Le Pogge ressuscite Lucrèce et la face du monde en est changée…

 

 
 

les Facéties du célèbre Florentin , posées  sur mon bureau, dans lesquelles je plonge  de temps en temps ( chez Anatolia 1994 ). Une satire violente qui démasque l’hypocrisie, le mensonge, la vanité qui forment la vaste fresque de son époque … et de la nôtre. Lue, ce matin, la XXIII, notamment, page 60.  Extrait :

Il y a très rarement place pour la vertu et le talent. L’intrigue et l’intérêt du moment dirigent tout, à moins que ce ne soit l’argent qui est là, vraiment, le maître du monde

En découvrant, copiant et diffusant l’œuvre de Lucrèce, le Pogge aura levé le voile sur les Temps modernes, et influencé des esprits aussi puissants que Montaigne ou Machiavel.

Stephen Greenblatt, en raconte l’histoire dans « Quattrocento » et fait revivre l’Antiquité pour la porter jusqu’à nous. Extrait :

Vers la fin du siècle, l’historien Ammien Marcellin déplorait que les Romains aient abandonné toute pratique sérieuse de la lecture. Il ne parlait pas des raids barbares ni du fanatisme chrétien. Nul doute cependant qu’ils étaient là, en toile de fond. Ce qu’il observait, alors que l’empire se délitait lentement, c’était une perte d’ancrage culturel, une plongée dans une vulgarité fébrile. « À la place d’un philosophe, c’est un chanteur qu’on fait venir, au lieu d’un orateur, c’est un maître ès arts scéniques ; les bibliothèques, à la manière des sépulcres, sont closes pour toujours, et l’on fabrique des orgues hydrauliques, des lyres énormes comme des chariots101. » De plus, notait-il avec aigreur, les gens conduisaient leurs chars à toute vitesse dans les rues bondées. Après une longue et lente agonie, l’Empire romain d’Occident finit par s’effondrer – le dernier empereur, Romulus Augustule, abdiqua en 476 après Jésus-Christ. Les tribus germaniques qui s’emparèrent peu à peu des provinces n’avaient pas de tradition d’alphabétisation. Les Barbares pénétraient dans les bâtiments publics et occupaient les villas sans hostilité affichée envers la culture, mais sans non plus montrer le moindre intérêt pour la préservation des traces matérielles de cette culture » (Emplacement 1435 sur liseuse Kindle)

   

Souvent les hommes restent debout près de la mer. Ils regardent le bleu. Ils n’espèrent rien du large…

       

Photo © Sarah Ann Loreth

 

Souvent les hommes restent debout près de la mer. Ils regardent le bleu. Ils n’espèrent rien du large, et pourtant demeurent immobiles à le fouiller des yeux, ne sachant guère ce qui les retient là. Peut-être considèrent-ils à ce moment l’énigme de leur propre vie.

Petit éloge des agents de la propreté de ma (nos) Ville (s)…

 

   
 

Tôt, très tôt,  de légers crissements qui, certains matins, me font lever des sourcils encore lourds de nuits d’été toujours trop courtes. Suivent, à intervalles plus ou moins réguliers, le son métallique d’une pelle et le souffle un tantinet rageur d’un aspirateur. Rien d’aggressif cependant dans cet ébrouement matinal.

Il s’agit de se mouvoir dignement dans un monde incertain !

Sans titre 2.jpg

Sylvain Tesson est écrivain et voyageur. De l’Himalaya aux steppes d’Asie centrale, de la Sibérie aux grands espaces mongols, il a parcouru le monde. Cet été, il nous embarque sur France Inter, le samedi matin,  avec Homère pour une navigation héroïque et magique dans deux poèmes ineffables : « l’Iliade » et « l’Odyssée », la guerre de Troie et le retour d’Ulysse à Ithaque… C’est mon conseil de voyage immobile estival ! Vous serez assuré, à chaque escale radiophonique, d’y trouver de quoi remplir votre journée, que dis-je , votre semaine, de trésors de lecture offerts avec toute l’empathie naturelle que dégage cet auteur solitaire et secret. Je profite de cette occasion pour « poser » ici aussi trois réflexions du même Sylvain Tesson. Elles n’ont aucun rapport avec sa lecture d’Homère. Encore que !