« Nous n’avons pas besoin d’en promettre tant et plus »

 

 

 

Sur les retraites, « nous avons nos réponses » prêtes, a assuré Martine Aubry, l’ancienne ministre des Affaires sociales. Ouf ! Nous voilà rassurés. Mais : « … ce n’est pas nous qui sommes au gouvernement et nous ne souhaitons pas faire des propositions pour que le gouvernement en picore une ou deux, celles qui l’arrangent, et dont on sait qu’elles ne régleront pas le problème » Ciel ! On attendait des propositions sérieuses et c’est une mesquine esquive qu’on nous délivre. En se cachant derrière un calendrier, qui ne serait pas le même que celui de Fillon. Comme à l’école, ces « premières de la classe » qui se planquent derrière leur cahier de texte. A l’inverse d’un François Hollande, bien dans sa tête et sur de sa valeur, qui lui nous tient un discours de vérité (voir aussi son commentaire dans « Fugues et fougue ». Tout simplement responsable. Notamment sur les retraites : «  il n’existe pas des recettes miracles qui nous dispenseraient d’un effort contributif et productif pour préserver le niveau des pensions. Il faut avoir conscience d’une chose : avec le niveau actuel du déficit public – plus de 8 % du PIB – les prélèvements que nous lèverons là, nous ne les mettrons pas ailleurs ! C’est pourquoi l’avenir des retraites ne peut se résoudre uniquement par l’impôt. » Des propos dignes d’un homme d’Etat, quoiqu’on puisse penser par ailleurs de ses engagements idéologiques : «  Nous hériterons en 2012 d’une situation comme jamais la gauche n’en a connue : faible croissance, endettement record et compétitivité dégradée. C’est un quinquennat de redressement qu’il nous faut préparer. » Une autre musique que celle d’une candidate-virtuelle à l’élection présidentielle nouvellement acquise à la « société du care » et qui a reçu récemment de Jean Michel Apathie le prix de la « nunucherie avec palmes ». 

De l’art de la dispute.

     

Toujours d’actualité notre cher Montesquieu! Sa 36 ième lettre, notamment…:

 

 » Usbek à Rhédi, à Venise.

Le café est très en usage à Paris : il y a un grand nombre de maisons publiques où on le distribue. Dans quelques-unes de ces maisons, on dit des nouvelles ; dans d’autres, on joue aux échecs. Il y en a une où l’on apprête le café de telle manière qu’il donne de l’esprit à ceux qui en prennent : au moins, de tous ceux qui en sortent, il n’y a personne qui ne croie qu’il en a quatre fois plus que lorsqu’il y est entré.

Mais ce qui me choque de ces beaux esprits, c’est qu’ils ne se rendent pas utiles à leur patrie,  et qu’ils amusent leurs talents à des choses puériles. Par exemple, lorsque j’arrivai à Paris, je les trouvai échauffés sur une dispute la plus mince qu’il se puisse imaginer : il s’agissait de la réputation d’un vieux poète grec dont, depuis deux mille ans, on ignore la patrie, aussi bien que le temps de sa mort. Les deux partis avouaient que c’était un poète excellent ; il n’était question que du plus ou du moins de mérite qu’il fallait lui attribuer. Chacun en voulait donner le taux ; mais, parmi ces distributeurs de réputation, les uns faisaient meilleur poids que les autres. Voilà la querelle ! Elle était bien vive : car on se disait cordialement, de part et d’autre, des injures si grossières, on faisait des plaisanteries si amères, que je n’admirais pas moins la manière de disputer, que le sujet de la dispute. « Si quelqu’un, disais-je en moi-même, était assez étourdi pour aller devant un de ces défenseurs du poète grec attaquer la réputation de quelque honnête citoyen, il ne serait pas mal relevé, et je crois que ce zèle, si délicat sur la réputation des morts, s’embraserait bien pour défendre celle des vivants ! Mais, quoi qu’il en soit, ajoutais-je, Dieu me garde de m’attirer jamais l’inimitié des censeurs de ce poète, que le séjour de deux mille ans dans le tombeau n’a pu garantir d’une haine si implacable ! Ils frappent à présent des coups en l’air. Mais que serait-ce si leur fureur était animée par la présence d’un ennemi ? »

Ceux dont je te viens de parler disputent en langue vulgaire, et il faut les distinguer d’une autre sorte de disputeurs, qui se servent d’une langue barbare qui semble ajouter quelque chose à la fureur et à l’opiniâtreté des combattants. Il y a des quartiers où l’on voit comme une mêlée noire  et épaisse de ces sortes de gens ; ils se nourrissent de distinctions ; ils vivent de raisonnements et de fausses conséquences. Ce métier, où l’on devrait mourir de faim, ne laisse pas de rendre : on a vu une nation entière, chassée de son pays, traverser les mers pour s’établir en France, n’emportant avec elle, pour parer aux nécessités de la vie, qu’un redoutable talent pour la dispute.

Adieu.

De Paris, le dernier de la lune de Zilhagé 1713. »

Ouah!Ouah!Ouah!

 

 

 

 

Dans chaque niche fiscale, au sens  écologique du terme, vit et vote une espèce vivante un peu particulière.Quoiqu’il en soit de sa nature, plus ou moins belliqueuse, et de  la couleur de son poil,plus ou moins sombre, les mœurs de notre animal l’amène instinctivement à défendre son biotope à l’abri duquel il se protège des prédations constantes et répétées de son ennemi héréditaire: le ministre du budget.Un ministre qui, en ces temps de déficits abyssaux, semble bien décidé à manger dans sa gamelle.Une gamelle que notre nicheur-fiscal entend bien défendre la rage au ventre et le vote sanction dans la gueule.Déjà s’entendent ses premiers hurlements…Auxquels je préfère les cris secs et colériques des hirondelles.Mais elles sont en retard cette année! . Demain, peut-être? 

 

Extrait du Figaro

 

« Si les niches fiscales sont sur la sellette, c’est tout simplement à cause de leur coût. Cette année, les 468 dispositifs dérogatoires qui permettent à un particulier ou à une entreprise de réduire son impôt devraient priver l’État de 75 milliards d’euros de recettes.

Une somme colossale, supérieure au budget de l’Éducation nationale (61 milliards). Et très concentrée : 16 niches captent à elles seules la moitié du coût pour les finances publiques.

Or, ce sont celles qui ont souvent la plus grande utilité économique. Ainsi en va-t-il pour les deux dispositifs les plus onéreux : la TVA réduite pour les travaux d’entretien dans le logement, qui soutient le secteur du bâtiment et limite le travail au noir, et le crédit impôt-recherche, qui aide à l’innovation.

Même constat du côté des ménages : la moitié du coût des niches fiscales porte sur des réductions d’impôts sur le revenu. On y retrouve la prime pour l’emploi, les avantages de l’assurance-vie ou encore la réduction d’impôt pour emploi de salarié à domicile. Autant dire que ces niches sont très populaires parmi les Français ! Ce qui rend le sujet sensible politiquement. En outre, certains dispositifs sont devenus des symboles politiques intouchables, comme la TVA réduite dans la restauration, promise par Jacques Chirac et obtenue par Nicolas Sarkozy. Enfin s’attaquer aux avantages des retraités n’a rien d’évident. »

Ce que cache le bouclier.

 

 

Les électeurs, qui ne sont pas tous idiots, savent que la France aura du mal à régler les factures de la crise et de ses déficits passés par le simple retour de la croissance et la seule réduction de la dépense publique. Ils savent aussi  qu’il leur faudra passer par la case impôt (la seule question est: quand ? 2011, 2013?…) et ils ne supportent pas l’idée que des contribuables très aisés puissent y échapper grâce au bouclier fiscal. Un bouclier qui avait été forgé pour compenser les absurdités de l’ISF (que reconnaissent à présent certains dirigeants socialistes comme Valls et Peillon…) à une époque où il paraissait possible de baisser les dépenses et les recettes de l’Etat. Aujourd’hui, avec la crise, le déficit public est devenu abyssal (7,5% du PIB) et, comme partout en Europe, le climat est à la hausse d’impôt. Dans ce contexte, la suppression du bouclier ne rapporterait rien ou presque au budget de l’Etat (0.004% du déficit public !!!).Toute la classe politique le sait et use de cet argument facile et hypocritement moral pour, en réalité, préparer les esprits des classes moyennes et nombreuses (celles qui payent des impôts et qui épargnent encore) à régler l’addition, une fois de plus, de politiques budgétaires et fiscales qui partent à la dérive depuis plus de 25 ans. Pourquoi donc ne pas le dire franchement plutôt que de se camoufler derrière une rhétorique de coupeurs de têtes et ouvrir enfin une vraie discussion sur les outils fiscaux à mettre en œuvre pour préparer une sortie de crise qui ne plombe ni la consommation, ni l’investissement, ni l’épargne. A taux de prélèvements obligatoires et de dépenses publiques à la baisse, bien entendu. Si, pour ce faire, il faut commencer par se débarrasser d’un bouclier fiscal idéologiquement insoutenable et techniquement inefficace, pourquoi donc s’en priver? Comme nous aurions tort aussi de nous priver d’un examen rigoureux, à l’aune du double principe d’équité et de compétitivité, d’un certain nombre de niches fiscales coûteuses et inutiles.

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