Éclats de mémoire.

Le grand café n’est plus. Il en reste un morceau, côté Robine. Le 89. Un Australien, ancien du Racing, tient la maison. Le reste, celui de l’angle, s’est fait boulangerie-pâtisserie. Devant, la terrasse. Nous y étions encore hier. Nous aimons prendre, régulièrement, de grands cafés crème.

Casse au Louvre, farce nationale.

J’ignorais que le Louvre abritait des bijoux. Des vrais. Pas ceux des boutiques de la rue Saint-Honoré. Huit bijoux du XIXe siècle d’une « valeur patrimoniale inestimable » selon les mots du ministère de la culture. Il a fallu qu’un commando digne d’un film de Belmondo les emporte en quatre minutes pour que j’en apprenne l’existence.

L’affaire m’a plus amusé qu’ému. J’imaginais ces hommes gantés, garer un beau matin leur monte-charge sous une fenêtre du Louvre, découper à la disqueuse une fenêtre, chronométrer leurs gestes, et repartir tranquillement avec des coffrets d’un autre siècle.

Un casse élégant, presque littéraire.

Ce qui m’a davantage fait rire encore, ce sont les réactions d’une bonne partie des médias et de la classe politique. Une « honte pour la France ! », « la France ridiculisée ». Et d’exiger la démission de la directrice du musée, de la ministre Rachida Dati — et, pourquoi pas celle d’Emmanuel Macron.

Grotesque !

Comme s’il n’y avait pas d’autres motifs d’avoir honte dans ce pays.

Car pendant que certains s’indignent pour des bijoux volés, d’autres s’arrachent les cheveux à l’Assemblée. On s’y insulte, on s’y pousse, on s’y donne des leçons de morale.

Pathétique !

Les bijoux du Louvre, eux, dorment peut-être déjà quelque part, démontés, fondus, dissous dans le marché noir. Et la honte est ailleurs : dans la vulgarité de nos débats et la médiocrité de ceux qui les mènent.

Transfuge !

Transfuge !

Serge Griggio m’a offert le dernier livre de Gilles Moraton : « Transfuge » (Maurice Nadeau, 2025) .

Il savait qu’il me toucherait. Nos origines identiques : prolos du sud, familles espagnoles trempées de communisme, ascension rude vers les livres. Narbonnais aussi. Mais plus jeune : 66 ans.

Les mots qu’on salit : déportation.

Les mots qu’on salit. : déportation.

Je porte les deux prénoms de mon grand-père maternel : Michel, Joseph.
Je l’aimais beaucoup. Il est mort trop tôt. J’avais neuf ans.
Longtemps, je n’ai rien su de son arrestation, en 1944, ni de sa déportation à Buchenwald. Ces choses-là, on les taisait. Pour protéger les enfants, disait-on. Je crois comprendre pourquoi, maintenant.

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