Le risque communautariste.

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Samedi dernier, je signalais,sur Facebook, un commentaire de Véronique  Maurus, la médiatrice du journal «le Monde», qui soulignait le ras le bol d’une partie de son lectorat, pourtant modéré, quant au  » politiquement correct sociétal  » longtemps assumé de ce quotidien. Ce qui m’amenait à m’interroger sur un éventuel changement de ligne éditoriale, voire une amorce d’autocritique, de ce « grand journal du soir ». Et voilà que je lis ceci dans les pages de son concurrent direct «Libération» : »Les autorités ont appelé au calme et mis en garde contre le « risque communautariste » lundi au Pontet, au lendemain d’une rixe en pleine rue entre des jeunes d’origine turque et marocaine qui a fait un mort et quatre blessés. » Des jeunes d’origine… ! qui, sous la plume d’un journaliste du «Figaro», par exemple, aurait valu à ce dernier, il y a quelques mois encore dans les colonnes du journal de Laurent Joffrin, le doux qualificatif de « raciste honteux ». Serait ce le signe que « le risque communautariste » est enfin pris au sérieux et qu’à le masquer sous couvert d’euphémisme du style « jeunes de banlieues ou de villages » on finissait par l’entretenir ? J’ose le croire pour, enfin, oser l’exposer et en analyser les sources et toutes ses conséquences

Marcel Gauchet et les « gauches »…

 
   
Extrait du très intéressant entretien de Marcel Gauchet avec Elisabeth Lévy. Le Point, n°1924, 30 juillet 2009
Elisabeth Lévy: Reste que beaucoup de gens ne savent plus très bien ce que signifient les mots «gauche» et «droite», d’où un sentiment de désorientation très répandu, notamment à gauche.

Marcel Gauchet: Toutes les gauches européennes sont confrontées à un impératif de redéfinition doctrinale dans une configuration globalement défavorable aux partis de gauche. Nous vivons un déplacement radical des repères intellectuels. La droite est devenue à la fois le parti du mouvement et celui de la réalité politique. D’une part, elle n’est plus conservatrice dans le sens où elle n’est plus préposée à la défense de l’autel, du trône, du sabre et du goupillon. Elle est revenue de la réforme à tout-va. Et elle est prête à intégrer des éléments de protection sociale dans son logiciel. Résultat, la gauche a perdu le monopole du changement. D’autre part, et c’est une nouveauté fondamentale par rapport à l’époque où la droite était largement catholique en France ou chrétienne ailleurs, elle est devenue le parti matérialiste, le parti de l’économie. Résultat, la gauche, qui revendiquait autrefois son matérialisme face à l’idéalisme mensonger de la droite, a perdu son instrument favori de démystification et se voit accusée à son tour d’idéalisme naïf. Enfin, la mondialisation offre paradoxalement à la droite une rente de situation politique. Car, face aux désordres dont elle s’accompagne, face aux flux migratoires qu’elle engendre, la droite incarne le réalisme et la fermeté, tandis que la gauche s’est laissé enfermer dans le seul registre de la générosité et de l’angélisme. »

E.L: Au sommet de la pile de livres sur votre bureau se trouvent « L’insurrection qui vient », attribuée à Julien Coupat, et « L’hypothèse communiste », d’Alain Badiou. Vous préparez-vous pour la révolution ? Que pensez-vous du succès des « intellectuels radicaux » ?

M.G: Je vais faire de la peine à Badiou, mais je suis bien obligé de constater que son succès prouve la persistance de l’identité française. Il montre que ce pays continue à vivre sur les acquis de son histoire. Qu’est-ce que Badiou ? Le communisme sans Lénine et Marx. Son propos réactive la promesse de l’égalité radicale qui a constitué la pointe extrême de la Révolution française et qui est restée depuis lors dans les gènes politiques du pays. Le cas de la bande à Coupat est encore plus amusant. Le mélange d’ultraradicalité subversive et de mépris aristocratique cultivé par le « comité invisible » relève d’un dandysme très français. Où, ailleurs qu’ici, réclame-t-on l’émancipation du genre humain tout en lui crachant dessus ? C’est l’un de ses charmes, la France est ce pays où les reliques d’un Guy Debord, grand maître du genre, peuvent être consacrées « trésor national ». J’en tire un conseil à la jeunesse : pour réussir, soyez toujours plus radical que le voisin, c’est un créneau d’avenir.


L’intégralité de cet entretien en cliquant sur le lien suivant: Marcel Gauchet

Un acte manqué « criminel ».

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Les images ne sont pas neutres. Dans la guerre que se livrent l’armée israélienne et les miliciens du Hamas, elles représentent une arme aux effets dévastateurs sur l’opinion publique internationale. Chacun des deux camps prétendant incarner la cause des victimes et visant la stigmatisation et l’isolement de son adversaire, nos médias sont inévitablement soumis au risque d’intrumentalisation. Et rien n’est plus à redouter que leur enrôlement, conscient ou inconscient, au service d’une cause. Dans un tel contexte, on pensait la chaîne du service public Antenne 2 mieux armée que d’autres pour nous livrer des images, sinon au dessus de tout soupçons, en tout cas vérifiées. C’est l’inverse qui s’est produit, sa rédaction ayant présenté dans son journal de la mi-journée de lundi, une vidéo censée illustrer l’actuelle offensive israélienne à Gaza alors qu’il s’agissait, en réalité, de la vidéo d’une explosion accidentelle d’un camion du Hamas bourré de munitions dans un camp de réfugiés à Jabalya datant de 2005 ! Réaction de ses responsables? Aucune! Etienne Leenhardt, directeur adjoint de la rédaction regrettant seulement que les personnes qui ont préparé le sujet « soient allées trop vite ». !!!  Parce qu’elles aussi,sans doute, victimes de » cadences infernales »! Tant d’arrogance satisfaite et de mépris pour la vérité, alors même que des millions de téléspectateurs auront été manipulés et convaincus d’avoir vu un  » crime contre l’humanité  » font froid dans le dos… D’autant que je m’interroge encore sur la nature réelle de cet  » acte manqué « ,à supposer que manqué il le soit, et de ce qu’il révèle de ceux qui l’on produit… Attention! Danger…

Le leurre du métissage culturel.

 
 
 
 
 
 
 
 
« Le modèle français d’intégration ne fonctionne plus, il aggrave inégalités et discriminations plus qu’il ne les combat. Et le décalage entre le métissage de la société française et l’étroite homogénéité de ses élites est plus flagrant et choquant que jamais. » Métissage! voilà un mot, généralement suivi du qualificatif culturel, abondamment cité dans la presse au nom d’un anti-racisme de bon aloi, dont nul esprit égalitariste ne saurait s’offusquer, mais qui a le redoutable inconvénient d’oublier la réalité qu’il désigne. Car si les mots ont encore un sens, il nous est demandé, aux fins d’insertion dans un moule étroit,de devenir les otages du principe de standardisation et du rabotage des aspérités culturelles. Alors même que, comme le dit si justement le poèteécrivain  Gil Jouanard « Nul véritable citoyen du monde ne fondera jamais son cosmopolitisme sur d’autres motifs que ceux suscités par le primat viscéral et intellectuel de la diversité. » ( Le jour et l’heure. Editions Verdier. 1998.Page 31 ). J’avoue moi aussi que je recherche chez autrui ce qui m’en différencie : « la différence entre lui et moi est grande, plus son identité requiert mon attention. » Tournant ainsi le dos au métissage culturel,  » …j’offre mon attention passionnée aux quatuors de Haydn, aux chants des Pygmées, aux joueurs de murali du rajasthan, au peintre en bâtiment siffleur, à l’individu qui ne ressemble à personne. »

Un troupeau de chèvre près de Madrid…

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Mardi soir au Théâtre, Vicente Pradal! Superbe spectacle. Voix, musique, poèmes… Un peu moins de deux heures prises à la vulgarité du temps présent. Celui qui ravit et béatise les bigots de l’actualité. Et la découverte de Miguel Hernàndez, natif de Orihuela, très belle petite cité de la province d‘Alicante, située à quelques kilomètres de Cox, le village de mon grand père. Voici ce qu’en disait Pablo Neruda, son ami:

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