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Une couillonnade corrézienne.

C’était, c’était quand au fait ? Hier, aujourd’hui, il y a un siècle ? Faisons un petit effort de mémoire pour sortir du « format » du jour que les médias nous assènent et que commentent en boucle humoristes, éditorialistes, journalistes, philosophes, psychanalystes, gérontologues et politiciens de droite et de gauche. Vous savez, cette phrase de Jacques Chirac : « Je voterai François Hollande ». Une couillonnade venue du fin fond de la Corrèze et présentée comme un évènement historique par les marchands d’audiences à travers leurs canaux d’abrutissement généralisé. C’était quand, au fait, me disais-je, avant cette nouvelle et dernière « fabrication » de l’actu, comme ils disent, le tsunami qui a ravagé le Japon et détruit des villes entières, la guerre civile en Côte d’Ivoire, les révolutions de Jasmin, la chute de DSK, la bactérie tueuse ?  Et j’en oublie certainement, victime comme tant d’autres de cette peste médiatique qui tue le temps et nous plonge dans une espèce de néant historique où le présent est du passé avant même d’advenir. Quand il n’est pas transmué en une grotesque farce comme avec cette nouille chiraquienne reléguant les tueries d’un chef d’Etat syrien dans la rubrique des faits divers…

Le cornichon serait-il cancérigène?

 

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Le 31 mai, l’Organisation mondiale de la santé a intégré les téléphones portables à sa liste de produits «potentiellement cancérogènes». Ils figurent désormais dans la même catégorie que le très controversé DDT, les gaz d’échappement et les pickles, ces petits légumes macérés dans du vinaigre (cornichons, carottes, chou-fleur, etc.). Au train où vont les recherches épidémiologiques ont peu se demander si notre santé physique et mentale ne dépend plus désormais que de notre capacité à revenir aux bonnes vieilles pratiques en usage aux siècles passés : correspondance épistolaire à la plume d’oie, déplacements à cheval nourris aux herbes ou à pieds protégés par des sabots en bois. Quant aux cornichons, cet étrangleur de potager, aux tiges qui rampent et vrillent et qui pullulent aussi dans nos cités, sur nos ondes et dans ces étranges bocaux que sont nos envahissantes lucarnes, leur cancérosivité évidente peut-être facilement évitée sans retourner au Moyen Age. Il suffit de les cuire. De les bien cuire ! À feux doux cependant…

 

Offenses au café.

Il ne fait pas très chaud. L’air est chargé d’humidité, mais le soleil est là pour deux ou trois heures au moins. Assis à la terrasse d’un café place de l’hôtel de ville, je lis un entretien accordé par Jacqueline Kelen au journal la Croix. En exergue cette phrase : « L’obsession thérapeutique risque de nous faire passer à côté du spirituel ». Un bruit de chaises m’en détourne. Deux femmes s’installent. L’une : « Je viens des urgences, ma fille déprime complètement…j’ai viré mon copain : pas gentil, méchant même… ». L’autre : « ma mère est morte…mon fils m’a envoyé paître…et ma belle fille, celle là… ». Arrive un petit monsieur. Bisous, bisous : « Je n’ai pas le moral moi aussi, mon ami est mort, j’ai payé les obsèques et sa sœur a pris tout le mobilier et la télé. Un grand écran… ». Les deux : « Un grand écran, non ? » Abattu, je replonge dans mon journal et lis : « Au psychanalyste on raconte les offenses subies ; au prêtre on dit les offenses commises. » Peut-être ! Mais cet après midi, il suffisait d’une table, trois chaises, trois cafés et d’une présence indiscrète… mais attentive pour qu’elles soient crûment exposées.

Aller retour Narbonne Artiès

On rentre d’un bref séjour à Artiès, un hameau près duquel se trouve la maison de mes arrières grands parents maternel. Une maison à flanc de montagne posée sur un rocher qui lui sert de plancher. Ma mère m’accompagnait. Elle y est née dans cette maison loin de tout. Elle y a vécu aussi jusqu’à l’âge de 12 ans pour ensuite la quitter et rejoindre sa mère installée à Narbonne. Ce fut un crève cœur. Malgré l’immense misère dans laquelle elle vivait et son état de bâtarde, comme on disait alors, elle baignait dans l’amour de ses grands parents. Jamais elle n’a voulu ou pu demander le nom de son père biologique que tout ce petit monde de cette petite vallée de l’Ariège sans doute connaissait. Cette vérité, je ne l’ai apprise qu’à un âge très avancé. Et, très secrètement, j’espérais que revenant à 84 ans sur les lieux de son enfance elle m’en dirait un peu plus sur cette histoire et ce fantôme qui l’habite toujours. Comme il m’habite à présent pour des raisons que j’ignore. Est-ce un hasard si, plus tard, elle s’est unie  à  un jeune espagnol de Cox orphelin de mère et  confié par son père à ses oncles et tantes ? Je ne le crois pas lui disais-je tout en évitant son regard.

Sur la route du retour, des feux rouges qui s’allument à l’arrière de bolides à la vue d’un panneau signalant un radar. Des bolides qui ralentissent soudain et qui, la zone dangereuse dépassée,recommencent à foncer. Leur suppression passionne les chauffards et les bistrots.Et une soixantaine d’élus UMP qui militent pour le maintien  d’un dispositif d’une hypocrisie absolue. Un spectacle qui donne une très belle idée de la nature humaine : dissimulation, lâcheté et mensonge.

Il n’y pas de miroir pour l’esprit.

   

 

Mes pages: Celle ci de Bathazar Gracian, dans  » L’homme de Cour « . Toujours et encore…

 

LXXXIX. Connaître parfaitement son génie, son esprit, son cœur, et ses passions.

L’on ne saurait être maître de soi-même que l’on ne se connaisse à fond. Il y a des miroirs pour le visage, mais il n’y en a point pour l’esprit. Il y faut donc suppléer par une sérieuse réflexion sur soi-même. Quand l’image extérieure s’échappera, que l’intérieure la retienne et la corrige. Mesure tes forces et ton adresse avant que de rien entreprendre ; connais ton activité pour t’engager ; sonde ton fonds, et sache où peut aller ta capacité pour toutes choses.