J’ai, sur ma table de chevet, les « Croquis de mémoire » de Jean Cau (trouvé chez un bouquiniste, récemment : 1€ !) Une leçon de style que je prends le matin, au lever ( Non ! soyons précis : assis, bien calé sur mon oreiller, une tasse de café bien chaud à portée de main.) Trois, quatre – pas dix – pages et les fantômes de Mitterand, Pompidou, Genet, Lacan, Ava Garner, Dominguin, et bien d’autres ( Sartre, Mauriac…) surgissent en quelques brillantes notations sous sa plume. Un style ramassé, sec, brillant et une lucidité, une sincérité de ton qui font de Jean Cau un maître dans ce genre. Je ne me lasse pas, notamment, de revenir aux premiers lignes de cet ouvrage où il est question du jeune François Mitterrand, alors Garde des Sceaux, pour rebondir ensuite sur Dominguin ou Joë Bousquet :
J’apprends, sous la synthétique plume d’un conseiller départemental de l’Aude (qui ne choisit pas ses mots avec une pince à sucre), que le sport (il pensait sans doute à l’exercice d’une activité sportive !) serait « un élément » (un gage, peut-être, non ?) « d’épanouissement personnel » (ce qui ne va pas de soi, comme me le faisait remarquer, hier encore, ma mère âgée de 90 ans, mais en parfaite santé mentale et physique, qui jamais ne pratiqua aucun sport de sa vie pour l’essentiel réservée, hélas !, aux durs exercices obligés de nombreuses « femmes au foyer » de son temps – et de condition très modeste. Je pourrais aussi citer le nom d’un ami cher, il se reconnaîtra, d’un extrême raffinement intellectuel et d’une minceur athlétique dont l’énergie physique fut en grande partie consacrée à l’usage immodéré – et risqué : de nombreuses chutes sont à son actif – de son échelle de bibliothèque… ;
Présider une association qui ne soit pas le faux-nez d’un pouvoir municipal (ou départemental ou régional…) n’est pas chose facile. Son représentant est toujours, de fait, coincé entre le désir d’un maire et de ses équipes d’en faire un « obligé » et celui d’affirmer sa volonté d’indépendance – et sa loyauté envers les premiers. (L’attribution ou la suppression d’une subvention à ce types d’organismes étant le moyen par lequel s’exprime cette subtile et complexe dialectique, ce « jeu de pouvoirs. »)
les Facéties du célèbre Florentin , posées sur mon bureau, dans lesquelles je plonge de temps en temps ( chez Anatolia 1994 ). Une satire violente qui démasque l’hypocrisie, le mensonge, la vanité qui forment la vaste fresque de son époque … et de la nôtre. Lue, ce matin, la XXIII, notamment, page 60. Extrait :
Il y a très rarement place pour la vertu et le talent. L’intrigue et l’intérêt du moment dirigent tout, à moins que ce ne soit l’argent qui est là, vraiment, le maître du monde
En découvrant, copiant et diffusant l’œuvre de Lucrèce, le Pogge aura levé le voile sur les Temps modernes, et influencé des esprits aussi puissants que Montaigne ou Machiavel.
Stephen Greenblatt, en raconte l’histoire dans « Quattrocento » et fait revivre l’Antiquité pour la porter jusqu’à nous. Extrait :
Vers la fin du siècle, l’historien Ammien Marcellin déplorait que les Romains aient abandonné toute pratique sérieuse de la lecture. Il ne parlait pas des raids barbares ni du fanatisme chrétien. Nul doute cependant qu’ils étaient là, en toile de fond. Ce qu’il observait, alors que l’empire se délitait lentement, c’était une perte d’ancrage culturel, une plongée dans une vulgarité fébrile. « À la place d’un philosophe, c’est un chanteur qu’on fait venir, au lieu d’un orateur, c’est un maître ès arts scéniques ; les bibliothèques, à la manière des sépulcres, sont closes pour toujours, et l’on fabrique des orgues hydrauliques, des lyres énormes comme des chariots101. » De plus, notait-il avec aigreur, les gens conduisaient leurs chars à toute vitesse dans les rues bondées. Après une longue et lente agonie, l’Empire romain d’Occident finit par s’effondrer – le dernier empereur, Romulus Augustule, abdiqua en 476 après Jésus-Christ. Les tribus germaniques qui s’emparèrent peu à peu des provinces n’avaient pas de tradition d’alphabétisation. Les Barbares pénétraient dans les bâtiments publics et occupaient les villas sans hostilité affichée envers la culture, mais sans non plus montrer le moindre intérêt pour la préservation des traces matérielles de cette culture » (Emplacement 1435 sur liseuse Kindle)
Samedi. Ou peut-être jeudi. Je terminais mon tour de ville. À hauteur du café « Le Duplex », je pensais à Pierre. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime chargement… […]
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