À Narbonne, comme dans une trentaine de villes moyennes (dont Béziers, Carcassonne, Perpignan etc.), plus d’un quart des jeunes ne sont pas insérés (contre 14% au plan national) et les taux de chômage (22%) et de pauvreté (24,5%) y sont très élevés. La part des retraités représentent plus du tiers de la population et les cadres et professions intellectuelles supérieures à peine 5,3%. S’ajoutent à ce constat sociologique des difficultés propres à son centre ville (pertes d’habitants, habitat dégradé, commerces fermés…) C’est dire que le plan de revitalisation des centres de villes petites et moyennes lancé par le Ministre de la Cohésion des territoires à Rodez, le 15 décembre, était attendu (du moins on l’espère !)
« Il ne faut jamais mettre un homme, sans un entraînement progressif, en face d’une situation qui l’oblige soudainement à réfléchir à plusieurs choses. Le sang afflue au cerveau, le teint passe au violet, le front se plisse, les yeux restent vides, la tête peut devenir aussi grosse que celle d’un académicien. Tout est à craindre en de telles conjonctures, comme du scaphandrier qui remonte à la surface après une importante plongée. Le repos s’impose, et des bains de pieds à la moutarde. » C’est précisément ce que je me disais, ce matin.
Les TGV arrivent bien à Béziers. Il en repartent aussi. Comme à Narbonne, Perpignan et Montpellier. Et ce depuis quelques années déjà. Qu’ils ne roulent pas à très grande vitesse, est une chose, mais ils roulent ; et s’arrêtent aux pieds des allées Paul Riquet.
Voilà qui donne une idée du chantier que le gouvernement a décidé d’ouvrir. Dans un rapport remis ce 11 décembre, la Cour des comptes appelle en effet à de profondes réformes de l’Etat déconcentré. Un État qui n’a pas tiré toutes les conséquences de la décentralisation. Quatre ans après un sévère rapport sur l’organisation territoriale de l’Etat, la Cour des Comptes revient à la charge en pointant un manque de cohérence de l’implantation de ses services, une insuffisante déconcentration de ses moyens pour en appeler à un nécessaire recentrage sur ses missions prioritaires (elle avance pas moins de 49 recommandations regroupées sous quatre « orientations »)
Voilà, c’est fait ! Le siège du Grand Narbonne (et les services) va quitter le centre ville pour s’installer à sa périphérie (au sein d’une zone d’activités – et commerciale). Jeudi dernier, Jacques Bascou, son président a évoqué en effet l’achat des bâtiments (et des parkings) de la CCI, pour un déménagement complet en 2020. Certes les arguments qui plaident en faveur de cette opération ne manquent pas : étroitesse des locaux de l’actuel siège (celui de l’ancienne Banque de France); espaces peu fonctionnels etc.
De cela je ne discuterai pas pour plutôt mettre l’accent sur un point rarement évoqué dans ce genre de transfert d’activités de services : à savoir l’impact sociétal et économique sur des villes menacées par la dépression économique et sociale de leurs centres historiques.