitutions de la réputation, en ce qu’elles découvrent la petitesse de l’entendement et le mauvais goût de celui qui parle. Les louanges excessives réveillent la curiosité et aiguillonnent l’envie ; de sorte que, si le mérite ne correspond pas au prix qu’on lui a donné, comme il arrive d’ordinaire, l’opinion commune se révolte contre la tromperie, et tourne le flatteur et le flatté en ridicule. C’est pourquoi l’homme prudent va bride en main, et aime mieux pécher par le trop peu que par le trop. L’excellence est rare, et, par conséquent, il faut mesurer son estime. L’exagération est une sorte de mensonge ; à exagérer, on se fait passer pour homme de mauvais goût et, qui pis est, pour homme de peu d’entendement

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