Elle s’appelle Dolores. Nous l’appelions : Lola ! Elle ne répond plus à l’un comme à l’autre de ses deux prénoms. Lola lui avait été donnée par sa famille. La mienne ! Elle était ma tante, celle par qui les liens étaient maintenus, serrés, avec les cousins et cousines restés en Espagne. À Cox !
Andrée Chédid est morte.hier!On est triste. Très! Ce soir on relira : « L’Etoffe de l’univers ». Comme je le fis un soir où le sommeil manquait. C’était il y a quelques semaines. Un soir froid où soudain surgit le feu d’un poème.
Le voici ce petit texte que je consacrais alors à cette grande et belle dame:
Mes lectures
Il est des nuits comme çà! On se couche très tard, après un copieux repas, trop ! Trop de bruit aussi… Et le froid et le vent qui vous glacent les os… Et le sommeil qui s’attarde, longtemps…Trop. On tourne autour et on finit par l’ouvrir ce livre posé là, sur un fauteuil. Des poèmes, ceux d’Andrée Chédid. Pour tomber sur celui-ci: » Bruits « .
La nuit Parfois S’anime Du clapotis de l’eau Et des sanglots du vent Vibrante,comblée Par cet étrange bruit Je brûle soudain pour un feu qui S’embrase Puis pour me recueillir Je brûle pour le silence glacé d’un feu éteint
Un poème qu’elle prolonge d’un commentaire de l’admirable métaphore de Kulluka Bhaffa(le plus fameux des exégètes des lois de Manou): » Comme le feu qui pénétrant les mondes prend la forme inombrable des choses, le Soi unique au fond de tous les êtres emplit les formes et l’espace autour d’elle « . Il me suffit, dit-elle, de remplacer le mot » feu » par » poésie « … Ce langage des Dieux.
Elle part en vacances dans un pays, la Tunisie, en plein troubles sociaux et politiques. Elle y voyage dans un avion privé appartenant à un homme d’affaire tunisien qui souhaitait l’été dernier un nouveau mandat pour Ben Ali en 2014. Et, à son retour en France, au plus fort de la révolte, elle propose le « savoir faire » sécuritaire français aux hiérarques du clan Ben Ali. Cette dame est Ministre d’Etat, Ministre des Affaires Etrangères ! Elle devrait être l’incarnation d’une « République irréprochable », elle représente désormais la figure même de l’incompétence, au mieux, de l’irresponsabilité politique et morale, au pire. Ou des deux à la fois ! Au moment où les peuples de Tunisie et d’Egypte cherchent une voie pour enfin vivre en démocratie, on est en droit d’attendre un devoir d’exemplarité de la part de ceux qui se sont engagés dans la vie publique pour en défendre ses valeurs. A tous les étages de nos institutions et quelque soit leur niveau de responsabilité. Cette dame qui s’était engagée à promouvoir le bien commun s’est disqualifiée. Elle devrait en tirer toutes les conséquences. Affaire de dignité !
Dans un troupeau de moutons, lorsque la tête du troupeau change de direction, les autres suivent « bêtement ». Bêlement devrait-on plutôt dire.
Au point que, lorsque des éléments paniqués par un quelconque prédateur se dirigent vers un ravin ou une falaise, les autres suivent et tout le troupeau se suicide sans qu’un seul se pose la question de savoir s’il fait bien de se jeter dans le vide, comme les autres. Stupide ! Sans doute puisque pour un seul mouton mangé par un loup tous préfèrent plonger dans le vide. Ainsi va-t-on dans cette société de l’information «chaude» : en troupeaux compacts. Compacts et courants dans tous les sens d’une histoire fabriquée par d’autres. Dépourvus de tout sens critique et victimes consentantes d’une mode, d’une idée, d’un parti… ou d’images…