Ils amusent leurs talents à des choses puériles.

          Unknown-1

MONTESQUIEU (1689-1755), Lettres persanes (1721) : Lettre XXXVI

Mes lectures, cette lettre: « Usbek à Rhédi, à Venise. »

Le café est très en usage à Paris : il y a un grand nombre de maisons publiques où on le distribue. Dans quelques-unes de ces maisons, on dit des nouvelles ; dans d’autres, on joue aux échecs. Il y en a une où l’on apprête le café de telle manière qu’il donne de l’esprit à ceux qui en prennent : au moins, de tous ceux qui en sortent, il n’y a personne qui ne croie qu’il en a quatre fois plus que lorsqu’il y est entré. Mais ce qui me choque de ces beaux esprits, c’est qu’ils ne se rendent pas utiles à leur patrie, et qu’ils amusent leurs talents à des choses puériles. Par exemple, lorsque j’arrivai à Paris, je les trouvai échauffés sur une dispute la plus mince qu’il se puisse imaginer : il s’agissait de la réputation d’un vieux poète grec dont, depuis deux mille ans, on ignore la patrie, aussi bien que le temps de sa mort. Les deux partis avouaient que c’était un poète excellent ; il n’était question que du plus ou du moins de mérite qu’il fallait lui attribuer. Chacun en voulait donner le taux ; mais, parmi ces distributeurs de réputation, les uns faisaient meilleur poids que les autres. Voilà la querelle ! Elle était bien vive : car on se disait cordialement, de part et d’autre, des injures si grossières, on faisait des plaisanteries si amères, que je n’admirais pas moins la manière de disputer, que le sujet de la dispute. « Si quelqu’un, disais-je en moi-même, était assez étourdi pour aller devant un de ces défenseurs du poète grec attaquer la réputation de quelque honnête citoyen, il ne serait pas mal relevé, et je crois que ce zèle, si délicat sur la réputation des morts, s’embraserait bien pour défendre celle des vivants ! Mais, quoi qu’il en soit, ajoutais-je, Dieu me garde de m’attirer jamais l’inimitié des censeurs de ce poète, que le séjour de deux mille ans dans le tombeau n’a pu garantir d’une haine si implacable ! Ils frappent à présent des coups en l’air. Mais que serait-ce si leur fureur était animée par la présence d’un ennemi? »….

Eléments d’un langage refoulé.

 

Dimanche : « Ce n’est pas le Dominique que je connais. C’est un complot. Il doit être présumé innocent ! »

Lundi : « C’est un séducteur, un dragueur. On lui a tendu un piège. Il doit être présumé innocent !

Mardi : « C’est un séducteur impénitent, un dragueur compulsif, souvent lourd et pressant, parfois à la limite du harcèlement, et très porté sur le sexe…C’est une conspiration. »

Dans cette unanimité politico-médiatique, la seule position équilibrée, dès lundi, est venue de Cécile Duflot : « la justice pour la jeune femme qui a porté plainte pour des faits qui, s’ils sont avérés, sont très graves. La justice pour Dominique Strauss Kahn qui bénéficie de la présomption d’innocence ».

Mercredi : Ou plutôt depuis hier soir seulement, un timide rééquilibrage s’opère en direction de la présumée victime.

Trop tard ! Le parti du Bien et de la Vertu est mis à nu par l’explosion en plein vol de son « candidat » naturel,la presse et les médias vilipendés pour leur complaisance,et la classe politique toute entière accusée de complicité.

Le New York Times,lui,face aux critiques françaises sur le traitement fait à DSK par la justice américaine,pose une seule question : « Si cette affaire s’était produite en France,que ce serait-il passé ? ». On imagine d’ici un commissaire du premier arrondissement de Paris dans ce genre de situation ! Et on étouffe de rire…

ll est des moments qui révèlent le refoulé de notre arrogance nationale. Celui d’un pays qui n’en peu plus de masquer sous une rhétorique républicaine et sociale des mœurs et des pratiques politiques d’ancien régime.   

 

 

L’offense aux Rois de Majorque.

Entr_e_palais_majorque_8895__Moyenne_.JPG

Une image, une seule pour symboliser l’arrogante vulgarité du  » politique « . Sa paranoïa! Il paraît même que cet emplâtre est éclairé la nuit par trois grands projecteurs.Un comble! Ainsi va l’histoire qui du Palais des Rois de Majorque en fait désormais celui d’un Roitelet de Conseil Général. On n’arrête pas le progès! celui de la bêtise et de la laideur.